Assemblée nationale, 9e législature: Vlavonou, président de tous ou d’un camp ?

Patrice Talon, les députés de la 8e législature, l’administration parlementaire, la mouvance au pouvoir en général, tous s’accordent pour reconnaître les mérites du président de la 8e législature. Louis Vlavonou, aux dires des uns et des autres, a été un bon président, bon manageur. Ce qui, sans doute, a milité en faveur de sa reconduction à la tête de la 9e législature. Il n’a que l’opposition et ses sympathisants qui trouvent que la 8e législature et son président n’ont pas été à la hauteur de la mission à eux confiée, surtout pour ce qui est du contrôle de l’action gouvernementale. Et c’est cette catégorie de Béninois que représentent aujourd’hui les députés du parti d’opposition Les Démocrates dans un parlement que préside encore, et cela pour trois ans, Louis Vlavonou. La question sur toutes les lèvres, comment Vlavonou va-t-il se comporter dans un parlement où il y a désormais une diversité d’opinions ?

Déjà, le 1er jour de leur installation, l’opposition a donné le ton. Par un sévère réquisitoire sur la gouvernance Talon, lors de la déclaration de constitution de leur groupe parlementaire, les députés du parti Les Démocrates ont donné au peuple béninois un avant-goût de ce que sera la 9e législature. Une législature où la minorité a le droit d’exprimer son point de vue. Lequel va déranger, à coup sûr, la majorité dont est issu le président. Chaque déclaration de l’opposition à la tribune de l’Assemblée nationale, chaque prise de parole d’un député de l’opposition, sera une flèche lancée dans le camp du pouvoir et donc des 81 députés qui composent la majorité parlementaire. On a vu qu’à l’installation, le doyen d’âge a laissé le député Nourénou Atchadé  aller jusqu’au bout de sa déclaration. Vlavonou, dans les mêmes conditions, fera-t-il pareil ? Adrien Houngbédji a arraché la parole au député Guy Mitokpè, dans les mêmes conditions, lors de la 7e législature. Cela fait sans doute partie des prérogatives du président de l’Assemblée nationale. Mais quand on sent une prise de position, parce que ce que dit l’opposition attaque le pouvoir, l’est le piège qui guette Louis Vlavonou. Sera-t-il le président de tous ou d’un camp ? va-t-il développer des réflexes de président soucieux du respect de la pluralité ou va-t-il s’embourber dans les automatismes développés quand il était le président d’un parlement monocolore ? c’est à l’aune de sa gestion de la diversité tout au long des 3 ans à venir qu’il sera jugé. Sa classe politique peut toujours lui dresser des lauriers, selon qu’il prive la minorité de parole, ou qu’il se mette en défenseur du pouvoir. Mais l’opinion publique le jugera par rapport à son management, sa dextérité dans la conduite des débats et selon qu’il distribue la parole de façon équitable à toutes les sensibilités politiques qui composent la 9e législature.

 M.M