L’ambassadeur des Usa au domicile de Yayi: Un acte rarissime chez les diplomates étrangers

En dépit de la souveraineté du Bénin, des puissances étrangères auraient-elles œuvré pour que in fine les législatives du 8 janvier 2023 soient inclusives ? Cette question taraudait des esprits, et même si par prudence elle n’a pas été répondue par l’affirmative, la coïncidence de certains faits durant la période électorale oblige à ne pas non plus dire non tout de go. En effet, le voyage, mi-décembre, du chef de l’Etat béninois, Patrice Talon aux Etats-Unis pour la signature du compact régional avec son homologue du Niger puis la récente sortie de l’ambassadeur du pays de l’oncle chez l’ancien chef de l’Etat, Yayi Boni ne pourraient-ils pas constituer des éléments d’analyse ?  Sur le second acte, il semble être traité dans certains médias béninois comme une simple et banale visite de courtoisie à un ancien président de la République et médiateur de la Cedeao dans la crise Guinéenne. Mais à y voir de près, ce déplacement du diplomate américain en poste au Bénin intervient non seulement à la fin du processus électoral qui a connu pour la première fois sous le pouvoir de Patrice Talon, la participation des forces de l’opposition notamment le parti phare « Les Démocrates » dont Yayi Boni en est le président d’honneur, mais également au lendemain de la déclaration conjointe faite par les ambassadeurs du Canada, des États-Unis d’Amériques, du Japon, de la Suisse, et de l’Union Européenne au nom de ses Etats membres représentés au Bénin, qui se sont réjouis du déroulement « paisible, sécurisé et inclusif sur l’ensemble du territoire des élections législatives du 08 janvier dernier mais aussi de « l’entrée de l’opposition à l’Assemblée nationale et la présence d’un nombre significatif de parlementaires féminines » ; toutes choses qui selon eux «  renforcent la démocratie béninoise. ». Après tout cela, que Brian Shukan, ambassadeur des États-Unis près le Bénin se soit rendu à la résidence de la figure emblématique de l’opposition où il a été reçu, ce lundi 30 janvier 2023 en présence d’autres figures du parti, c’est un fait très rare sous les tropiques où les systèmes contraignent les diplomates étrangers à marcher sur des œufs. Sinon, combien de représentants de ces pays européens ou occidentaux, qui pourtant très regardants sur la démocratie et l’Etat de droit à l’instar des Usa, pourraient faire ou ont déjà fait un pas pareil ? Combien sont-ils à ne pas craindre de provoquer l’ire du pouvoir en place en allant chez son rival déclaré, et combien sont-ils à ne pas penser à une éventuelle expulsion du pays d’accueil suite à tel ou tel acte qu’on pourrait qualifier d’ingérence ? Ne peut-on donc pas oser dire que le diplomate américain a posé un acte audacieux en mettant à l’épreuve le système démocratique béninois ?

Mike M.