Démocratie au service du développement humain: L’IAJP contribue au débat sur les droits de l’homme

<<Promotion d’une démocratie au service du développement humain : une question des droits de l’homme>>. C’est sur ce thème que s’est focalisée, jeudi 17 août 2023 au Chant d’oiseau à Cotonou, la conférence- débat sociale périodique qu’organise l’IAJP.CO, Institut des artisans de justice et de paix_ Le Chant d’oiseau. Sous la modération du journaliste Domar Romuald Logbo, le panel a réuni, autour de la même table, l’acteur de la société civile Jean-Baptiste Elias, président du Fonac ; le Sociologue et professeur titulaire Dodji Hippolyte Amouzouvi et l’ancienne députée au Parlement Mariama Baba-Moussa.

Les trois concepts ayant servi de socle et jalonné le débat qui a duré près de trois heures, sont démocratie, droits humains et développement. Plantant le décor, Jean Baptiste Elias, tout en citant l’ancien président des États-Unis, Abraham Lincoln, a défini la démocratie comme étant le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. C’est le gouvernement du peuple de la majorité, a-t-il renchéri en détachant la démocratie <<en tant que forme étatique>> de la monarchie, de l’aristocratie et de la dictature. Le président du Fonac va ensuite rappeler les critères ou principes respecter rigoureusement pour qu’on dise qu’un État fait vraiment de la démocratie. Au total 14 principes, Jean Baptiste Elias a cité la participation des citoyens, l’égalité, la responsabilité, la transparence, la tolérance politique, le système multipartisme, le contrôle de l’abus du pouvoir, la liberté économique, la déclaration des droits, la garantie des droits humains, élections libres et équitables, l’indépendance de la justice, l’acceptation des résultats des élections, l’État de droit. Des 193 États membres de l,Organisation des Nations Unies, environ 128 pays se disent en démocratie, souligne Jean Baptiste Elias, qui laisse entendre spécifiquement sur le cas du Bénin que le pays peut mieux faire en matière de démocratie. << Des 14 points que j’ai cités, il faut être honnête, aucun pays au monde n’est absent. Maintenant, l’idéal aurait été que les 14 points soient stricto sensus appliqués à tout le monde. Malheureusement ce n’est pas le cas.>>, regrette l’acteur de la société civile et ancien président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc). Dans son manteau d’universitaire, et se fondant sur les 14 principes énumérés, Dodji Amouzouvi va abonder dans le même et affirme sans ambages : << Non, nous ne faisons pas de la démocratie au Bénin. Non, aucun peuple ne fait de la démocratie. Simplement parce que la démocratie n’existe pas dans la pratique. La démocratie, c’est un voeu, c’est une pétition de principes, c’est un horizon, c’est un rêve. Et si nous parvenons à concocter cette sauce, nous allons réussir le vivre ensemble>>. Par contre, le Sociologue penche plutôt pour une contextualisation de la démocratie qui, selon lui est une notion fuyante, philosophique, humaniste, en perpétuelle construction. Le concept se repose, certes, sur des valeurs universelles mais le professeur Amouzouvi estime que c’est une grave erreur que l’humanité commet en pensant que les référents des États-Unis doivent être les référents du Bénin. << À partir de ce moment, nous dévions complètement puisqu’on n’a pas suivi le même processus qu’eux. Donc, oui valeurs universelles mais il n’y a pas de prêt à porter démocratique. Ces valeurs doivent être logées dans nos réalités à nous pour que quand on dit chez nous voici la liberté librement consentie, la manière dont elle s’exprime chez nous dans nos valeurs, dans nos cultures, que ça soit ces manières qui soient promues et non la manière dont le petit du Blanc parle à son père, ça doit être exactement de cette manière que mon petit va me parler avant qu’on ne me dise que je suis dans la droite ligne. Si on fait ça, on mélangera tout.>> , fait observer l’universitaire. << Dire que le Bénin n’applique pas la démocratie, ce n’est pas vrai. Le Bénin applique la démocratie mais il y a des insuffisances >>, nuance de son côté Mariama Baba-Moussa qui soutient par ailleurs que l’Afrique était même démocratie avant l’Occident.<<Une fois qu’on a adopté la démocratie, il y a une hystérie qui a conduit à une dérive >> ; dérive en termes de liberté de presse, de liberté d’expression, de création des partis politiques, de corruption des populations en temps d’élection au Bénin ; toutes choses qui déteignent sur la qualité des élections, déplore l’ancienne députée appelant ainsi à une éducation du peuple. Si Mme Baba-Moussa relève des insuffisances dans l’application par les gouvernants des textes de lois adoptés, Jean Baptiste Elias va embrayer pour rappeler que jusque-là les salaires du chefs de l’Etat et de ses ministres ne sont pas connus malgré les multiples interpellations ; le coût du projet Asphaltage aussi n’est pas su, et au niveau sous régional et africain le gouvernement béninoise qui ôte le droit à ses citoyens de saisir les instances ou mécanismes judiciaires. << Je pense honnêtement avec tout ce qui vient d’être dit là, que la démocratie n’est pas le moteur du développement . Je dirai même presque le développement assure la démocratie. Ou, pour me mettre à l’aise avec ma propre conscience, développement et démocratie doivent aller de pair >>, affirme le professeur Dodji Amouzouvi qui martèle qu’il ne dit pas non plus qu’il faut caporaliser tout. <<Mais il faut régenter, il faut donner l’autorité à l’État pour faire ce qu’il doit faire pour qu’arriver à un niveau, on se dise maintenant la justice peut être indépendante, les droits humains peuvent être connus et sus de tout le monde>>. Pour Mariama Baba- Moussa, il faut que le Bénin avance. Et aujourd’hui, déclare-t-elle le Bénin avance sur les plans économique, social, environnemental et politique <<même si tout n’est pas rose>>, se réjouit l’ancienne parlementaire et ancienne Directrice générale des impôts qui conclut et de façon ferme qu’ <<une démocratie à l’africaine est indispensable >>. Les préoccupations et contributions du public constitué de personnalités et d’autres acteurs politiques et de la société civile ont enrichi les discussions.

Les mots de l’IAJP-CO

Au nom du Révérend père Arnaud Éric Aguénounon, Directeur de l’IAJP-CO son adjoint, le père Hermann Agboffo a félicité les membres du panel et le public pour leurs contributions. << ce fut un panel riche en enseignements, qui constitue désormais pour nous une source intarissable >>, a-t-il confié. Il faut signaler que l’IAJP.CO organise ces conférences-débats en partenariat avec Coris Bank international.

JB

Source : Matin Libre

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