Chef de file de l’Opposition: Houndété avec ou sans les attributs ?

Eric Houndété, chef de file de l’Opposition. C’est désormais acté. Un mois et quelques jours seulement après sa rencontre avec le chef de l’Etat, Patrice Talon a tenu parole. Finalement, la décision a été prise au plus tôt, 4 mois après les législatives qui ont consacré le parti d’Opposition Les Démocrates, le seul parti d’opposition ayant des élus à l’Assemblée nationale. Quand on sait qu’il aura fallu plus d’un an pour la prise du décret consacrant son prédécesseur Paul Hounkpè, chef de file de l’opposition, on peut dire que les choses sont allés un peu plus vite. L’actualité a certainement joué en faveur du parti d’opposition. En effet, Eric Houndété et les siens contestent devant la Cour constitutionnelle la désignation des 4 membres devant siéger à la Cour, faite par le bureau de l’Assemblée nationale. Ils estiment qu’ils n’ont pas été associés quand bien même, ils ont un des leurs dans le bureau, en la personne du 2e vice-président Léon Basile Ahossi. Face à ce qui apparait comme une violation flagrante de l’article 115 de la Constitution, le chef de l’Etat a-t-il voulu calmer autrement le parti d’Opposition, en actant au plus tôt la désignation du chef de file ?

Chef de file, et après…

L’autre chose, il ne suffit pas de nommer un chef de file de l’opposition. Un chef de file sans moyens ne pourra pas jouer le rôle que lui confère la fonction. Et on se souvient que Paul Hounkpè, nommé chef de file de l’opposition en Mai 2021, a toujours crié partout ne pas entrer en possession des avantages liés au poste. Qu’en est-il de Eric Houndété?

En effet, c’est l’article 15 de la loi 2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition en République du Bénin qui fixe les avantages du chef de file de l’opposition. Selon cet article, « le chef de file de l’opposition bénéficie des avantages protocolaires et dispose d’une liste civile fixée par décret pris en Conseil des ministres». Il peut être sollicité par le Chef de l’Etat pour des missions entrant dans le cadre de la défense des intérêts supérieurs de la nation. La même loi précise en son article 5 que l’Etat garantit à l’opposition les libertés publiques dans le respect des règles constitutionnelles. Mieux l’opposition peut être consultée par le président de la République sur les questions importantes engageant la vie de la Nation, notamment les menaces à la paix civile, les menaces à l’intégrité territoriale. L’article 11 de la même loi dispose que l’opposition peut être également consultée sur toute autre question d’intérêt national et international. C’est grâce à la liste civile que le chef de file de l’opposition fait fonctionner son cabinet en tant qu’institution. Des moyens qui ont manqué à Paul Hounkpè, et qui, à ses dires, ne lui ont pas permis d’accomplir la mission à lui dévolue par la loi. Il s’est même senti isolé, alors qu’il devrait être sollicité pour des questions d’intérêt majeur.

Est-ce que dans le cas d’espèce, les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets ? Eric Houndété ne se retrouvera pas, un an, deux ans après, à réclamer les avantages dus à son rang ? La question a certainement été évoquée lors du tête-à-tête qu’il a eu avec Patrice Talon. Et si le chef de l’Etat veut bien faire les choses, cette fois-ci, le décret de nomination devrait s’accompagner du décret qui fixe les avantages octroyés au chef de file de l’opposition pour assumer sa fonction d’intermède entre l’exécutif et l’opposition.

M.M

Source : Matin Libre

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