Crise au Niger: la Cedeao au pied du mur

Le compte à rebours a commencé. Plus que deux jours, soit le dimanche 06 août à minuit, avant la fin de l’ultimatum lancé aux putschistes nigériens pour se plier aux injonctions des dirigeants de la Cedeao. Passer ce délai et si l’ordre constitutionnel n’est pas établi, les dirigeants de la Cedeao n’ont plus d’échappatoire : intervenir militairement ou  perdre la face et se décrébiliser définitivement.

Les dirigeants de la Cedeao réunis en urgence le dimanche 30 juillet dernier à Abuja, se sont-ils pris les pieds dans le tapis, en donnant un ultimatum de seulement sept jours, pour remettre les pleins pouvoirs au président nigérien Mohamed Bazoum renversé par le chef de sa propre garde rapprochée ? Ne sont-ils  pas allés trop vite en besogne ? Ce jour-là, lorsque le nouveau champion de la lutte anti coup d’État, le président nigérian fraîchement élu Bola Tinubu bombait le torse et tapait sur la poitrine, jurant de rétablir le président Bazoum dans ses fonctions, avait-il pris toute la mesure et la portée d’une telle décision?

Que va t-il se passer si à partir du lundi  prochain,  les putschistes refusent de se plier aux injonctions de la Cedeao ? Les négociations entamées donneront-elles une chance à la paix ? La guerre sera-t-elle déclenchée ou bien l’ultimatum sera-t-il prolongé ? En tout cas, le monde entier retient son souffle. Les populations du Niger et de la sous région  sont quand à elles,  dans l’expectative. Au même moment, les bruits de bottes se précisent. Des deux côtés, on se  prépare à la guerre. Depuis le mercredi dernier, les chefs d’état-major des armées de la Cedeao exceptés ceux du Niger, Mali, Burkina et la Guinée sont en conclave à Abuja pour peaufiner les stratégies d’attaque contre l’armée nigérienne. Ils attendent le mot d’ordre des politiques pour déclencher les hostilités.

Dans ce sens-lá, le Sénégal par la voix de son ministre des Affaires étrangères Aĩssatou Tall Sall se dit prêt à participer à une éventuelle intervention militaire au Niger, si la Cedeao décide d’y avoir recours. En même temps, les chancelleries occidentales commencent à évacuer leurs ressortissants du Niger et rappeler leurs personnels non essentiels. De l’autre côté, le Niger ne démord pas. Le chef auto-proclamé de la junte réunie au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), le général Abdouràhamane Tchiani se dit déterminé et affirme que son régime ne  cédera pas aux menaces et pressions y compris militaires. Il a également le soutien d’une large part de la population.

En témoigne la gigantesque manifestation organisée par la Société civile hier jeudi 03 août, jour de l’indépendance du pays, réintroduit par le président déchu Mohamed Bazoum. Le 1er août dernier,  déjà l’homme fort du pays avait il procédé  à la nomination des gouverneurs militaires des huit régions du pays. De même, il a renforcé  ses alliances en prévision de cette intervention. C’est  dans ce cadre que le numéro 2 du régime,  le général Mody était récemment au Mali. Dans un communiqué commun, ce pays le Mali ainsi que le Burkina dirigés par des militaires, assimilent toute intervention militaire contre le Niger comme une « déclaration de guerre » contre leurs propres pays. Dans un communiqué séparé, la Guinée dont le gouvernement est aussi issu d’un coup d’État « exprime son désaccord concernant les sanctions préconisées par la Cedeao, y compris une intervention militaire« .

Quant à l’Algérie, elle lance une « mise en garde » contre toute intervention militaire, par crainte d’une escalade dans l’ensemble de la sous région.  Bref, c’est le branle-bas de combat et tous les ingrédients se mettent en place pour une confrontation directe entre la Cedeao et l’ensemble de l’armée nigérienne forte de 30.000 hommes, selon le président sequestré, Mohammed Bazoum dans un discours en date du 25 février 2022. Cependant, les dirigeants de la sous région ont décidé d’utiliser la politique du « bâton et de la carotte« . En  ce moment-même, les négociations se poursuivent avec une délégation de la Cedeao dépêchée à Niamey.  Mais, les deux camps sont sur le pied de guerre prêts à la confrontation  Quitte à embraser toute la sous région. Qui va céder le premier sans perdre la face ? quel compromis faudra t-il trouver ?

Crédibilité comme enjeu 

Au stade actuel, la Cedeao joue sa crédibilité, son va-tout. Elle a le choix de mettre sa menace d’intervenir militairement à exécution  ou de faire éclater en mille morceaux l’organisation sous régionnale purement et simplement. Elle avait déjà mauvaise presse auprès des populations, considérée comme le club des chefs d’État mal élus, prêts à se soutenir et à se protéger mutuellement, au détriment des aspirations de leur peuple. Et les sanctions économiques et financières mises en place après les coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina ne sont pas  venues pour arranger les choses. Non seulement elles ont été allègrement contournées dans certains domaines mais aussi, elles ont eu des impacts négatifs dans d’autres, sur les populations. Ce qui a exacerbé leur colère contre l’organisation sous régionale.

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Source : La Nouvelle Tribune

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