1188 individus sont détenus dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité. 360 cybercriminels sont condamnés en 2021, 451en 2022 et 263 en 2023. En 2021, 2031 plaintes ont été enregistrées et les préjudices sont évalués à 1.546.436.228 FCFA. Ces chiffres datent d’Avril 2023 et ne prennent pas en compte les victimes silencieuses. Ils ont été communiqués par le Procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) et le Commissaire de l’OCRC, vendredi 21 avril 2023, dans l’émission spéciale « Cybercriminalité : fléau moderne ».

 

Août 2023, soit 4 mois après, la cybercriminalité occupe toujours l’actualité. Il ne se passe pas de semaines, de jours où les arrestations de cybercriminalité ne fassent la une des journaux. Les chiffres d’Avril ne sont donc plus d’actualité. Le nombre de présumés cybercriminels arrêtés et de condamnés a certainement augmenté. Conclusion, la traque, qui s’intensifie de jour en jour, ne décourage pas pour autant l’ardeurs des arnaqueurs. Pire, des informations font état du fait qu’il y en a parmi les présumés cybercriminels arrêtés qui, depuis leur lieu de détention, poursuivent la sale besogne d’escroquerie, avec la complicité des hommes en uniforme commis à leur surveillance. Conclusion, malgré la lutte, ceux qui sont en prison continuent le job et ceux qui sont encore en liberté n’abandonnent pas pour autant, même si on peut reconnaître qu’il y a moins de personnes qui se plaignent d’être arnaquées.

Une pratique qui change de forme

Ces derniers jours, l’Office centrale de répression de la cybercriminalité (OCRC) a alerté sur de nouvelles formes d’escroquerie. La première, les cybercriminels ont recensé tous les numéros corporate attribués aux commissariats et plus précisément ceux utilisés par les fonctionnaires de Police désignés pour assurer le service au poste de Police. Ils contactent ensuite téléphoniquement lesdits fonctionnaires en se faisant passer pour un avocat, le Procureur de la République ou le Procureur Spécial près la CRIET. Ils leur demandent ensuite de passer le téléphone corporate aux suspects qui sont gardés dans les cellules du commissariat pour qu’ils échangent avec ces derniers. Une fois le contact établi avec les gardés à vus, les faux magistrats les rassurent en leur garantissant de les aider à recouvrer la liberté contre paiement d’un certain montant. Les gardés à vues sont alors invités à communiquer les contacts téléphoniques de leurs proches pour discuter des modalités de paiement. Les parents des cybercriminels gardés à vue transforment de fortes sommes d’argent sur les numéros de cybercriminels qui sont au dehors. Dès lors qu’ils rentrent en possession des sous, ils disparaissent en coupant tout contact avec les victimes et leurs parents. L’autre stratégie consiste pour les cybercriminels à se faire passer pour des agents de la Loterie nationale du Bénin pour escroquer et faire des victimes ». Ils se font passer pour des agents de la Loterie Nationale du Bénin et créent des groupes sur les réseaux sociaux WHATSAPP ; FACEBOOK ; TELEGRAM ; MESSENGER, etc. et invitent leurs victimes à intégrer lesdits groupes. Une fois intégrées dans les groupes, ils leur demandent d’abord de s’inscrire en payant une somme de cinq mille (5.000) francs CFA et d’envoyer des informations sur leurs identités et quelques photos. Après l’inscription, les administrateurs des groupes invitent ensuite les victimes à jouer des jeux de divers montants et leurs proposent des numéros soi-disant ‘’gagnant au Loto’’. Ils imposent aux victimes de jouer les numéros gagnants à leur place donc ces dernières doivent envoyer une nouvelle somme d’argent. Les cybercriminels patientent alors et attendent que la vraie Loterie Nationale du Bénin proclame les résultats des jeux en cours. Une fois ces résultats proclamés, ils contactent les victimes qui ont joué et leur font croire qu’ils ont gagné un gros lot. Mais pour recevoir le lot, la victime doit encore envoyer une forte somme d’argent aux cybercriminels (administrateurs des groupes). Quand les victimes envoient ladite somme d’argent dans l’espoir d’obtenir leurs lots, enfin les cybercriminels les bloquent et coupent tout contact avec leurs proies.

La dernière trouvaille toujours révélée par l’Ocrc, les cybercriminels se font passer pour des donneurs de bourses aux nouveaux bacheliers ou pour des promoteurs du football béninois. Ils font croire à leurs victimes qu’ils sont mandatés par le Ministère de la jeunesse et des sports pour organiser des tournois de football. Les équipes devront payer 100 000 FCFA pour s’inscrire, des frais d’assurance et d’hébergement. C’est une fois sur le lieu d’organisation du prétendu tournoi que les victimes découvrent le pot aux roses.

Tout ceci montre que la pratique a non seulement la peau dure, mais se remodèle et prend des formes diverses, malgré tout l’investissement que le gouvernement consent pour enrayer le fléau. Certes, il ne s’agit pas d’avoir une cybercriminalité zéro au Bénin, mais n’y a-t-il pas des raisons d’être pessimiste ?

M.M

Source : Matin Libre

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