Conférence régionale sur la lutte contre la corruption: L’impact du journalisme d’investigation au cœur des échanges

La Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (Cenozo) organise du 26 au 28 avril 2023 à Niamey au Niger, la Conférence régionale sur l’impact du journalisme d’investigation dans la lutte contre la corruption en Afrique de l’ouest. Organisée avec l’appui de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Onudc) avec le concours de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia), la présente conférence mobilise des journalistes d’investigation membres de la Cenozo, des représentants d’institutions publiques de lutte contre la corruption et de la société civile.

 

« Impact du journalisme d’investigation sur la lutte contre la corruption en Afrique de l’ouest », tel est le thème autour duquel se sont articulés les échanges au cours de la présente Conférence régionale. Dans son mot de bienvenue, le Président du Conseil d’administration de la Cenozo, Moussa Aksar s’est réjoui de la tenue effective de la conférence régionale ainsi que de la forte mobilisation des journalistes d’investigation autour des questions liées à la corruption. Une rencontre qui permettra aux participants d’harmoniser les connaissances et expériences dans l’optique de définir des pistes de collaboration entre les institutions nationales ainsi que des organisations de la société civile et les journalistes d’investigation. A l’en croire, la présente conférence se veut donc un espace de dialogue, de partage d’expériences et de réflexion collective sur l’assainissement de la gestion des ressources publiques pour un développement inclusif et durable en Afrique de l’Ouest. Engagée à apporter sa pierre à l’édifice d’une Afrique de l’Ouest véritablement démocratique et où les ressources publiques sont effectivement investies dans le développement économique et social au profit des populations, la Cenozo réitère sa disponibilité à contribuer à la création d’un cadre d’échanges entre institutions nationales de lutte contre la corruption, organisations de la société civile et journalistes d’investigation. Un cadre qui permet d’évaluer l’impact des publications des journalistes d’investigation dans la lutte contre la corruption et leur prise en compte par les institutions publiques et les OSC. Le Pca de la Cenozo, Moussa Aksar s’est, par ailleurs, acquitté d’un devoir de reconnaissance à l’endroit de l’Onudc et de la Halcia pour avoir accompagné l’organisation de la présente conférence régionale. Faut-il le préciser, depuis sa création, la Cenozo a formé plus de 500 journalistes à travers toute l’Afrique de l’Ouest et publié plus de 250 enquêtes journalistiques.

Prenant la parole, le Président de la Haute Autorité pour la Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées(HALCIA),  Maï Moussa Elhadji Basshir a également évoqué la pertinence et l’importance de la conférence régionale dans le renforcement de la lutte contre la corruption et infractions assimilées. Selon ses propos, les journalistes d’investigation jouent un rôle crucial et restent indispensables, à travers leurs productions de qualité, dans le processus d’assainissement de la gestion des ressources publiques.

Très ravie de l’initiative, la Coordonnatrice de l’Onudc au Niger,  Fatima Jumaine y voit une nouvelle étape essentielle dans l’évolution du journalisme d’investigation et dans la prévention et la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest. Si des avancées ont été enregistrées ces dernières années avec la mise en place dans plusieurs pays d’institutions chargées d’assainir la gouvernance et de lutter contre la corruption notamment en matière de prévention et de répression des pratiques de corruption et des infractions assimilées et l’ancrage progressif de la liberté d’expression et de la presse, l’Afrique de l’Ouest est toujours confrontée à des défis importants en matière de transparence et de responsabilité dans la gestion publique. Pour Fatima Jumaine, la liberté et l’indépendance journalistiques, respectant des normes de qualité élevées, sont essentielles dans un état de droit et permettent aux journalistes de mieux connaître et de mieux enquêter sur les affaires qui affectent leurs pays respectifs ou revêtent un aspect plus global, contribuant ainsi à la promotion de la démocratie et de la redevabilité.

Procédant à l’ouverture des travaux, le secrétaire général du ministère de la justice, Ibrahim Jean Étienne s’est réjoui du choix porté sur le Niger pour abriter la conférence régionale. Tout en évoquant les efforts consentis par le gouvernement nigérien pour combattre la corruption, il s’est dit convaincu que les travaux de la conférence régionale aboutiront à une mobilisation renforcée des différents acteurs autour des questions de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Il n’a pas manqué d’insister sur la nécessité d’œuvrer à garantir un environnement idéal et protecteur aux journalistes d’investigation dans l’optique de leur permettre de conduire des enquêtes approfondies et en sécurité sur les affaires qui affectent leurs pays respectifs.

Etat des lieux de la lutte contre la corruption…

Présentant la conférence inaugurale sur l’état des lieux de la lutte contre la corruption en Afrique de l’ouest, Adrien Banu, Conseiller régional au sein de l’Onudc a évoqué des efforts de renforcement des cadres législatifs et de la coopération internationale, les mesures supplémentaires de recouvrement des avoirs, l’engagement actif de la société civile, la protection des personnes qui dénoncent des faits de corruption, l’adoption de la Convention des Nations unies contre la corruption (Cnucc), le mécanisme d’examen de l’application de la Convention, les principes directeurs du mécanisme. Il a également présenté la plateforme régionale pour l’accélération de l’application de la Convention. A l’en croire, les journalistes jouent un rôle crucial et la pression, l’intimidation sont autant de choses susceptibles de limiter leurs capacités à investiguer sur des affaires. Le premier panel de la Conférence régionale a permis de faire la lumière sur les stratégies de lutte contre la corruption ainsi que le fonctionnement des institutions nationales. Modéré par Momar Dieng, Vice-président de la Cenozo, le panel a permis de débattre des contours de la lutte contre la corruption au Burkina Faso, Niger et au Mali. Dans son intervention, le représentant, de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (Asce-Lc) a fait savoir que les dispositions constitutionnelles (art 160) consacrent la lutte contre la corruption comme une pratique indépendante. L’institution a donc vu ses attributions élargies aux investigations et ceci, sans aucun rattachement administratif interne. A l’en croire, les membres sont recrutés et non nommés, toute chose garantissant la crédibilité de l’institution car les membres ne seraient pas contraints à un devoir de reconnaissance. Evoquant quelques résultats enregistrés, il déclare que des investigations ont permis de traduire plusieurs personnes en justice. Et d’admettre que plusieurs dénonciations ayant fait objet d’investigations émanent de la presse. Pour lui, ne pas promouvoir le journalisme d’investigation sera sans nul doute préjudiciable à la société. Dans sa présentation, le Directeur adjoint du Bureau de vérification générale (BVG) du Mali, Famory Kéita a exposé le rôle du vérificateur général dans l’institution de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Selon ce dernier, l’institution du vérificateur général est inspirée d’un modèle canadien et le BVG est une autorité administrative indépendante dont les missions sont déterminées dans un programme annuel conçu sur la base de la cartographie des risques de chaque entité, des saisines des personnes etc. Entre autres résultats évoqués, l’audit des dépenses publiques, des fonds COVID-19 ainsi que de la gestion du secteur minier. Il a également souligné la publication d’un rapport très utile aux médias et au contrôle citoyen. Quant au Directeur du département Investigation de la Halcia, il a fait savoir que l’un des actes forts reste l’obligation faite au Procureur d’ouvrir une instruction des faits à lui, transmis par la Halcia. Dans l’exécution de sa mission, outre les faits dénoncés sur les réseaux sociaux et dans les médias, la Halcia recourt également à de l’infiltration et la filature, a-t-il déclaré. A l’en croire, plusieurs personnes sont également traduites en justice. Plusieurs autres communications sur des thématiques en lien avec l’impact du journalisme d’investigation sur la lutte contre la corruption ont permis de débattre des pistes de collaboration entre médias et institutions nationaux ainsi que la société civile.

 

A.B

Source : Matin Libre

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