Francis Dossou Sognon à propos de l’agriculture africaine: “Il faut accélérer les échanges commerciaux régionaux“

Dans une réflexion rendue publique, Francis Dossou Sognon, Ceo de la structure AgroSfer, a proposé trois pertinentes pistes de solution pour une véritable transformation de l’agriculture africaine. Pour celui qui, depuis quelques années, construit une expertise sur la transformation de l’agriculture africaine par le digital, l’accélération des échanges commerciaux régionaux reste un impératif pour aller vers une véritable révolution agricole sur le continent. Lire sa réflexion !

L’accélération des échanges commerciaux régionaux

«La faiblesse des revenus des producteurs est en partie due à leur incapacité à saisir certaines opportunités commerciales, soit par ignorance de leur existence, soit par incapacité à y accéder. Certaines de ces opportunités sont pourtant à portée de main. Il n’est pas impossible de voir un stock qui pourrit chez des producteurs dans une localité A et d’aller constater quelques kilomètres plus loin dans une localité B qu’un acheteur potentiel recherche désespérément ce produit. Ceci est encore plus flagrant d’un pays à l’autre en Afrique sub-saharienne.

C’est un mélange de l’indisponibilité de l’information, de la faible circulation du peu d’information existante et d’une bonne couche de complexité d’exécution quand il est question de faire du commerce transfrontalier. Malgré l’existence d’accords et de zones dites de libre circulation, le mouvement des biens et des personnes d’un pays à l’autre en Afrique reste souvent un challenge administratif et logistique long et coûteux.

C’est souvent une bataille dans laquelle ni les producteurs ni même les coopératives n’ont les capacités de se lancer. Cela laisse la place à des intermédiaires qui profitant de cette opacité et en passant ces barrières créent leur valeur. Ce n’est pas sans mérite mais cela profiterait au plus grand nombre si moins de valeur résidait dans la capacité à naviguer dans le labyrinthe administratif et logistique.

Les traités commerciaux doivent favoriser et préserver davantage la circulation des matières agricoles produits localement au détriment des importations. Si par exemple, l’inondation du marché nigérian par du riz importé d’Asie via le Bénin a été une des causes des tensions entre les deux pays, la fermeture des frontières a malheureusement aussi impacté les petits producteurs béninois dont une partie importante des productions est destinée au géant voisin.

L’autre axe est le développement des infrastructures : routes, voies aériennes, fluviales et maritimes font cruellement défaut pour faire circuler rapidement des matières premières périssables entre pays africains. Il est moins coûteux d’envoyer des produits en Europe ou en Asie que de les envoyer à d’autres endroits du continent africain, comme il est parfois plus simple pour le voyageur d’aller d’une ville africaine à une autre en faisant une escale hors du continent, souvent en Europe.

Simplifier réellement les flux de personnes et de marchandises est un vrai levier d’accélération économique en général, mais ce sera pour le cas de l’Afrique, un catalyseur de la valorisation du travail de son secteur agricole ».

A.B

Source : Matin Libre

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