Expo à la forêt classée de Pahou : Les œuvres de Dominique Zinkpè et Cie séduisent Talon (N.art.urel prorogé jusqu’au 17 février, sur demande du chef de l’Etat)

Ouverte le 15 décembre 2023, l’exposition collective N.art.urel initiée par l’artiste plasticien Dominique Zinkpè, à travers le centre culturel Lieu Unik d’Abomey, avec le soutien de l’Institut français du Bénin, se poursuit. Ce samedi 06 janvier 2024, le vernissage, organisé dans ce cadre par 23 artistes contemporains, a reçu la visite d’un hôte de marque, le chef de l’Etat en personne, Patrice Talon, accompagné du ministre de la culture, Jean Michel Abimbola. 

Bonne nouvelle pour les amoureux d‘arts. Initialement prévue pour prendre fin le 17 janvier prochain, l’exposition collective dénommée N.art.urel qui se déroule à la forêt classée de Pahou est prorogée jusqu’au 17 février. Ce, sur demande du chef de l’Etat, le président Patrice Talon, qui est allé contempler, samedi 06 janvier 2024, les œuvres des artistes contemporains, inspirées d’un milieu naturel, la forêt classée de Pahou, commune de Ouidah.

En fin connaisseur de l’art, Patrice Talon a parcouru les installations, admirant les belles œuvres réalisées. Devant chaque installation, l’artiste à l’honneur explique le sens et la portée de son œuvre, sous le regard médusé du chef de l’Etat qui pose des questions pour mieux cerner ce qui se cache derrière chaque création.

N.art.urel est un projet unique conçu et exécuté par l’artiste plasticien aux multiples casquettes, Dominique:Zinkpè. Il a associé au projet:10 artistes contemporains et 13 invités pour une résidence artistique suivie de vernissage dans un milieu naturel, la forêt classée de Pahou, d’où la   dénomination   N.art.urel.

« Avec mes contemporains béninois, nous avons décidé d’investir la   forêt   classée de Pahou parce que nous avons l’intention de mettre en harmonie nos créativités avec la nature », laisse entendre Dominique Zinkpè, justifiant ainsi le but visé par N.art. urel. « On a trouvé important de mettre en phasage nos créativités avec la nature qui est déjà si belle. Et quand on crée, on aspire à la beauté aussi. C’est juste pour voir comment la beauté naturelle pourrait se confondre avec

la beauté créée par l’humain », poursuit l’initiateur du projet. Pour lui, l’art n’est pas uniquement destiné pour les galeries, ni pour orner les salons. « L’œuvre d’art doit être partagée pour être plus proche de nos sociétés, étant donné que nos inspirations viennent également de la société. C’est une forme de sensibilité, de participation et montrer que l’artiste n’est pas si égoïste qu’on le pense

», laisse entendre Domique Zinkpè. Après cette étape, l’artiste plasticien pense déjà à un projet plus grand.

« Prochainement, puisque nous sommes dans une période de Vodun Days, on se base sur les quatre éléments. On vient de faire les trois éléments, il nous reste le 4e, c’est l’eau. On ira à Ganvié. Un jour vous allez voir les artistes vont montrer leurs œuvres de Ganvié jusqu’à Porto-Novo. On va le faire. On va appeler ça la biennale Venise au Bénin. Il y a déjà Venise Calavi. Bientôt, vous allez voir vos contemporains sur l’eau », promet Dominique Zinkpè.

Des artistes expliquent leurs œuvres

Gratien Zossou, artiste plasticien, comédien

« J’ai un tableau que j’ai proposé à cette exposition. Je l’ai appelé l’« Emergence de la croix bleue

», parce que la croix rouge a toujours existé, la croix verte existe. Il aurait fallu créer une croix bleue pour la sauvegarde des océans, des mers, des fleuves, des lacs, sauvegarder les îles, les continents. J’ai un rapport fusionnel avec la nature. Nous

sommes en pleine forêt à Ouidah, en période de Vodun Days, la fête du Vodun. La forêt, le Vodun et notre culture ne font qu’un. J’ai le sentiment que nous les artistes, on ne meurt vraiment jamais parce que ce que nous prônons est éternel, la nature est éternelle, la joie que nous procurons est éternelle. Une exposition d’art, c’est toujours un événement dans la vie des artistes. Mais je dois vous avouer, le cabinet du ministère était présent quand j’ai dit que je serai heureux si le chef de l’Etat lui-même pouvait être là. Et quand je l’ai vu apparaître tout- à-l’heure, j’ai été comblé. Mon

ami Dominique Zinkpè, qui a initié cette exposition, est un génie à sa façon, par sa personnalité, son don de rassembler les gens et de partager sa notoriété avec d’autres personnes. Cela a payé ».

Sika Da Silveira, artiste plasticienne

« Pour ceux qui me connaissent, je suis très impliquée, très engagée sur tout ce qui concerne la nature et surtout les arbres. C’est donc tout à fait normal que je sois sur

cette exposition. Je propose une installation qui est dénommée « Hope » qui veut dire espoir. C’est un message que j’envoie au monde entier, au-delà du Bénin et de l’Afrique. A travers « Hope », je raconte l’histoire de ces lieux. C’est surtout aussi ce que j’ai ressenti en venant ici. En discutant avec un garde-forestier, il m’a dit ici on ne touche pas un arbre qu’il ne faut pas toucher. Pour nous, un arbre, c’est une vie. J’ai pris conscience de leur implication au-delà de leur profession.

Je me suis dit ce serait important de rendre un hommage à ces forestiers à travers le monde pour leur engagement pour la protection de la nature. Dans l’image, il y a un visage d’homme, celui d’un guide qui travaille avec les forestiers. En fond dans la photographie, c’est des troncs d’arbre. Je signale que cette forêt est divisée en deux. Il y a la partie sauvage et la partie exploitation où nous sommes en ce moment. Les arbres qui nous entourent sont destinés à la commercialisation. C’est des arbres qui sont régulièrement abattus et replantés.

Cet abattage n’est pas négatif parce qu’il permet de préserver la partie sauvage. Il y a le charbon pour rappeler l’exploitation. De ce chaos, il y a une vie. C’est le kapokier que j’ai ramené qui est un arbre sacré. Les forestiers m’ont promis qu’après cet événement le kapokier peut rester. J’espère qu’il aura une très belle vie ».

BH