« Des femmes accouchent par terre » au Togo: Amnesty alerte sur une situation inquiétante

Selon Amnesty international, les autorités togolaises doivent de toute urgence améliorer l’accès aux soins de santé maternelle dans le pays et réduire la mortalité infantile et néonatale. Dans une déclaration rendue publique, Amnesty appelle à la mise en place de nouvelles mesures pour que les femmes enceintes puissent accoucher de façon digne dans des établissements où elles recevront une aide et des soins appropriés.

 

Des entretiens menés avec 21 personnes, dont 13 patientes, quatre sages-femmes et quatre médecins, dans cinq établissements de santé situés à Lomé, la capitale, et à Aného, une ville du sud-est du Togo, en février et mars 2023, la délégation d’Amnesty International confie avoir observé un manque de personnel, des équipements délabrés et une mauvaise qualité des soins. “Les services de maternité qui ont été visités manquaient de personnel, d’équipements adéquats et d’infrastructures sanitaires. En conséquence, les quelques sage-femmes employées par ces services avaient beaucoup de mal à faire face à une charge de travail excessive. Trois sage-femmes ont dit à Amnesty International qu’elles sont parfois de garde pendant plus de 15 heures. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, le Togo ne compte que deux sage-femmes pour 10, 000 habitantes. Une des responsables d’une organisation des praticiens de la santé au Togo a dit à Amnesty International que le manque de sage-femmes résulte de l’absence de concours de recrutement De plus, on constate un nombre très restreint de gynécologues dans les hôpitaux publics. Une gynécologue a déclaré à Amnesty International : « Les gynécologues sont souvent épuisés. Nous sommes à la fois en consultation, au bloc, sur les accouchements compliqués… Pour cette raison, les gynécologues sont rares dans le public. Ils vont dans le privé pour gagner à hauteur de l’énergie investie. Par exemple, il n’y en a que deux à l’hôpital public de Bè. Dans certains centres, il y a des blocs mais pas de gynécologues. » Sur les réseaux sociaux, le secrétaire général du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo a indiqué que sur 127 gynécologues inscrits à l’Ordre national des médecins du Togo, seuls 25 travaillaient dans des hôpitaux publics. Tous les services de maternité visités manquaient également d’équipements de base nécessaires pour recevoir les patientes et assurer les soins. Dans un des centres médico-sociaux (CMS) de Lomé, la délégation d’Amnesty International a constaté que les tables d’examen étaient en piteux état dans la salle de consultation anténatale, et en raison du manque de lampes scialytiques, les sage-femmes devaient utiliser la lampe torche de leur téléphone portable pendant les consultations. Une sage-femme du CMS a dit que le centre ne disposait que d’une seule table d’accouchement, et que plusieurs appareils et instruments fonctionnaient mal ou étaient défectueux ou en nombre insuffisant, notamment en ce qui concerne les ballons de réanimation, les aspirateurs de mucosités et les ciseaux à épisiotomie. Au Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio, où Amnesty International s’est également rendu, une sage-femme a déclaré : « On voit des femmes qui accouchent par terre, sur un matelas, et parfois même sur un simple drap quand il n’y a pas de matelas. Il y a des tables d’accouchement neuves, mais il y en a aussi de vieilles qui sont en mauvais état et moisies », rapporte Amnesty international.

A.B

Source : Matin Libre

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