Santé: Les cardiopathies congénitales : ce qu’il faut savoir

A la faveur d’une intervention sur la télévision nationale, Dr Philippe Adjagba, cardiologue et chef du Service de cardiologie adulte et pédiatrique au Centre hospitalier universitaire Mère Enfant Lagune (Chu-Mel) a évoqué les cardiopathies congénitales. Dans la présente intervention, relayée par l’Ordre national des médecins du Bénin, le spécialiste estime que certaines malformations du cœur peuvent bien être soignées…

 

Des précisions rapportées par l’Ordre national des médecins, plus de 1700 enfants naissent chaque année avec une cardiopathie congénitale et environ un quart de ces nouveau-nés meurent un an après au Bénin, selon Dr Philippe Adjagba. On parle de cardiopathie congénitale lorsqu’un enfant naît avec un cœur qui présente une malformation, une anomalie. Il s’agit de la persistance de structures cardiaques destinées à disparaître après la naissance, lit-on.  Évoquant les causes des cardiopathies congénitales, Dr Philippe Adjagba parle entre autres de l’exposition du fœtus à des problèmes médicaux maternels comme le diabète, la rubéole, la fièvre. « Il y a aussi la consommation de tabac pendant la grossesse, d’alcool ou de drogues. A cela, s’ajoutent la prise de certains médicaments thérapeutiques sans l’avis d’un spécialiste de santé, les facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air, les pesticides et les vagues de chaleur extrême puis certaines anomalies génétiques héréditaires et anomalies chromosomiques » a-t-il poursuivi. Concernant les différents types de cardiopathies congénitales, il affirme que certaines malformations cardiaques sont liées à la présence d’un “trou” dans le cœur ou d’un obstacle à l’écoulement du sang sur les valves du cœur ou sur les artères qui sortent du cœur. « D’autres sont causées par l’absence de développement d’une partie du cœur ou à l’association de plusieurs anomalies : Tétralogie de Fallot » a-t-il précisé. A l’en croire, ces malformations du cœur surviennent au cours de la grossesse. Et de souligner qu’il s’agit de la persistance de structures cardiaques destinées à disparaître après la naissance. « En d’autres termes, l’enfant va naître avec un cœur qui présente une malformation, une anomalie. Elles peuvent être plus ou moins invalidantes, sont ou ne sont pas- opérables, mais constituent, dans tous les cas, un handicap durable pour les personnes atteintes et leurs familles » renseigne la publication de l’Ordre.

Quid des symptômes…

« Plusieurs signes peuvent orienter vers une cardiopathie congénitale. Nous avons notamment la respiration rapide. Le souffle est court au repos ou lors de la prise des biberons chez les enfants qui parfois dorment sur le sein après quelques succions. L’alimentation de faible qualité nutritive surtout chez les petits enfants. Ces derniers se fatiguent facilement pendant la tétée. La faible prise de poids. Ces enfants ne grandissent pas convenablement et sont plus petits que leur âge. La fatigue pendant une activité physique (chez les enfants plus âgés). L’irritabilité ou les pleurs prolongées. La teinte bleuâtre de la peau, des lèvres et des ongles. La maladie bleue, pourrait-on dire. Les évanouissements. L’arrondissement anormal du lit des ongles (doigts en baguettes en tambour). A partir de ces signes, l’agent de santé qualifié peut diagnostiquer le mal que des examens médicaux vont confirmer ou infirmer. Le plus important et le plus pratiqué à Cotonou est l’échographie du cœur. Il est également possible de faire le diagnostic avant la naissance de l’enfant grâce à cette échographie du cœur » informe le spécialiste. Selon ce dernier, un enfant porteur de cardiopathie congénitale a du mal à grandir, à avoir une scolarité normale et à s’adonner aux mêmes activités que les enfants de son âge. « C’est un véritable handicap que représente cette maladie pour les enfants et leurs familles. Ils présenteront au cours de leur développement plusieurs épisodes de maladies. Et malheureusement, le décès dans cette catégorie de population est plus élevé. Seule la correction précoce de la malformation permet aux enfants d’échapper à cette triste histoire naturelle » a-t-il déclaré.

Du traitement et de la guérison….

« Le traitement de la cardiopathie congénitale peut se faire par des médicaments, des chirurgies à cœur ouvert ou à cœur fermé et d’autres interventions médicales ainsi que des changements du mode de vie. Seul le médecin traitant décide du type de traitements à faire et cela, en fonction du type de malformation.  La majorité des enfants porteurs d’une cardiopathie congénitale vont avoir besoin d’une chirurgie cardiaque pour la correction de leur cardiopathie parfois avant leur premier anniversaire. Après une correction par chirurgie ou autres interventions, on peut bien guérir de la cardiopathie congénitale selon la nature du mal. Même atteint d’une cardiopathie congénitale, on peut mener une vie épanouissante. Il y a toutefois certains aspects à garder en tête pour apprendre à vivre avec cette maladie de cœur, surtout dans nos pays où tous les enfants ne sont pas opérés. Le suivi médical régulier est indispensable » rassure Dr Philippe Adjagba. Et de souligner que le traitement est possible au Bénin lorsque le diagnostic est fait, de mettre l’enfant sous un traitement médicamenteux. « Il s’agit souvent d’un traitement d’attente ou pour traiter les complications. Malheureusement, tous les médicaments nécessaires ne sont pas toujours disponibles, surtout ceux nécessaires aux urgences. La chirurgie à cœur ouvert qui permet la réparation des cardiopathies les plus importantes n’est pas encore possible à Cotonou pour cette population d’enfants ; pas à cause d’une limitation technique ou de compétence, mais à cause du manque de plateau technique approprié. Les interventions par cathétérisme cardiaque ne sont pas non plus possibles au Bénin pour l’heure. Néanmoins, certaines malformations cardiaques ont commencé par être réparées sur place, mais à cœur fermé grâce à la présence de deux chirurgiens cardiovasculaires dans le pays. Comme les possibilités thérapeutiques sont limitées au Bénin, les enfants sont évacués à l’étranger pour subir les interventions requises. Sur environ 400 enfants reçus aux soins, moins de 50 sont évacués, soit par l’Etat en faveur des ayants droit qui sont loin d’être les plus nombreux, soit par les ONGs de bienfaisance comme Terre des Hommes, Chaine de l’Espoir, Mécénat Chirurgie Cardiaque » a-t-il laissé entendre.

Comment prévenir une telle malformation ?

« Pour la population, il est important de retenir que les malformations cardiaques ou cardiopathies congénitales existent. Elles ne sont pas des mauvais sorts jetés aux enfants. Les cardiopathies congénitales peuvent être diagnostiquées tôt pour être soignées. Devant des symptômes qui suggèrent un problème cardiaque chez un enfant, il faut consulter l’agent de santé le plus proche. Si on a la chance de rencontrer, un médecin, un pédiatre ou un cardiologue, il va orienter, lorsque c’est nécessaire, le patient vers un spécialiste des maladies de cœur des enfants. Ainsi, le processus de prise en charge pourra débuter. Pour prévenir les malformations cardiaques, les mesures passent par la vaccination surtout aux filles, la lutte contre l’automédication au cours de la grossesse car beaucoup de médicaments pris sans ordonnance sont un danger pour le bébé et la femme enceinte elle-même » a-t-il prodigué.

 

A.B

Source : Matin Libre

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