Au sujet d’un vieux artiste frabricant des tissus indigo: ‘’Maître Indigo Awokou’’, le génie qui scintille au bord de l’océan

 (Une école vivante, un grenier de savoirs inépuisables)

Agbadébo Guillaume Olagoké alias ‘’Awokou Maître indigo’’ vit au bord de l’océan atlantique en allant vers Togbin Daho sur la route des pêches à Cotonou. Artiste peintre récupérateur et tinturier de son état, il s’investit depuis 1986  dans la création de motifs à base de l’indigo dans des tissus de coton blanc. Il sera également présent sur l’exposition semi collective de l’artiste Eriyomi. Une virée rapide dans son univers.

 

 Il a embrassé ce métier par passion et le fait de façon manuelle avec beaucoup de détermination et de créativité. Le sexagénaire l’a aussi hérité de ses parents notamment sa grande-mère et plus tard sa génitrice même qui, avoue-t-il, l’exerçait avec destérité. Sa technique est simple. Agbadébo Guillaume Olagoké alias ‘’Awokou Maître indigo’’, l’artiste peintre et tinturier vivant depuis quatre ans au bord le l’océan atlantique utilise des matéraux ordinaires et brutes pour intéresser les admirateurs de son art. De la cola traditionnelle connue en fongbé sous le nom de ‘’Golo’’ et en yoruba sous le nom de ‘’Bissi’’, des piles usagées, des feuilles de l’indigo chauffées à 100°C, des pigments fabriqués à base d’argile et du sable rouge, c’est en quelque sorte la quincaillerie d’outils qui permet au vieux ‘’Awokou Maître indigo’’ de sortir le fruit de son génie créatif.

 «Je très fier dans ce métier que je fais et que j’ai hérité de mes parents. Ils me l’ont enseigné gratuitement. C’est pourquoi moi, à mon tour, je suis venu m’installer sur cette plage pour l’offrir gracieusement à tous ceux qui sont intéressés. Et je pense que cette vision s’accomplit déjà parce que j’ai déjà fait beaucoup de disciples qui vivent de ça aujourd’hui » s’extasie le vieux tinturier avant d’ajouter que son centre de formation et de l’art contemporain n’a peut être l’air de rien mais que tous ses usagers en sortent aguerris et pétris de talent. En quatre ans de pratique de son art au bord des eaux de l’océan, le ‘’Maître indigo’’ a déjà enregistré dans la liste de ses assistants stagiaires :  des camerounais, des congolais, des gabonais des burkinabés et bien entendu des béninois qui vivent pleinement de cet art. « Beacoup ont déjà créé leur centre et ils sont à l’aise et à leur compte. La matière que j’utilise le plus c’est la terre l’élément principal lié à la divinité sakpata. Et c’est ma manière de lui rendre hommage » explique le vieux qui précise qu’il est père de deux enfants né d’une seule mère tous artistes comme lui. ‘’Awokou Maître indigo’’ développe à travers ses travaux les thématiques beaucoup plus liées à la femme et à sa vie quotidienne. Originaire de Sakété, le vieux tinturier crée toutes les couleurs de ses motifs sur la base des matières végétales. « Avant que les blancs ne viennent nous envahir avec leur peinture fabriquée dans les usines, nos ancêtres connaissaient déjà les couleurs et c’est avec un certain nombre de matière qu’ils arrivent à les obtenir. Ce sont ces  matières que moi-même j’utilise et mon vrai souhait c’est d’offrir cette connaissance à tout le monde. En Afrique nous sommes des génies » fait savoir le peintre panafricain qui a déjà participé à plusieurs expositions à travers le monde.

 

Teddy GANDIGBE   

Source : Matin Libre

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