30,3 millions de kilomètres carrés, pour environ 1,3 milliard d’habitants. Avec un sous-sol qui détient plus de 60 % des ressources minières et minéralogiques du monde. Diamant, or, manganèse, bauxite, platine, cobalt, cuivre, uranium, fer, Coltan, argent, phosphate, pétrole, gaz… Pour ne citer que les plus connues. La quasi-totalité de matières précieuses et rares s’y trouve. Il est difficile d’envisager la découverte de nouvelles ressources minières ou minéralogiques sans penser d’abord au sous-sol africain. L’Afrique, c’est aussi 60 % des terres arables au monde non-inexploitées.

 

C’est peu de dire que l’Afrique est riche. Au sud du Sahara, comme d’ailleurs dans toutes les autres régions de ce continent, le deuxième plus vaste de la terre, après le bloc asiatique, la population est aussi la plus jeune au monde. 30 % a moins de 24 ans sur l’ensemble du continent et 65 % de la population en Afrique de l’Ouest et du Centre est en dessous de cet âge, selon l’Organisation des Nations Unies pour la population (FNUAP). Face à l’évidence de ses atouts, le reste du monde s’est récemment accordé sur le fait que l’Afrique pourrait réussir.

Comme si ce potentiel qui a toujours été celui du continent venait d’être découvert. Cette hypocrisie vient de ce que l’Afrique a souvent été considérée comme une chasse gardée, un garde-manger personnel, une propriété privée de quelques puissances, généralement occidentales.

En reconnaissant enfin que l’Afrique pouvait jouer un rôle autre que celui de l’éternel assisté, ç’est tout un système de pensées savamment entretenu depuis des décennies qui s’écroule essoufflé. Il ne fait cependant aucun doute que l’ennemi recherche une nouvelle façon de tenir le continent dans une position de faiblesse. Aussi, croyons-nous, qu’il n’appartient plus au monde de nous dire comment notre futur serait ou pourrait être. De toute façon, autant le savoir et l’assumer ; si l’Afrique se développe, cela se fera forcément au détriment de tous ceux qui se pressent aujourd’hui au portillon, à commencer par nos nouveaux amis Russes et Chinois, mais aussi nos futurs anciens maitres occidentaux.

Tous le savent et élaborent des plans pour maintenir l’Afrique dans une situation où elle n’atteindra jamais le plein potentiel pour négocier d’égal à égal. C’est une question de stratégie et de business. En effet, aucun acheteur ne veut acheter plus cher et aucun commerçant n’est prêt à perdre facilement un marché. Or, l’Afrique a la particularité d’être cet endroit où on achète tout contre une bouchée de pain, quand ce n’est pas gratuit, et on écoule n’importe quoi à prix d’or pourvu qu’on connaisse quelqu’un qui connaît quelqu’un. Paradis doré pour tous les capitalistes et tous les impérialistes, tant occidentaux, qu’orientaux.

Dans tous les cas, nouveaux ou anciens, partenaires, l’enjeu est le même pour chacun d’eux et peut se comprendre ; il s’agit avant tout d’une question d’intérêt. Quel est l’intérêt des Russes ou des Chinois à aider un pays s’il n’en retire aucun profit ? Autant ne pas se leurrer il n’y a aucun altruisme dans les échanges dits bilatéraux ou multilatéraux, la position dominante essaie toujours de tirer le plus de profits des accords, en s’assurant, dans une volonté hégémonique, de retrouver le plus faible, encore plus faible la prochaine fois.

Or le seul endroit sur cette terre aux 21 siècles où il est encore possible d’agir de la sorte ç’est en Afrique, sous les tropiques. J’ai envie de dire, africains unissons-nous, faisons barrage, parlons d’une seule voix et amorçons le virage de notre développement ensemble. Mais une partie de moi-même me commande d’être réaliste, non pas pessimiste, mais de doser mes espoirs. Les siècles de soumissions et de servitudes ont imprimé dans le subconscient de plusieurs parmi nos semblables des réflexes médullaires qui sont incompatibles avec l’objectif de réussir ensemble. Entre clanisme et haine viscérale qu’éprouvent certains pour leurs semblables et le désir de tout garder pour soi, on n’en finit pas avec la liste des préalables à apurer avant de s’entendre sur une seule et même chose.

Quand je regarde à l’Est du Congo démocratique, entre le Rwanda et la RDC, au Soudan entre le sud et le nord, en Ethiopie, entre Éthiopiens, et même en Mauritanie, entre mauritaniens de races différentes et je ne suis pas exhaustif… Je m’affermis dans l’opinion qu’il y a un autre combat tout aussi urgent que celui de s’affranchir du dictat de nos partenaires actuels et anciens.

 

Éric TCHIAKPE – Ecrivain

Source : Matin Libre

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