Drame de Dassa: Ce qu’a dit le député Kamel Ouassagari

MON INTERVENTION SUR LA QUESTION D’ACTUALITE SUR LE DRAME DE DASSA

Avant tout propos, je voudrais encore présenter mes sincères condoléances aux populations de kaobagou dans la commune de Kérou et Yinyinrou dans la commune de Banikoara et leur exprimer ici tout mon soutien suite au drame survenu respectivement dans la nuit du 1er au 2 mai 2023 et le 3 mai 2023.

 

Chers Collègues,

Aujourd’hui au Bénin, les drames deviennent notre quotidien. Que nous arrive -t-il ? Qu’avons-nous fait à Dieu pour ceux qui croient ? Que se passe-t-il réellement ?

Dans son intervention, le Ministre de l’intérieur et de la sécurité Publique a lu tout simplement les AOF (Arrêté portant Organisation et Fonctionnement de son ministère et de ses directions. Rien que de la littérature et des généralités. Cela est loin de mes questions sur l’incident de Dassa, objet de la question au gouvernement

Messieurs les Ministres

Le Président Henry Konan BEDIE disait dans un de ses interviews je cite : « quand tu parles ai pitié de celui qui t’écoute »

Comme dans bien d’autres localités de façon récurrente, le dimanche 29 janvier 2023 fût une journée noire pour notre pays. Et comme l’a si bien décrit à chaud mon compatriote AYEDOUN : « Dassa-Zoumé, chef-lieu du département des Collines vient d’être le terminus de la vie de plusieurs dizaines de concitoyens béninois, dans l’après-midi de ce dimanche 29 janvier 2023 ». Et pour cause, la collision entre un bus de transport en commun et un camion, le premier en partance pour Cotonou, le second pour le septentrion. Le choc a provoqué un incendie ; peu de passagers auraient été soustraits du feu, et conduits à l’hôpital de zone dans un état qui laisse place à peu d’espoir ; tout le reste a cramé avec les deux véhicules. Tous ont, quelques jours plus tôt, béni le Ciel de leur avoir permis de voir le premier mois de la nouvelle année, mais ils n’en verront pas le deuxième. « C’est fini ! Cet accident, ce cas de force majeur a eu raison d’eux », pourrait-on se dire !

Messieurs les Ministres !

« Non ! Non ! Non !

L’accident s’est produit à peine à 500 m de la base des sapeurs-pompiers en pleine ville du chef-lieu du département des Collines. Imaginons, un seul instant, combien de vies auraient pu être sauvées si cette base avait été fonctionnelle, si cette base avait eu les moyens de réagir promptement comme on pouvait s’y attendre ! Malheureusement pour toutes ces vies parties en fumée, malheureusement pour toutes ces familles éplorées, malheureusement pour toutes ces veuves, tous ces veufs, et tous ces orphelins, le réservoir d’eau de la Pompe Secours des pompiers de Dassa-Zoumé est hors d’usage depuis plus d’un an ; même le Véhicule de secours et d’assistance aux victimes est immobilisé depuis plus de deux ans. Ces soldats du feu sont donc au front sans armes ni munitions ! Ce n’est qu’après que tout a fini de brûler que les pompiers de Savalou, ville située à 33 km du lieu du drame, sont arrivés pour refroidir ce qu’il restait encore des malheureuses victimes de notre silence coupable face à l’indifférence, et la désinvolture de ceux à qui nous avons donné mandat pour se préoccuper de notre mieux vivre. Dans un pays où tout reste à faire, il faut savoir discerner les priorités pour faire passer l’utile avant l’agréable… Hélas ! Le peuple semble bien loin des priorités de ce gouvernement ».

Au moment où dans la nuit du 02 au 03 mai 2023, des béninois ont été égorgés à Kaobagou dans la commune de Kérou et le lendemain 03 à Yinyinrou dans la commune de Banikoara, malgré cela le 03 mai 2023 dans la même soirée le gouvernement festoyait pour l’inauguration des graffitis et fresques réalisées sur la façade du mur de l’ex hôtel du Port de Cotonou. Si les tueries avaient eu lieu à Cotonou, Ouidah ou Abomey, étiez-vous sûr que cette inauguration allait avoir lieu ? Aujourd’hui il y a un Bénin des uns et un Bénin des autres. Les autres peuvent périr, les uns s’en foutent. Aucune compassion ! c’est méchant.

Monsieur le Ministre de l’intérieur

La base des sapeurs-pompiers de Dassa-Zoumé est territorialement compétente de Setto dans la commune de Djidja, jusqu’à Odo-Akaba à l’entrée de Tchaourou. Sois sur un axe d’environ 200 km couvrant 4 grandes communes. Elle disposait pour ses interventions d’une (01) ambulance et d’un (01) camion-citerne.

Ces deux véhicules sont en panne et non opérationnels depuis 2020. Les appels répétés des responsables de la base n’ont eu d’écho ni auprès de leur hiérarchie, ni auprès des autorités préfectorales et communales. Le camion-citerne anti incendie avait juste besoin d’une réparation qui devrait coûter moins de cinq cents mille francs CFA.

Quelques jours après le drame du bus de Baobab express, le gouvernement a envoyé une ambulance neuve à la compagnie, médecin après la mort peut-on dire. Malgré cela, le problème de matériel de service suffisant se pose toujours vue l’étendue de la zone de compétences de la base. Le gouvernement, Au lieu de régler ces problèmes existentiels, ce sont les graffitis et les fresques murales réalisés à coup de milliards dans une opacité total qui vous intéressent.

D’autres problèmes se posent avec acuité dans le chef-lieu du département des collines. Remarquez avec moi que les victimes graves du drame qui étaient encore en vie ont été évacuées à l’hôpital de zone de Calavi ou au Cnhu de Cotonou pour pouvoir être prises en charge. Aucun hôpital n’est en mesure de prendre en charge cette urgence de grands brûlés à Dassa-Zoumé et dans les communes environnantes. Le temps mis pour avoir les premiers soins a été fatal pour les victimes.

Messieurs les Ministres, Chers Collègues

C’est le lieu ici pour moi de déplorer le manque d’empathie du chef de l’Etat, chef de votre gouvernement qui n’a même pas pu se rendre au chevet de ces malades pourtant soignés au Centre National Hospitalier Hubert MAGA, en face de la Présidence de la République. Dans les moments difficiles la parole et l’empathie du premier responsable sont d’une importance capitale. Qu’avait-il de si important à faire dans son somptueux palais construit à coups de dizaines de milliards de nos francs au point d’ignorer royalement ces compatriotes agonisants à quelques encablures de son lieu de travail ? Dans la même sous-région ouest africaine, au Sénégal, quelques jours plus tôt une collision entre un bus et un camion a fait 20 morts. Le chef de l’état sénégalais qui n’est certainement pas moins occupé que notre Président de la république s’est rendu au chevet des populations et a décrété un deuil national de trois jours.

Monsieur le Ministre de la Santé,

Après la macabre décision relative à l’arrêt des subventions au profit des malades dialysés par le gouvernement dit de la rupture depuis le 1er janvier 2019 occasionnant des centaines de morts réguliers dans leur rang, je constate avec effroi et indignation que le chef de l’Etat est resté indifférent face à la souffrance de ses compatriotes.

La vie humaine a-t-elle de la valeur à vos yeux ?

C’est le lieu de déplorer, par ailleurs, le manque de transparence dont a fait preuve le gouvernement dans la gestion de ce drame car jusqu’à ce jour, le gouvernement dit de la rupture n’a pas daigné édifier les béninois sur le bilan humain de ce drame visiblement lié au manque de moyens matériels du Groupement National des Sapeurs-Pompiers.

Les responsabilités étant partagées, certes, mais l’Etat ne semble pas prêt à reconnaître et assumer les siennes. La défaillance manifeste de l’Etat, révélée par l’incapacité des pompiers à faire leur travail, faute d’équipement, n’a été mentionnée nulle part dans le rapport présenté par le porte-parole du Gouvernement. Comme si la mort du chauffeur ne suffisait pas, c’est son âme qu’on livre à la vindicte populaire. Il aurait été verbalisé par les policiers pour excès de vitesse à la sortie de Parakou. Le coupable ainsi trouvé, le gouvernement à la conscience dégagée.

Il est peut-être malin de mentir à autrui ; mais se mentir, mentir à soi-même, quoi de plus anormale ?

Quant au crime continu, s’ajoute une irresponsabilité cynique, l’avenir se livre sombre et lugubre.

A défaut de l’avouer, il faut que l’Etat prenne ses responsabilités et corrige le tir.

Messieurs les Ministres,

Ce 29 janvier 2023, la mort n’a pas distingué entre riches et pauvres, hommes de pouvoir et misérables, fonctionnaire et paysans, magistrat et accusé, mouvanciers et opposants. La négligence collective produit toujours des dégâts collectifs.

Au lieu d’arrêter les responsables de la compagnie BAOBAB pour calmer la colère légitime des populations et masquer sa responsabilité dans ce drame, le gouvernement devrait plutôt communiquer sur les conclusions de l’enquête judiciaire ouverte à cet effet. Ceci ne veut pas dire que ces responsables ne sont pas coupables. La manière dont le feu s’est vite propagé nous amène à nous poser de multiples questions.

Aussi je tiens à préciser que le silence de tout le conseil communal de Dassa avec surtout à sa tête son maire désigné depuis 2020 et son secrétaire exécutif, les rend complice de ce qui est arrivé ce jour.

Monsieur les Ministres,

Nous avons remarqué qu’après avoir formulé cette question, le gouvernement s’est empressé d’autoriser l’acquisition des matériels de travail aux Sapeurs-Pompiers. Cette attitude montre que le gouvernement n’avait aucun plan d’équipement de cette corporation dont l’importance n’est pourtant plus à démontrer dans la vie d’un pays. Les besoins du Groupement National des Sapeurs-Pompiers ont été satisfaits à quelle hauteur par cette décision prise pour donner l’impression qu’on agit efficacement.

Arrêtons le saupoudrage.

Alors même que les responsables du Groupement National des Sapeurs-Pompiers exprimaient des besoins en matériels depuis des années, c’est à l’indifférence du gouvernement qu’ils se heurtaient. Pourquoi attendre des drames pour doter le Groupement National des Sapeurs-Pompiers de moyens matériels adéquats ?

Gouverner c’est prévoir dit-on.

Il faut que le gouvernement cesse de naviguer à vue ou de manière erratique. Un gouvernement n’attend pas des drames pour agir ; il anticipe pour les éviter.

Soyez humble, la solution à ce problème peut être trouvée à l’interne si le gouvernement associe tous les béninois. Les compétences existent à l’interne pas besoin d’aller chercher des rwandais. Le Bénin n’est pas un désert de compétence.

Monsieur le Ministre de la Santé,

Par ailleurs, nous avons constaté que la plupart des brûlés admis au CNHU ont rendu l’âme. Le CNHU avec ses reformes où le personnel est démotivé, où les cotisations sociales des agents ne sont pas reversées à la Direction Générale à la CNSS. Nous allons revenir spécialement sur ce qui se passe dans ce centre.

Je disais, malgré tout ce qui se dit et qui est dit, est-ce que le CNHU disposait-il vraiment du plateau technique approprié et des médecins spécialistes des brûlures pour la prise en charge efficace des rescapés ? le gouvernement aurait pu tout de même envisager une évacuation sanitaire de certains rescapés tout simplement.

Ce drame a révélé qu’au Bénin, seul le Centre National Hospitalier Hubert Koutoukou MAGA aurait pu faire face à ce type de drame si les équipements avaient suivi.

Le gouvernement doit donc absolument construire des centres hospitaliers départementaux dignes de nom et bien les équiper.

Je ne le dirai jamais assez, gouverner c’est prévoir.

S’il y avait un centre hospitalier départemental à Dassa bien équipé par exemple, on aurait pu prendre nos compatriotes rescapés en charge assez vite et peut-être réduire le nombre de cas de décès.

Pourquoi alors même que dans le secteur de la santé, comme à son habitude le gouvernement a procédé à d’énormes réformes au forceps, seul le CNHU disposerait d’une unité fonctionnelle des grands brûlés ? Que fait le gouvernement du développement harmonieux de notre pays ?

Les dispositions réelles à long termes relatives à la sécurité routière doivent être prises par le gouvernement. La représentation nationale est disposée à accompagner le gouvernement afin de sauver à l’avenir des vie humaines. Par exemple, on constate que l’excès de vitesse caractérise certaines compagnies de transport sur nos voies. J’espère que le gouvernement n’attend pas de nouveaux accidents pour prendre des mesures relatives au transport en commun dans notre pays ? comme par exemple plomber les vitesses de conduite des bus à au plus 80 km/l’heure.

Messieurs les Ministres

Enfin, je ne peux m’empêcher de déplorer la légèreté dont a fait preuve le gouvernement dans la gestion de ce drame. Au niveau administratif aucune sanction n’a été prise or visiblement, qu’on le veuille ou non, l’exécutif est responsable de ce drame. L’exécutif est responsable pour n’avoir pas donné au groupement National des Sapeurs-Pompiers les moyens indispensables à l’exécution de ses missions ? Que peuvent faire les sapeurs-pompiers sans un camion-citerne destiné à éteindre les flammes ?

Au niveau judiciaire non plus aucune sanction n’a été prise. Cette situation n’est pas imaginable dans un Etat sérieux.

Comme le disait YAYA Kinmabla « certains espèrent des résultats d’enquête, d’autres la justice divine. Alors qu’au Bénin, c’est le silence qui mène l’enquête jusqu’à l’oubli, jusqu’au prochain drame »

Nous n’allons jamais vous oublier

–           AFFO Ousmane

–           ELET Pacôme et son épouse

–           AKPAKOUN Ruffine

–           BIO OBEGUI Wallis

–           KORA GUERA Akim

–           ADECHOKAN Moubachirou

–           ADECHOKAN De souza Mylène

–           HAZOUME Frida

–           OUENDO Olivier

–           DOHOUNGBO Pascal

–           ALFA PATRICE

–           ET TOUS LES AUTRES QUE LE GOUVERNEMENT A PLACE SOUS ANONYMAT.

Plus jamais ça

Sachez que ce qui est arrivé à nos compatriotes à Dassa, aurait pu arriver à chacun de nous.

Triste et déplorable, que chacun prenne ses responsabilités pour que cela soit la dernière fois…… Paix et lumière à tous.

 

Je vous remercie.

Source : Matin Libre

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