Bénin/Politique nationale: De Léhady à Chabi : la croix des enfants de Président

C’est en 2015 que le fils cadet de Boni Yayi est, pour la première fois, descendu dans l’arène politique, positionné 2e titulaire sur la liste du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) pour les législatives.

Depuis, Chabi Yayi n’a plus occupé le devant de la scène. Contrairement à d’autres, le seul enfant politiquement engagé du prédécesseur de Patrice Talon a pris beaucoup plus de temps pour digérer la défaite du candidat de son parti d’alors à la présidentielle de 2016. Mais, depuis le congrès du parti Les Démocrates, son nouveau parti, congrès tenu les 14 et 15 octobre 2023 à Parakou, Chabi Yayi revient au-devant de la scène. Et ça recommence à jaser ! Pourtant, le fils de Boni Yayi n’est porté qu’au poste de Secrétaire aux relations extérieures du parti. Si on doit suivre par ordre de hiérarchie, selon la liste des nouveaux membres de la Coordination nationale du parti Les Démocrates, Chabi Yayi occupe la 34e position sur 91 personnes. Pourtant, il y en a qui voient déjà le fils de Boni Yayi comme probable candidat du parti à la présidentielle de 2026.

On fait déjà au tout nouveau président du parti d’opposition Les Démocrates le procès de vouloir imposer son fils pour être le candidat du parti en 2026, sans savoir qu’en avril 2026, Chabi Yayi n’aurait même pas les 40 ans révolus, comme l’indique l’article 44 de la Constitution béninoise. Cette opinion, qui trouve obligatoirement la main des géniteurs derrière l’ascension politique d’un enfant de président, les enfants Soglo l’ont subie tout le temps, notamment l’ancien maire de Cotonou, Léhady Vinagnon Soglo.

Le cas Léhady Soglo

Selon certaines indiscrétions, le positionnement du fils ainé des Soglo dans l’acarne du pouvoir aux côtés de son père entre 1991 et 1996 serait l’une des causes de l’échec de Nicéphore Soglo à la présidentielle de 1996. Ses adversaires ont fait campagne contre lui en traitant son régime de pouvoir clanique. Ce regard a poursuivi Léhady Soglo, chaque fois qu’il est candidat à la députation, au poste de maire de Cotonou ou quand il a pris les rênes du parti la Renaissance du Bénin (RB). Au Bénin, une certaine opinion prend plaisir à dénier tout mérite aux enfants de président, chaque fois qu’ils occupent un poste de responsabilité dans le parti de leurs géniteurs.

On tente de faire croire que s’il est là, c’est uniquement par favoritisme. Au moment où des jeunes, venus de nulle part, sont nommés ministres, directeurs de société et autres, les enfants de président, sous nos cieux, doivent faire un effort surhumain pour prouver qu’ils ont aussi du mérite et qu’ils ne doivent pas toujours leur positionnement à un quelconque paternalisme. La preuve, en 2011, les propres parents de Léhady Soglo ne l’ont pas soutenu dans la course à l’investiture pour la présidentielle. Ils lui ont préféré Adrien Houngbédji pour défendre les couleurs de l’Union fait la Nation. Pour les législatives de 2015, Léhady Soglo aurait bien voulu conduire la liste de l’Alliance RB-Réveil patriotique dans la 16e circonscription électorale.

Mais Rosine Soglo, sa mère, ne l’entendait pas de cette oreille.  Mais cette bataille interne, que mènent certains enfants de président avant d’accéder à un poste de responsabilité, n’intéresse personne. Il y a une opinion, de plus en plus agaçante, qui œuvre à faire admettre aux Béninois que malgré leur potentiel, malgré leur âge, ces fils de président sont toujours au biberon et ne peuvent rien faire en politique si leurs géniteurs ne leur tiennent pas la main. En pleine campagne législative de 2015, Léhady Soglo s’en est offusqué. « Je ne comprends pas qu’à mon âge, 55 ans, on continue de penser que c’est Maman qui fait tout pour moi », avait-il lancé. Aujourd’hui, il a 63 ans, mais le fils en exil de Nicéphore Soglo continue d’être traité comme le fils à papa.

Et comme Léhady Soglo n’est plus sous le feu des projecteurs, exilé forcé depuis 2017, c’est au tour de Chabi Yayi de subir, en attendant que n’entre en scène Lionel Talon. Quel que soit leur potentiel, les enfants de président ne devraient-ils avoir droit à rien sur le plan politique ? Ça devient carrément une obsession pour certaines personnes.

Bertrand HOUANHO

Source : Matin Libre

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