Remplacement de certains maires élus députés : Le choix des dirigeants de partis controversé
Savoir toujours s’y prendre en toute chose sinon, la vérité d’hier peut devenir le mensonge d’aujourd’hui. En 2020, l’Assemblée nationale a changé en plein processus électoral, le mode de désignation des maires. A l’époque, les raisons avancées étaient le blocage de l’installation de certaines premières autorités des communes. Evidemment, malgré la controverse, la trouvaille validée par les sept sages et promulguée de façon expresse a permis de doucher les ardeurs des conseillers rebelles élus sur la liste des partis majoritaires au sein des conseils communaux. Mais, trois ans après, le contexte politique n’est plus le même et l’heure est plutôt au boycott des choix des dirigeants des partis. En effet, à trois ans de la présidentielle de 2026, les enjeux non seulement de parrainages des candidats à la présidentielle, de repositionnement mais aussi de salaires améliorés galvanisent certainement les ardeurs des prétendants au poste de maire. Conséquence, à Djougou et à Djidja par exemple, c’est aux forceps que les maires ont été désignés.
En plus clair, les conseillers, dans leur majorité, n’ont pas approuvé le choix des dirigeants de leur parti. Loin de ce qui s’est imposé à eux en 2020, ils auraient souhaité aller aux élections et élire en leur propre sein leur maire. Mais hélas ! Selon les nouvelles dispositions en vigueur, le maire et ses adjoints sont désignés par le parti ayant obtenu la majorité absolue des conseillers. Si tel n’est pas le cas, les élus locaux sont désignés par l’ensemble des partis ayant constitué une majorité absolue par la signature d’un accord de gouvernance communale. En somme, le premier cas de figure est, au vu de ce qui se passe actuellement dans certaines communes notamment à Djougou et Djidja où les maires ont été élus députés, en train de montrer ses limites. Il est vrai que la réforme du système partisan a voulu que les partis politiques soient plus forts que les individus et donc au-dessus de leurs intérêts individuels. Mais, il ne pourra absolument pas résoudre le problème des velléités de désobéissance aux ordres du parti et des retournements de veste.
D’ailleurs, si la culture du militantisme est la chose la moins bien partagée au Bénin, il n’y a rien de surprenant que depuis le renouveau démocratique, les grands partis sont tombés en ruine dès le départ de leur géniteur du pouvoir. C’est tout simplement pour dire que ce qui se passe avec les conseillers Br de Djougou et Djidja, ce sont les signaux des positionnements pour mieux aborder le virage de 2026. Peu importe donc la loi conjoncturelle de 2020 portant désignation des maires. A coup sûr, la fronde ne s’arrêtera pas à l’épisode du remplacement des maires élus députés. Les prochaines communales de 2026 nous réservent d’autres feuilletons des conseillers contre le choix de leur parti. Alors, pendant qu’il est encore temps, il est impérieux de remettre la question de la désignation des maires sur la table des députés. Autrement, la dictature des partis érigée en règle pour la conduite des communes, risque d’être un mobile de fronde et de cassure.
Enfin, tous les choix ont leurs avantages et leurs inconvénients. Mais, il y a, sans doute, moyen de trouver le juste milieu et de sortir d’une loi-piège qui autant, elle peut servir pour calmer les ardeurs, autant elle peut être la bombe qui fait voler tout en éclat. Du moins, c’est ainsi que des conseillers de Djidja et Djougou perçoivent la loi de 2020 régissant la désignation des maires. Certainement, une fois encore, avant que l’envie ne prenne les députés de se repencher sur la loi controversée de la désignation des maires, la Cour constitutionnelle sera sollicitée pour sonner la fin de la récréation. Mais, ce ne sera qu’une pause. La musique de la contestation de désignation des maires reviendra de plus belle sauf si on change carrément de rythme. Dans tous les cas, même si l’idéal n’est pas de ce monde, les contextes imposent des changements et y déroger, c’est arrêter le cours de l’histoire. Aux députés d’assumer et d’assurer leurs responsabilités.
Source : Fraternité