Pressions diverses sur l’ainé de la famille : la grosse erreur des parents

La naissance d’un enfant et surtout le premier, revêt une signification capitale pour les adultes qui l’accueillent. Il représente la consécration même de l’union entre l’homme et la femme. Cela s’exprime par des comportements conscients et inconscients et des paroles qui lui sont adressées. Tout se joue alors pour que le premier-né soit la représentation parfaite de ce que personne n’a jamais été, même dans la famille : le pur produit parfait.

Patrick junior est né, lui le divin rejeton ! Il est venu combler le brûlant désir d’un couple. Ce nouveau centre de l’univers, huitième merveille du monde, point de jonction de tant d’attentes, élu du cœur des parents, grands-parents et alliés, mérite toutes les attentions. Et les parents attendent de cet enfant qu’il réalise leurs rêves d’adultes inassouvis. Et malgré tous ces efforts qu’il fera pour répondre à cette attente qui n’est pas la sienne, il y aura toujours un peu de déception dans l’air. Car l’enfant du rêve n’est pas toujours celui de la réalité….

Les parents de Patrick junior ont toujours rêvé qu’il devienne médecin, un rêve du père que ce dernier n’a pu réaliser. Hélas, dès les premiers cours à l’école, les parents constatent qu’il n’a aucune aptitude en SVT et en chimie et qu’il est plutôt orienté vers la littérature. Que ce soit les parents ou Patrick junior, chacun a un deuil à faire.

De sa place de prince, l’ainé est aussi doté d’un pouvoir certain, celui d’initier les parents à toutes les premières étapes de l’éducation d’un enfant. L’ainé est et restera au fil des ans un point de mire incontournable. Que ce soit lorsqu’il prononce ses premiers mots ou pose ses premiers pas à l’école ou à l’université, c’est un événement familial. Pour les enfants qui viennent après, on n’en fait jamais autant.

Patrick junior, le cobaye

Dans ces yeux braqués sur lui, se lisent le rêve parental et sa série de mesures éducatives idéales. Mais tout n’est pas toujours si rose et si facile pour l’ainé. C’est sur lui que les parents font leurs premières armes d’éducateurs. Il est le cobaye sur lequel leur rêve de parent idéal doit se réaliser. Il devra être l’enfant gentil, poli, intelligent qui plait à tout le monde. De sa place de tout premier enfant, il doit donner le bon exemple. Les parents apprennent avec l’ainé via les essais en matière d’éducation et les erreurs, les tâches ardues de l’éducation et les petits frères et sœurs apprennent avec l’ainé à être grands. Il n’a souvent pas droit à l’erreur. Car c’est lui la référence qui doit conduire tout le reste des enfants.

Mais un enfant n’est pas aussi malléable qu’on se l’imagine. En Afrique, la résistance au moule est souvent difficile. Les ainés se taisent dans la plupart des cas et subissent.

Patrick junior, le pélican

Les parents arrivent souvent à décider pour lui dans presque tous les domaines. Il est souvent le candidat idéal pour rester dans la maison familiale avec sa famille s’il est un garçon. Aussi, combien de fois n’a-t-on pas entendu dire à l’ainé : « laisse passer, tu es le plus grand. Tu dois être raisonnable, prête ton jouet à ton petit frère, je t’interdis de le taper, il est plus petit que toi ». On lui demande tel un père pélican, de se sacrifier pour le bien des plus jeunes, pendant que les caprices des autres sont souvent acceptés.

C’est lui qui doit aller pour la première fois seul à l’école. Ainsi, il explique aux autres comment affronter le premier jour. Il est souvent attentif pour sauver ses frères et sœurs de n’importe quel risque s’ils sont dans la même école. Il est donc attendu de lui qu’il soit raisonnable, géré par sa raison et non ses émotions. On entend souvent de la bouche des parents, « tu dois savoir que tu es l’ainé de toute la famille et c’est synonyme de responsabilités ». S’il ose se défendre contre l’envahisseur qui est le plus jeune, il se voit vite mis à sa place. D’où le danger de se mêler des disputes. Il est très fréquent de voir de nos jours un enfant de 8 ans prendre soin d’un petit frère de 5 ans. Cela varie de famille en famille. Le plus grand enfant, que ce soit une fille ou un garçon, prend en charge une partie de l’éducation de ses frères. Cela donne une autorité spéciale mais également de la pression et de l’angoisse.

L’ainé investi de responsabilités qui le dépassent ou injustement traité vis-à-vis des autres peut développer différents problèmes de caractères. Il peut porter une charge excessive sur ses épaules et craindre beaucoup ses parents. Dans ces cas, il luttera pour s’effacer plutôt que de nuire aux soins de ses petits frères et sœurs. Il est donc fréquent que les grands développent une grande peur envers la transgression des normes surtout quand les parents insistent continuellement sur les tâches à accomplir. C’est pour cela qu’ils ont tendance à paraitre au lieu d’être. Pour les autres frères et sœurs en vérité, les ainés seront soit les supers héros, soit les lâches qui s’effacent quand les bonnes choses commencent. Il est évident que parfois ils profitent de leur place, mais ce sont aussi des sauveurs qui apparaissent souvent pour porter le chapeau des bêtises des frères. Les autres frères les détestent et les adorent en même temps.

La place qui lui revient

Las ainés méritent d’être récompensés plus souvent car ils ont la lourde tâche de conducteur du troupeau. Ils méritent qu’on leur dise « merci » du fond du cœur. Etre le premier-né d’une famille est un privilège. Pour cela, il faut être celui qui doit renoncer à ses désirs pour éviter que le plus jeune fasse sa crise. Il faut éviter qu’ils grandissent avec cet esprit de brimade perpétuelle. C’est l’aîné qui doit apprendre à renoncer aux jouets, aux caprices, aux libertés en fonction de ses petits frères et sœurs.

Il est donc important que les parents donnent les mêmes chances en matière d’éducation à tous les enfants et ne mettent pas autant de pression sur les aînés qui sont des enfants au même titre que tous les autres.

Smaren Laurenda AYI (collaboratrice externe)