Attaques terroristes à Kaobagou : la coopération sous-régionale, le choix de la raison


Kaobagou. Ce village de la commune rurale de Kérou situé au Nord-Ouest du Bénin, a payé un lourd tribut suite aux passages des groupes terroristes. Tout a commencé dans la nuit du 1er au 2 mai dernier où des individus armés mal intentionnés ont surgi dans la localité pour accomplir leur funeste besogne. Après leur passage, une dizaine de personnes sont passées de vie à trépas. Endormies lors du forfait, elles ont péri à la lame du couteau, vidées de leur sang. Quelques heures plus tard, un autre site a connu un forfait macabre similaire. Comme si cela ne suffisait pas, le 9 mai dernier, trois personnes en déplacement sur une moto ont péri suite à l’explosion d’une mine dissimulée sur leur passage. En un laps de temps, les promoteurs de la violence se sont illustrés dans cette localité d’ordinaire paisible, où les populations ont l’habitude de vaquer librement et sereinement à leurs occupations.

Ces attaques concentrées sur une localité ajoutées aux précédentes qui ont ébranlé une bonne partie des populations de la partie septentrionale, sont le signe que ces groupes armés ont pris le temps d’étudier le terrain et se sont implantés incognito. Raison pour laquelle, malgré l’impressionnant dispositif militaire déployé dans la zone, ils parviennent quand même à sévir en versant du sang à chaque passage. Inutile de préciser que des services sensibles de l’Etat, des commissariats en l’occurrence ont été les cibles de ces organisations terroristes qui ont réussi à y pénétrer pour laisser derrière eux amertume, feu, cendres et désolation. La riposte musclée du gouvernement à travers la présence constante et remarquable des forces de défense et de sécurité n’a pas encore dissuadé ces groupes qui continuent de se signaler à travers leurs actes lugubres.

Pour parer au plus pressé, même s’il s’agit d’une guerre asymétrique, longue et éprouvante, le Bénin a intérêt à affiner sa stratégie et pas seulement à l’interne. La zone de concentration des attaques compte plusieurs frontières que le Bénin partage avec le Togo, le Burkina-Faso, le Niger et le Nigéria. Le relief du milieu constitué de vastes étendues de terres touffues que seuls les autochtones peuvent maîtriser en partie, recommande une lutte farouche, déterminée mais intelligente et coordonnée avec les pays voisins qui font également face à cette montée de violence sur leurs territoires respectifs. C’est donc illusoire que ces Etats déclinent des stratégies et engagent des actions à l’interne sans une interaction au plan sous-régional. Le Bénin a nécessairement besoin d’engager le dialogue avec ses voisins et ceux-ci doivent répondre positivement à l’appel.

L’Initiative d’Accra à laquelle sept pays ont souscrit à savoir le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Mali et le Niger et le Plan de lutte contre le terrorisme de la Cedeao sont des exemples édifiants de coopération sécuritaire au plan sous-régional. Hélas, ces projets piétinent faute de volonté politique. Pendant ce temps, l’ennemi frappe avec une violence inouïe. Il suffit de mutualiser les ressources et moyens et de baliser le terrain pour une collaboration fructueuse, et les promoteurs de la violence se sentiront en danger. La coopération permettra de les débusquer jusque dans leurs bases respectives et de les empêcher de frapper à nouveau. Certes, la diplomatie a son mode de fonctionnement avec des délais sans cesse rallongés. Dans le cas d’espèce, vu la triste réalité sur le terrain et considérant qu’aucun pays ne peut lutter à lui tout seul contre ce phénomène, il est temps de bousculer les codes afin d’entrer dans le vif du sujet. Si les efforts de partenariat communautaire aboutissent, la pression de la recherche du financement va baisser d’un cran. Les petits moyens de chaque Etat mis en commun donneront un résultat plus intéressant. A plusieurs, il leur sera plus facile de rechercher le financement complémentaire que d’aller en rangs dispersés. Si les stratégies nationales semblent limitées face à cet ennemi redoutable, il revient aux Etats qui vivent cette horreur de faire front commun. Ce serait une grande bataille de gagné dans cette guerre impitoyable contre un ennemi qui frappe lorsqu’on s’y attend le moins.

Source : Fraternité

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