Prorogation du délibéré dossier du journaliste: Virgile Ahouansè Me Atèlé Kèkè : « juridiquement sa présence n’est pas nécessaire »

Après l’audience d’hier jeudi 25 mai 2023 qui a vu le délibéré du dossier Virgile Ahouansè et consorts prorogé, l’un des conseils a donné une interview aux médias. Selon Me Atèlé François Kèkè, le motif de l’absence de son client Virgile Ahouansè n’est pas juridique.

 Me Kèkè, vous êtes avocat de Virgile Ahouansè dans le dossier que nous connaissons tous. Aujourd’hui la Criet est censée vider le dossier puisque c’était mis en délibéré. Est-ce que vous y étiez ?

Non, je n’y étais pas parce que ma présence n’est pas nécessaire pour que la Criet vide le dossier ou rende sa décision. Néanmoins j’ai envoyé une collaboratrice me suivre l’audience et me faire un rapport.

Et est-ce que le rapport vous a été fait en bonne et due forme ?

Oui, ma collaboratrice m’a fait le rapport. De ce rapport, il ressort que le délibéré a été prorogé parce que mon client Virgile Ahouansè n’était pas présent. Or, l’un de ses conseils, mon estimé confrère, Me Baparapé était présent. Donc l’un de ses conseils étant présent, la Criet aurait pu vider le dossier, prononcer sa décision.

Est-ce parce que vous étiez sûr que le dossier serait vidé aujourd’hui 25 mai que vous ne vous y êtes pas rendu ?

Non, dans notre pays on n’est jamais sûr qu’un tribunal vide son dossier au jour prévu. Au Bénin, vous pouvez aller à un délibéré et ça peut être prorogé mille fois_c’est une façon de parler_ ; ça, c’est fréquent. Mais ce que je sais, c’est que la présence du prévenu, donc de M. Virgile Ahouansè, n’était pas nécessaire pour que le dossier soit vidé. Autrement dit encore, je me pose des questions sur le motif de prorogation du délibéré_ je n’ai pas la science infuse en droit_ mais juridiquement sa présence n’est pas nécessaire. Donc, la Criet aurait pu, aujourd’hui vider le dossier Virgile Ahouansè. On saurait à quoi s’en tenir. Là, je suis en droit de me poser des questions quant à la décision que la Criet devait prendre.

Vous vous posez des questions. Est-ce à dire que vous avez des soupçons sur la conduite du dossier ?

Vous savez, en matière judiciaire, vous ne pouvez jamais être sûr, vous ne pouvez jamais savoir la décision qu’une juridiction va rendre. Mais moi, j’ai plaidé et déposé des conclusions pour la relaxe de Virgile Ahouansè. En toute humilité, je pense qu’en droit j’ai eu raison. J’ai plaidé mon dossier, j’ai déposé des conclusions pour avoir une preuve écrite de ce que j’ai dit pour lier la Criet. Mais aujourd’hui, qu’on renvoie le dossier au motif que M. Ahouansè n’était pas présent, ce n’est pas un motif juridique.

Mais quand on suit la réquisition, 12 mois de prison avec sursis et 500 mille d’amende, c’était quand même rassurant.

Non, permettez-moi de vous dire que ce n’était pas rassurant. Je vous ai dit que j’ai demandé la relaxe de mon client. Donc une condamnation à 12 mois de sursis pour moi, non. 500 mille Francs Cfa d’amende, pour moi, non. Ce n’est pas que les réquisitions du ministère public soient rassurantes ou pas. Encore que, un tribunal n’est pas obligé de suivre les réquisitions du ministère public. Les réquisitions du ministère public, c’est des plaidoiries. Le ministère public demande, comme les avocats, au tribunal de faire droit à ses réquisitions. Comme les avocats demandent au tribunal de faire droit à leurs plaidoiries. Donc, le tribunal, par exemple, en condamnant Virgile Ahouansè, avec sursis et à 500 mille FCfa d’amende suit les réquisitions du ministère public. Comme le tribunal peut suivre nos plaidoiries où nous avons demandé la relaxe. Comme le tribunal peut ne peut suivre nos plaidoiries et ne pas suivre les réquisitions du ministère public et prendre la décision que lui, juge utile en droit.

Et à quoi s’attendre éventuellement le 1er juin, date de report ?

J’espère qu’au prononcé pour que chacun sache à quoi s’en tenir dans cette affaire.

Propos recueillis et transcrit par W.B