Scores affichés lors de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale au Bénin : Des risques de turbulences au sein de la mouvance

Il y a des signes qui ne trompent pas. Dimanche dernier lors de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale 9ème législature, l’opposition, en engrangeant des scores allant de 30 à 33 voix alors qu’elle ne compte que 28 députés, laisse entrevoir des fissures et des possibilités de retournement de veste au sein du bloc de la mouvance présidentielle à l’hémicycle composé de l’Union progressiste le renouveau (Upr) et du Bloc républicain (Br). Si au cours de la 8ème législature, il n’y avait pas véritablement de moyens de tester la loyauté de tous les députés élus sur ces deux listes à Patrice Talon, à part lors de l’épisode des parrainages pour la présidentielle de 2021, le premier test aura suffi pour comprendre qu’au cours du mandat 2023-2026 au parlement et même en dehors, les mouvanciers peuvent s’inquiéter de l’imperméabilité de leur regroupement autour des ambitions de l’actuel locataire de la Marina.

Déjà, qu’avec le bureau mis en place et, dans les prochains jours, les 5 présidents des Commissions parlementaires élus, il y aura certainement des déceptions de députés qui espéraient des privilèges avec l’appui du président Talon mais qui en seront privés, il est clair qu’on assistera, lentement mais sûrement, à un bémol dans leur soutien surtout que depuis 2016, une entrée dans le gouvernement Talon, est chose plutôt rare. Sans poste préférentiel alors que la présidentielle de 2026 approche inexorablement avec tous les conséquences pouvant découler d’une erreur stratégique, lesdits députés déçus seront, dans un tel contexte, les premiers à envisager un repositionnement. D’ailleurs, les scores enregistrés par l’opposition radicale ‘‘Les Démocrates » lors des dernières législatives dans certains fiefs ne laissent pas trop le choix à des mouvanciers qui s’en sont sortis difficilement, si tant est qu’ils tiennent à leur survie politique.

Comme la biche et la rivière…

Alors, de leur prisme, voyant venir le mal de loin, certainement, ces acteurs de la classe politique nouent des contacts et discrètement entament leur métamorphose pour mieux sauter d’un navire à l’autre. Quoiqu’il en soit, d’ores et déjà, les députés et des militants ambitieux font, chacun à son niveau, sa lecture de la situation politique actuelle et des chances d’alternance au pouvoir en 2026 ou de perpétuation du système Talon. Evidemment, dans le camp de la mouvance, seuls les plus téméraires prendront le risque de passer, tout de suite, par-dessus bord. Mais, au fur et à mesure que 2026 se rapprochera, si tant est qu’ils ont de bonnes raisons de croire à la chance de l’opposition, ils n’hésiteront pas. C’est dire que les trois prochaines années, les risques de turbulences au sein des partis soutenant le président Patrice Talon sont très grands. De l’Ubf à la Fcbe en passant par la Rb, les analystes politiques au Bénin auront compris que quand la rivière commence à tarir, la biche n’a pas d’autre choix que de s’en aller voir ailleurs si elle pourra trouver une autre rivière où à défaut que l’eau soit très abondante pour se désaltérer à plein-temps, elle est tout au moins plus claire et moins fréquentée. Un peu comme pour dire que cette logique de la biche qui est celle des acteurs politiques au Bénin, malgré toutes les réformes du système partisan n’est pas près de changer. Du moins, pas de sitôt.

Vlavonou et Talon, copilotes sous pression

Ainsi dit, Louis Vlavonou, le président reconduit de l’Assemblée nationale, Patrice Talon, le chef de l’Etat et les deux présidents de l’Upr et du Br que sont Joseph Djogbénou et Abdoulaye Bio Tchané ont l’obligation de manœuvrer avec ingéniosité pour passer la zone de turbulences qui s’étend de 2023 à 2026. Car, durant cette période, il dépendra non seulement de la gouvernance socioéconomique mais aussi du management des ressources humaines au plan politique pour espérer un bon atterrissage en 2026 à l’occasion de la présidentielle. De toute façon, les fins de pouvoir sont généralement très compliquées à gérer pour les présidents en exercice. Et donc, pour la mouvance au pouvoir, c’est l’heure de resserrer les rangs, chose qui ne sera pas facile avec l’Upr et le Br qui, depuis les dernières législatives, ont étalé de profondes divergences. Même si, ces deux partis chers au président Talon ont fait l’effort de l’unité pour reconduire Louis Vlavonou au perchoir, rien ne dit que les vieux démons ne resurgiront pas dès que la première occasion se présentera. En définitive, l’opposition bien qu’étant minoritaire à l’Assemblée nationale donne déjà et, en témoignent les scores de l’élection du bureau, des envies d’aventure pour des députés. Alors, à Patrice Talon et à ses lieutenants de savoir piloter pour traverser sans déconvenues, la zone de turbulences avant 2026.

Source : Fraternité

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