Adaptation aux changements climatiques au Bénin: Le PMSD fait la promotion de l’agriculture péri-urbaine

À Gnindjazoun, dans la commune de Bohicon, le Projet Moyens de Subsistance Durables (PMSD) renforce la résilience de petits exploitants agricoles face aux effets néfastes des changements climatiques par la formation et la promotion de l’agriculture péri-urbaine. Du 14 au 15 juin 2023, des partenaires du projet ont effectué une visite sur le terrain pour constater les résultats.

C’est le jour de marché de Bohicon.  Ingrid Dégbè, cette jeune Secrétaire de formation reconvertie à l’entrepreneuriat agricole contemple avec émerveillement ses planches de légumes à Gnindjazoun dans la commune de Bohicon. Elle a déjà reçu des commandes de légumes, qu’elle s’apprête à livrer.

« Depuis que nous avons commencé la production maraîchère ici, mes parents n’achètent plus de légumes au marché pour les besoins alimentaires. Je m’en sers également. Avec les autres membres de mon groupe, nous vendons régulièrement les légumes. Certains clients viennent s’approvisionner sur le site. Après la vente, les recettes sont partagées. Une partie est déposée dans une caisse commune pour faire face aux dépenses d’entretien et de réparation des matériels et équipements mis à notre disposition (plomberie, achat de semences, etc.) en cas de besoins.  Je prélève une partie pour donner une tontine mensuelle de 20 000 Fcfa. J’envisage d’acheter avec l’argent de la tontine d’ici deux ans une parcelle pour y installer ma ferme, parce que l’espace dont nous disposons ici ne nous permet pas de produire en grande quantité », déclare-t-elle.

Dans la plupart des pays africains comme le Bénin, les activités agricoles subissent de plein fouet, les affres des changements climatiques. La production agricole étant tributaire de la pluviométrie, les rendements sont parfois faibles ou on enregistre des pertes dues à l’inondation. Ce qui constitue une menace pour la sécurité alimentaire.

Au Bénin, les changements climatiques se manifestent par une augmentation de la température, la variabilité des précipitations et par des événements météorologiques extrêmes plus fréquents (vents violents, longues sécheresses, inondations, etc.).  Les impacts directs des changements climatiques dans le secteur de l’agriculture par exemple concernent le comportement des cultures et les modifications pédologiques conduisant à une réduction des rendements. Au niveau des cultures, on note une augmentation des températures moyennes, ce qui raccourcit leur cycle de croissance et conduit à une floraison prématurée. En outre, les rendements agricoles sont en baisse en raison de l’insuffisance des précipitations.

Face à cette situation, l’intégration des pratiques d’adaptation dans le secteur agricole est essentielle pour réduire la vulnérabilité du secteur et de ceux et celles qui en dépendent. Pour faire face aux besoins alimentaires des populations, l’agriculture périurbaine constitue l’une des stratégies d’adaptation aux changements climatiques.

Dans le souci de relever le double défi de réduction de la pauvreté et de faire face aux effets néfastes des changements climatiques, le Gouvernement en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) a mis en place en 2018 le Projet Moyens de Subsistance Durables (PMSD).

L’objectif du PMSD est d’une part, de soutenir une agriculture et des moyens de subsistance résilients et d’autre part, d’intégrer les considérations relatives aux risques climatiques dans les processus de planification nationaux et infranationaux, afin que les communautés locales soient moins vulnérables aux changements climatiques.

Les activités du projet sont mises en œuvre sous la direction du Centre de Partenariat et d’Expertise pour le Développement durable (CePED), sous tutelle du Ministre du Développement et de la Coordination de l’Action Gouvernementale dans neuf (09) villages, à savoir : Kpakpalaré et Kadolassi (commune de Ouaké), Aouiankanmè et Damè (Savalou), Agbodji et Sèhomi (Bopa), Kotan et Danmè-Kpossou (Avrankou) et Gnindjazoun (Bohicon).

A Gnindjazoun, dans la commune de Bohicon, le PMSD a aménagé, il y a environ un an, un site d’une superficie de trois (3) hectares mis à disposition par la Mairie, sur lequel sont installés près d’une trentaine de jeunes dont 8 femmes pour des activités maraîchères. Le projet a réalisé un forage d’un débit de 10 m3 fonctionnant à base d’énergie solaire, 4 réservoirs d’une capacité de 16 m3 et 8 bassins de rétention de 5 m3 d’eau chacun pour l’arrosage des plantes, un système d’irrigation par bandes perforées qui quadrille toute la superficie du site. Par ailleurs, il a installé un champ solaire de 12 KVA, qui fournit l’énergie électrique pour pomper l’eau du forage et alimenter le château d’eau. Les jeunes disposent de l’eau en permanence pour leurs cultures. Ils produisent des légumes feuilles (laitue, vernonia, grande morelle, basilic), de l’oignon, de la tomate, du piment, des carottes, concombre, betterave, etc. Ils écoulent facilement leurs produits sur le marché de Bohicon. Certains clients viennent s’approvisionner en légumes sur le site.

 

Les interventions du PMSD sur le site de Gnindjazoun portent déjà des fruits

Jonas Adanto-Hounon, ce jeune technicien agricole, bénéficiaire du PMSD ne cache pas sa satisfaction face aux résultats probants enregistrés et aux changements palpables induits par le projet. « À tout moment de l’année, lorsque vous venez ici, tout est vert. Nous avons des légumes en permanence sur les planches. On produit en toute saison. On n’a pas de problème d’eau. Elle est disponible de façon permanente. Le forage qui nous alimente fonctionne sur la base d’un système solaire, ce qui diminue les coûts de production », a-t-il fièrement raconté.

Avant l’installation des jeunes sur le site, le projet a assuré leur formation aux itinéraires techniques des principales cultures maraîchères, à la lutte contre les ravageurs, aux choix et à la production des semences, à la gestion coopérative et économique d’un site maraîcher, à l’entretien et à la gestion de système d’irrigation, au leadership, à l’esprit d’équipe et la gestion des conflits. Karembeu Sessinou témoigne : « Nous avons été formés par le PMSD sur le site de Zonmon à Zagnanado. C’était une formation à la fois théorique et pratique sur les techniques de production maraîchères.  On nous a également appris à produire du miel et à fabriquer des savons pour nous autonomiser. Depuis qu’on est installé sur le site de Gnindjazoun, ma situation financière s’améliore. Je gagne ma vie et j’arrive à faire face à mes petites dépenses ».

Le PMSD s’arrime avec le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) à travers le Pilier 2 : Poursuivre la transformation structurelle de l’économie ; Axe 4 : Accélération de la croissance économique et le Pilier 3 : Accroître durablement le bien-être social des populations ; Axe 6 : Renforcement du développement équilibré et durable de l’espace national.

Sa mise en œuvre permet de contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) N° 1, 2, 8, 12 et 13 relatifs respectivement à la réduction de la pauvreté, à l’élimination de la faim, au travail décent et la croissance économique, à la consommation et production responsables et aux mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques.

MM

 

Quelques résultats du PMSD

–              A ce jour, le PMSD a permis de toucher de façon directe environ 8324 bénéficiaires directs y compris les éleveurs pour les abreuvoirs mis en place et plus de 10 000 bénéficiaires indirects par la consommation des produits maraichers, les revenus pour nourrir leurs familles, l’utilisation de l’eau des retenues et forage pour les usages domestiques.

–              Formation de 5664 personnes, dont 3821 femmes, aux techniques culturales résilientes aux Changement Climatique dont 67% de femmes

–              Formation de 3101 personnes, dont 2438 femmes, à la fabrication de savon et de gel hydro alcoolique en tant qu’Activité Génératrice de Revenus Alternative à l’agriculture (AGR-A) dont 79% de femmes;

–              Construction de trois (03) abreuvoirs à fonctionnement solaire respectivement dans les localités de Lahotan (Savalou), de Kadolassi et Kpakpalaré (Ouaké) pour répondre aux besoins des éleveurs des zones d’interventions.

–              Renforcements du profil de résilience de 130 agents des ministères, préfectures, mairies, ONG, ATDA et du Génie Rural ;

–              Formation de 100 acteurs de développement des mairies et du secteur privé sur le financement climatique ;

–              Construction de 10 infrastructures de maîtrise de l’eau (retenues d’eau, forages et abreuvoirs) et développement des espaces aménagés où les populations cibles exercent diverses activités, dont le maraîchage, dans les communes ci-après : Avrankou, Bopa, Bohicon, Savalou et Ouaké.

–              des plants de bambous ;

–              Mise en place de plantations de bambous pour la stabilisation des berges critiques, notamment autour des cuvettes des retenues d’eau de Kpakpalaré (Ouaké), Aouiankanmè et Damè (Savalou)

Source : Matin Libre

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