Chakiratou Kevin Fara, mannequin professionnel à propos de la mode et du mannequinat : « C’est un secteur prometteur, mais qui n’est pas encore développé au Bénin »

Le mannequinat et la mode constituent un domaine professionnel qui passionne plus d’un. C’est d’ailleurs le cas de Chakiratou kevin Fara, mannequin professionnel qui partage, dans cet entretien, son expérience dans cet univers.

Avec vous, nous allons parler du mannequinat et de la mode. Alors, dites-nous comment on peut devenir un mannequin.

Tout d’abord, je peux dire que pour devenir mannequin, il faut aimer la mode, avoir un très bon style, surtout suivre la tendance et avoir une belle silhouette. Un mannequin doit suivre une formation. Généralement, on se fait former dans des centres spécialisés dans la mode et dans des maisons de modes. Certaines maisons de mode payent des coaches pour former les mannequins. Il faut reconnaître que n’importe qui ne peut pas devenir mannequin. Moi par exemple, c’est par passion que je me suis lancée dans le mannequinat. Cela a été une belle passion pour moi. C’est ce qui m’a poussé, avant tout, à devenir mannequin. Je dois confier que pour commencer, j’ai d’abord intégré des petits groupes et après, je me suis fait former par des professionnels grâce à la maison de mode à laquelle j’appartiens. Il y a aussi l’argent qu’on y gagne et les opportunités ne manquent pas non plus.

Est-ce que le métier peut nourrir son homme ?

Oui mais pas au Bénin parce que ce n’est pas aussi développé comme dans les autres pays.

Comment appréciez-vous la mode ou le mannequinat du pays ?

Le Bénin est en voie de développement dans le mannequinat. Autrefois ce n’était pas tellement valorisé mais de nos jours, les gens ont commencé à comprendre l’importance de la mode et ici on a plusieurs styles. Le style traditionnel voire le mélange du traditionnel et de ce qui est à la mode.

Qu’est ce qui fait que la mode n’émerge pas au Bénin comme cela se doit selon vous ?

Moi, je peux parler de problème financier mais pas à tous les niveaux. Il y a aussi leur manière de percevoir ce qui se passe dans ce domaine. Ailleurs, les gens valorisent tellement la mode mais ce n’est pas encore le cas ici. Cela va finir par arriver peut-être.

Dites-nous un peu comment cela se passe concrètement dans le domaine de la mode ?

Pour préparer un défilé, il faut d’abord passer un casting. Parfois quand il s’agit des maisons de mode, ils rassemblent leurs mannequins et ils choisissent ceux qui ont la silhouette recherchée. Cela dépend de l’événement. On voit si ce sont des mannequins de grande taille ou des mannequins minces ou ronds.

Avez-vous eu la chance de prendre part à ces castings ?

J’en ai tellement fait

Est-ce que cela a pu vous donner la chance de participer aux événements ?

Oui et je peux vous dire que la première des choses, c’est le professionnalisme. Par exemple, la marche sur les talons doit être maîtrisée. Il s’agit ici de parvenir à comment toi, le mannequin met en valeur ce qu’on te dit de vendre. Il faut le talent qui est la première des choses.

Parlez-nous de vos expériences professionnelles dans le domaine.

J’ai commencé très tôt à 20 ans. Je me suis d’abord fait former sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi et c’est de là que les opportunités se sont ouvertes à moi. J’ai fait l’Union culturelle et artistique des étudiants (UCAE). J’ai commencé par là et après, je me suis inscrite dans d’autres agences et d’autres maisons de mode.

Le mannequinat vous a fait voyager en Côte d’Ivoire et plein d’autres pays. Dites-nous comment cela s’est passé ?

Tout cela dépend de l’événement et même du styliste. Si c’est un événement qui doit se faire ailleurs, on fait déplacer les mannequins. Mais on ne fait pas déplacer n’importe quel mannequin. Il faut d’abord être vraiment professionnel et savoir ce que l’on fait avant de profiter de ces opportunités. Par exemple, il y a le Festival de mode et de mannequin africain (FESMMA) dont le promoteur est John Médard Sèdokoun. Chaque année, lorsqu’il l’organise, on élit le meilleur mannequin et le top model. Cela peut être un homme ou une femme. Il y a plein d’événements qui s’organisent chaque année ici au Bénin aussi.

Est-ce que vous avez déjà eu la chance d’être distinguée à un de ces événements de la mode ou du mannequinat ?

Je n’aime pas trop participer aux événements du domaine qui prennent l’allure de concours où un meilleur sera dégagé à la fin. C’est vrai qu’au FESMMA, j’ai eu à défiler pour ce styliste-là, mais ce n’est pas tellement ma chose. Tout ce qui a rapport avec les événements de beauté où il faut concourir, j’ai toujours évité d’y participer. Je n’aime pas qu’on me prenne pour une idiote. Lorsque je vais mériter la distinction et on va me disqualifier, cela va me faire trop mal. Parfois, il y a des fraudes. Tu peux être bel et bien professionnel sans qu’on ne te choisisse.

Comment appréciez-vous ce regard que la tradition de chez nous amène à poser sur ce genre de métier alors que c’est un métier noble ?

Je ne l’approuve pas du tout. Et c’est surtout ici au Bénin qu’on subit cela. Ailleurs, les gens n’en disent pas autant. Comme le Bénin est un pays qui n’est pas tellement développé, beaucoup restent collés à la perception du milieu. Le même constat se vit dans d’autres domaines, comme le cinéma et autres. Des gens ont tendance à cacher leur image parce qu’on pense déjà que porter des choses sexy pour défiler fait de soi une prostituée. C’est presque dans tous les métiers ici au Bénin mais à l’étranger personne ne voit les choses de cette manière.

Avez-vous eu des difficultés dans cette aventure ?

Bien sûr, j’en ai rencontré. Je vais d’abord parler dans le sens général. Quand on est femme belle ou homme beau, on se fait toujours draguer voire harceler par des gens. J’en ai connu mais je me suis montrée maligne et rusée. Cela m’aide à ne jamais tomber dans ces genres de pièges. Je me suis fait draguer par des collègues mannequins, des producteurs et même des invités qui sont venus participer à l’événement.

Est-ce qu’il vous est arrivé de subir des cas d’intimidation ?

Oui. Et là, je me suis sentie insultée mais j’ai quand même su gérer cela. Peut-être, cela aurait été d’autres filles, elles pourraient tomber facilement dans ce piège à cause de l’argent ou à cause de la timidité.

Vous est-il arrivé de céder aux pièges que vous mentionnez ?

Non. Autrement, je laisse tomber l’opportunité. J’ai toujours laissé tomber quand cela doit se passer de cette manière. Moi-même, je les menace d’aller à la police car je connais mes droits. Quand je vois que c’est vraiment compliqué, je laisse tomber parce que je n’ai pas besoin de leur argent de cette façon. Surtout quand tu tiens à tes valeurs, à ta dignité ou quand tu es bien éduqué, tu peux ne pas avoir d’argent et laisser tomber. Pour moi, la dignité n’a pas de prix.

Quels sont vos projets pour l’avenir dans ce métier ?

Je prévois ouvrir ma maison de mode. D’ailleurs je sais coudre. C’est mon amour pour la mode qui m’a poussé à apprendre comment coudre, dessiner et autres. Donc mon objectif pour le futur est d’avoir ma propre maison de mode.

C’est beaucoup d’argent paraît-il.

Vous savez, il faut commencer petit-à-petit quel que soit le projet.

Parlez-nous à présent de vos études

Je me suis fait former aussi en journalisme. J’ai eu la licence en journalisme. J’ai aussi fait le droit à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC).

Comment conciliez-vous tout cela ou vous êtes-vous consacrée principalement à la mode ?

Avant, je défilais beaucoup. Mais depuis que j’ai fini les études, j’ai essayé de faire la part des choses. J’essaie de me concentrer plus sur le journalisme que sur la mode. Je n’ai pas l’intention d’abandonner ce domaine. Quand je trouve des opportunités, je consulte mon agenda. Quand je le peux alors je le fais. Je suis aussi dans le cinéma. Je peux dire que je suis actrice.

Est-ce que Chakiratou peut nous parler de sa vie privée ?

Je suis en couple depuis très longtemps. Je n’ai pas encore d’enfant parce que je bougeais beaucoup. Mais bientôt, j’en aurai un. Chaque chose en son temps. Je suis fiancée depuis 8 ans. Donc maintenant je pense que je suis prête à avoir d’enfants pour fonder une famille au complet. Mon homme sait que je suis une femme sincère et honnête. C’est pour cela qu’il m’a toujours soutenue.

S’il est donné de lancer un appel à chaque acteur de votre métier, qu’allez-vous dire ?

Je leur dirai de faire l’effort de valoriser la mode. Nous avons la chance d’avoir des tissus et tout le reste chez nous. On est bien placé pour valoriser la mode. Et il faut aussi soutenir ceux qui désirent s’investir dans la mode que ce soit mannequin, couturier ou styliste. Qu’on les aide quand ils en ont besoin. C’est un domaine très bon et prometteur.

Votre mot de la fin

Moi, je dirai aux aspirants de la mode de foncer et de ne jamais laisser passer les opportunités. Les opportunités ne viennent souvent qu’une fois. Alors il faut savoir les saisir. Il faut toujours bien faire ce qu’on est appelé à faire afin de se distinguer des autres. Il ne faut pas changer pour plaire aux autres. Il faut rester spécial et unique.

Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUNN

Source : Fraternité

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