Drames au Bénin: Le symbolique de deuil national ne dit rien à la Rupture

Plus de 35 morts dans l’incendie d’un entrepôt d’essence de contrebande à Sèmè-Kraké, samedi 23 septembre 2023. La réaction du gouvernement a été prompte. Des mesures sont annoncées pour éviter la survenue de pareil drame au Bénin. Seul hic, pas de deuil national pour honorer la mémoire des victimes. C’est devenu une habitude avec le régime de la Rupture.

 

Les compassions du Pape François et du président Macky Sall du Sénégal envers le peuple béninois sont la preuve que le drame de Sèmè-Kraké a ému au-delà des frontières béninoises. La réaction de ces personnalités, qui partagent avec le peuple béninois sa peine, contraste avec la non matérialisation de cette douleur qu’auraient été les journées de deuil national. En janvier 2023 au Sénégal, un accident de la route a fait 40 morts à Gniby. Le président Macky Sall avait alors décrété 3 jours de deuil national, le drapeau mis en berne pour honorer la mémoire des victimes. Pareil exemple peut être cité toujours au Sénégal comme ailleurs dans le monde. Au Bénin, quel que soit le nombre de morts, la réaction du gouvernement s’arrête à l’assistance des rescapés, des parents des victimes et aux mesures envisageables pour prévenir le mal. Depuis 2016, plus de deuil national pour saluer la mémoire des victimes d’un drame. Avant Sèmè-Kraké, au lourd bilan de 36 morts, selon le Conseil des ministres du mardi 26 septembre 2023, il y a eu d’autres tragédies. La plus récente est l’incendie d’un bus de transport en commun à Dassa qui a coûté la vie à 29 personnes. Pas de deuil national décrété. Pour le cas de Sèmè-Kraké, la compassion du gouvernement se lit dans le compte rendu du Conseil des ministres du mardi 26 septembre 2023 en ces termes : « En cette circonstance aussi douloureuse, le gouvernement renouvelle ses condoléances et sa solidarité aux personnes affectées ». Pas plus. Le reste, ce sont les soins qu’apporte le gouvernement aux rescapés, l’accompagnement psychosocial, les diligences pour identifier les corps et permettre aux parents de faire le deuil de leurs proches décédés. Voilà ce à quoi les populations sont habituées depuis l’avènement du régime de la Rupture.

Certes, on dira que le plus important ce sont le secours apporté par le gouvernement aux personnes qui ont survécu, les diligences pour identifier, grâce au test ADN les victimes afin de permettre aux parents d’organiser les obsèques de leurs proches. Pris sous cet angle, une, deux ou trois jours de deuil national pour honorer la mémoire des victimes peut paraître futile. Seulement, c’est devenu une habitude et ça commence par gêner plus d’un. A tort ou à raison, des Béninois ont le sentiment que la vie humaine est de plus en plus banalisée. Ils ne comprennent pas cette option du régime Talon, d’autant plus que les drapeaux en berne, pour une ou deux jours en hommage aux victimes d’un drame, ne peuvent avoir aucune conséquence sur l’économie du pays. Qu’est-ce qui gêne dans le fait que tout un pays prenne quelques jours pour s’unir dans la douleur, prier pour le repos de l’âme des disparus, réfléchir individuellement et collectivement à ce qu’il faut faire pour éviter à l’avenir des événements aussi douloureux ? La chose n’est pas qu’observée lors des drames. Dans ce pays, des personnalités, qui ont occupé de grands postes de responsabilité, sont décédées sans que le gouvernement ne juge nécessaire de faire un petit mot d’hommage à leur égard. Le mort ne compte pas.

M.M

Source : Matin Libre

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