« J’ai besoin de chanter pour guérir », Sandra Tchibozo Yabo

Avec un nouvel album « Telle un phoenix », l’artiste béninoise Sandra Tchibozo Yabo fait son retour sur la scène musicale après une longue absence. Dans une interview, la chanteuse revient sur les raisons de son absence, ses débuts dans la musique et ce qui le motive à offrir à nouveau des mélodies au public.

1-Présentez-vous à nos lecteurs

Je m’appelle Yabo Ayaba Sandra Fulberte Ida Tchibozo. On m’appelle communément Sandra Tchibozo Yabo. Je suis artiste et aussi infirmière diplômée de l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) du CHU de Reims en France.

2- D’où vous vient votre passion pour la Musique

Je suis née avec parce que dès que j’ai eu trois (03) ans, je ne sais pas d’où ça me venait. Je ne chantais pas, je ne m’intéressais pas à la musique, mais je disais à tout le monde que j’allais devenir chanteuse. Ma maman était couturière et elle avait une vitrine où elle mettait les vêtements, je me mettais dedans et je saluais les élèves qui passaient, je faisais la vedette.

3-Racontez-nous votre début dans la musique

J’ai commencé à chanter à l’âge de 13 ans. Je suis rentrée dans la chorale de mon quartier Agla et j’ai commencé à faire des concerts profanes parce que le spirituel ne m’intéressait pas beaucoup. Je suis rentrée dans la chorale juste pour chanter des chansons profanes. C’était le temps du zouk et j’adorais le zouk. C’est là que j’ai découvert que j’avais une belle voix. Ensuite je suis allée au collège catholique Père-Aupiais, j’ai intégré l’orchestre scolaire jazz five et on a commencé à faire les concours interscolaires. C’est là j’ai commencé à me faire un nom et puis tout le monde me disait que j’ai une belle voix et ça m’a encouragé. J’ai continué comme ça jusqu’à ce que je décide de sortir mon premier single qui s’appelait ‘’même si ». Quand on faisait les concours, j’étais toujours deuxième je n’étais jamais première parce que tout le monde interprétait la même chose, après il fallait une inspiration personnelle. Du coup je suis allée au Bubedra (Bureau Béninois du Droit d’Auteur et des Droits Voisins), je leur ai dit que je veux produire ma chanson. Ils m’ont dit ici on n’enregistre pas les morceaux, il faut aller voir les musiciens et après vous enregistrerez.

Je suis tombée sur le célèbre animateur Steve Facia et quand il a entendu ma voix, il a apprécié. A l’époque, il avait son émission Stars musique. Il m’a amené voir feu Oscar Kidjo qui avait arrangé mon titre ‘’même si’. C’était un dîner dansant organisé avec l’ORTB à la villa du 21 avril à Gbegamey. C’était ma première sortie à la télévision. C’était bien j’ai adoré, j’ai continué sauf qu’en même temps c’est devenu dur à la maison parce que du côté des parents ce n’est pas ce qu’ils voulaient pour moi. On s’était mis d’accord, je travaillais bien à l’école, j’avais leur diplôme et moi je pouvais faire ma musique. Mes parents m’ont quand même aidé pour mon premier album que j’ai sorti en 1999.

4- Parlez-nous de ce premier album

Mon premier amour était en France et je suis allée en vacances chez lui. Il m’a présenté à Ernest Mvouama qui était intéressé par ce que je faisais. Il travaillait aussi comme ingénieur de son pour le groupe de Meiway. Ce sont donc les musiciens de Meiway qui ont fait mon premier album ‘’ce jour-là » sorti en 1999 à Paris et puis au Bénin.

5- Après la sortie du premier album ‘’ce jour-là », vous vous êtes faites rare sur la scène musicale. Peut-on connaitre les raisons de votre pause musicale ?

Quelques jours avant la sortie de cet album mon premier amoureux m’a quitté. Il voulait faire de la politique et avoir une femme chanteuse, je ne lui correspondais plus, je n’étais plus assez pour lui. Il a fait son choix, il est parti. Je lui aussi souhaité bonne chance et j’ai continué à chanter.

Je pensais que ça allait passer tout simplement, mais ça m’a beaucoup affecté. Ça a atteint mon âme parce que moi je suis une personne entière. Quand j’aime, j’aime de tout mon cœur, de toutes mes forces et de tout mon âme. Pendant deux (2) ans, j’ai tenu bon, j’allais partout faire mes concerts. Quand je me retrouvais seule, je me sentais mal. Je rêvais de cette séparation-là depuis un an avant que ça arrive. Mais je ne voulais pas y croire.

Depuis toujours, j’entends des voix, ce sont les voix qui me soufflent mes chansons, parce que je n’ai jamais fait d’école de musique, je ne sais pas composer une chanson. Souvent quand je dors, dans mes rêves, je chante jusqu’à ce que je me réveille avec les chansons. J’ai toujours entendu des voix, mais là j’ai commencé à entendre d’autres types de voix qui me disaient qu’est-ce que tu fais encore en vie ou personne ne t’aime. C’était de la dépression et personne ne le savait jusqu’au jour où j’ai voulu vraiment en finir. Juste avant, quelqu’un m’a appelé. Il m’a dit Sandra je viens de faire un rêve où Dieu m’a dit de ne pas faire ce que tu envisages, parce que moi je t’aime. J’ai toujours cru en Dieu, mais je n’ai senti sa présence qu’à partir de ce moment-là dans ma vie. Cela a changé complètement mon destin. J’avais composé des chansons qui étaient comme des prémonitions. Quatre des chansons de l’album ‘’ce jour-là » parlent de ce qui allait arriver.

6- Quels sont les genres musicaux que vous explorez

Tout me tombe dessus. Je ne cherche rien dans ma vie. Tout ce dont j’ai besoin vient me trouver. Tout ce après quoi j’ai couru dans ma vie m’a échappé. C’est seulement ce qui vient me trouver qui marche pour moi. Donc il n’y a rien que je cherche. Quand j’ai besoin d’entendre quelque chose, je l’entends. Quand j’ai besoin de voir quelque chose, je le vois. Je passe quelque part, j’entends par hasard, une musique et ça me pénètre. Je suis très sensible.

7- Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?

Je chante la vie, l’amour, tout ce que les personnes autour de moi ont connu. Il faut que je ressente les choses avant de pouvoir les chanter. Il faut que ça me touche vraiment, que ça me traverse et là spontanément, je me lève une nuit ou en journée avec une chanson dans la bouche. Ça se fait en dehors du réel. Je ne m’assois pas pour dire, je veux composer tel sujet, ça me vient naturellement.

8-Pourquoi revenir sur la scène musicale après des années d’absence ?

J’ai arrêté en 2001. Après ma dépression, j’étais dans un mouvement d’autodestruction, parce j’allais interpréter ces chansons-là partout. Quand j’ai arrêté, je me suis mariée, j’ai fait mes enfants, je suis devenue infirmière. J’ai commencé à vivre une vie normale.

En 2019, je suis tombée malade 10 jours après l’accouchement de mon 4e enfant. Sur le lit d’hôpital, j’ai entendu une voix qui m’a dit que j’étais en train de lutter contre la volonté de mon âme. La voix m’a dit : accepte tes dons, dis oui à la vie et surtout retourne en arrière et va pardonner à ceux qui t’ont blessé. C’est grâce à cette voix que j’ai su qu’il fallait que je revienne dans la musique.

9- Quelle est l’actualité de Sandra Tchibozo Yabo

Dieu il est présent. C’est lui qui m’a poussé à faire mon nouvel album ‘’ Telle un phoenix » composé de 13 titres. L’album est sorti le 10 avril 2023, jour de mon anniversaire. Je fais actuellement la promotion sur mes réseaux sociaux Tiktok, Facebook, sur Instagram et YouTube.

10- Un mot à l’endroit de vos fans et de ceux qui vont vous découvrir

Je suis de retour et cette fois et pour toujours. Je l’espère puisque ça fait partie de mon chemin de vie. Je suis aujourd’hui femme, mère, infirmière, mais j’étais avant tout ça, une amoureuse de l’amour. J’espère qu’à travers moi, les personnes qui vont écouter vont ressentir quelque chose qui va leur apporter un petit brin d’espoir. J’ai besoin de chanter pour guérir. Pour moi, la musique c’est une source de guérison. Le message que je porte aujourd’hui c’est l’espoir, l’amour de la vie, l’amour des autres, l’amour de Dieu, c’est l’amour toujours l’amour.

Propos recueillis et transcris par Ayosso Akpédjé

Source : 24 HEURES AU BENIN

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