Arnaque dans les stations-services : faut-il simplement fermer ces stations ?

Au moins un béninois sur deux s’est trouvé surpris que son véhicule s’immobilise parce que le réservoir est à sec alors même qu’il vient de s’approvisionner à la station et que le litre acheté devrait lui suffire pour parcourir sa distance. Point n’est besoin de chercher loin la cause et de changer à tout moment la pompe à essence ou les bougies, encore moins les injecteurs.

La nouvelle est sur les forums. L’agence Nationale de la Métrologie, dans sa descente en date de ce 1er juillet, a fait le constat accablant de la gruge et a mis sous scellée plusieurs stations-services dans la ville de Cotonou. La cause : fraude dans la métrologie. Même si on ignore la liste de ces stations, une chose est accablante : les gestionnaires de station profitent de la conjoncture pour révéler une fois encore leur appétit insatiable pour le faux et usage de faux. Et ce qui reste encore déroutant, c’est le bonheur qu’on se fait face au malheur de la grande masse. Il est déjà difficile de trouver sur un rayon d’un kilomètre des stations approvisionnées. Avoir de l’essence dans ces stations est un jeu de chance. On s’en plaint déjà et voilà que s’ajoute l’instinct de vol et de délinquance qui caractérise un certain nombre de béninois maîtres dans l’art de la filouterie.

Les stations-services qui devraient offrir une assurance au client sont donc devenues le lieu de roublardisme avec une facilité à profiter des situations conjoncturelles. On veut s’enrichir grâce à tout. Peu importe la manière, l’essentiel est de tromper pour se remplir les poches. La guerre contre les délinquants du net n’ébranle nullement ces hors-la-loi tapis dans l’ombre de la malhonnêteté. Sinon comment comprendre cette facilité à corrompre son éducation pour faire du faux intentionnellement ?

Depuis combien d’années ces stations épinglées opèrent-elles ? Combien de béninois ont-ils déjà grugés ? À la somme de ces interrogations, on se demande si les fermer compense le mal fait aux pauvres populations, obligées d’acheter l’essence chère, de s’assurer de faire une certaine distance avec le liquide précieux et se voir victimes d’une panne sèche qu’on lie parfois aux défaillances mécaniques. Ces arnaqueurs ou délinquants doivent être interpellés et punis. Il ne s’agit pas seulement d’une fermeture momentanée pour régularisation mais la sanction doit décourager tous ceux qui dans ce secteur, oseront encore de telles bassesses. Finalement on donnera raison à ceux qui pensent que la béninoiserie est un mode de vie au Bénin. En attendant d’avoir la riposte des autorités judiciaires, le consommateur doit connaître ces stations qui œuvrent dans le faux.

Coffi E. Juste HESSA, Professeur de Lettres