Le livre au cœur d’une table ronde à l’Institut français

L’Institut français de Cotonou organise plusieurs activités dans le cadre de l’édition 2024 du Mois de la Francophonie. Une table ronde sur « Editer et vendre des livres en Afrique francophone » a lieu dans la soirée de ce jeudi 14 mars 2024.

Dans un contexte de digitalisation et du numérique, le livre a-t-il toujours droit de cité ? Les auteurs vivent-ils de leurs œuvres ? Ces préoccupations ont été abordées au cours d’un panel animé par Koffi Attédé, directeur de la Bibliothèque nationale, Bill Yoclounon, écrivain, Nicolas-Etienne Sohou N’gan, spécialiste en gestion des industries culturelles, Zena Fadoul, directrice de la librairie SONAEC à Cotonou.

Le livre se vend-il au Bénin ?

Sur la question, Nicolas Etienne Sohou N’gan, spécialiste en gestion des industries culturelles fait savoir que lorsqu’on reste dans l’écosystème de la filière du livre, on a tendance à croire que ça se vend, mais une comparaison au plan économique suffit pour se rendre compte qu’il y a encore beaucoup chemin à faire. Ceci, en raison du peu de communication. « Très souvent les livres ne sont pas positionnés par rapport aux consommateurs. On se concentre sur la consommation sans viser la cible. Alors que pour pouvoir vendre du contenu, il faut savoir ce que la cible ou les lecteurs attendent, et utiliser une stratégie de communication qui puisse leur permettre d’être informés », a-t-il expliqué. A l’en croire, les accusations portées par les auteurs sur les consommateurs/lecteurs, ne sont pas fondées car, à l’analyse, l’on se rend compte que le consommateur/lecteur, n’a parfois pas connaissance du produit. D’où la séance de renforcement de capacités qui a permis d’identifier les meilleures stratégies de marketing permettant aux consommateurs d’avoir accès aux produits. Le spécialiste en gestion des industries culturelles a évoqué entre autres, la stratégie de e-mailing qu’on peut utiliser pour informer régulièrement les consommateurs ; la stratégie des réseaux sociaux, mais il faudra ici faire un peu attention, car, pour le spécialiste, on ne communique pas sur les livres comme on communique sur un autre produit. « Il faut vraiment faire attention au contenu qu’on va divulguer sur les réseaux sociaux », a-t-il souligné avant d’évoquer les stratégies de référencement payantes, et les stratégies de gratuites de référencement qui se basent essentiellement sur le contenu ; les stratégies d’opinion ou l’on renforce d’abord sa capacité ou son image auprès du consommateur (fidélisation) où l’on vend d’abord sa marque ; des stratégies de visibilité pour apporter de visibilité autour d’un produit ou d’une entreprise. Selon Nicolas Etienne Sohou N’gan, tout dépend des objectifs que l’on se fixe.

Différence entre le numérique et le livre physique

« Il y a une différence entre le livre numérique et le livre physique. Si on se concentre sur le livre numérique, on ne pourra atteindre que le marché numérique, des gens qui ont tendance à consommer le livre via un canal numérique », c’est ce qu’a souligné Nicolas Etienne Sohou N’gan. La conséquence selon lui, est qu’on perd la part de marché de ceux qui s’intéressent au livre physique. Le marché numérique et le marché physique sont des marchés différents et on ne peut pas se concentrer sur l’un des deux. Nicolas Etienne Sohou N’gan recommande donc de partir des stratégies propres à chaque marché. En terme de stratégies, il estime qu’on peut faire la promotion numérique des livres et permettre à ceux qui veulent avoir le livre physique de passer d’abord la commande, avant qu’on ne passe au tirage. Une stratégie qui évite de faire des tirages, des stocks qu’on n’arrive pas à écouler parce que sur les marchés, il y a plus de consommateurs numériques que de consommateurs physiques.

Pour le directeur de la Bibliothèque nationale, le numérique est un allié du livre. « C’est un outil qui bien exploité, peut renforcer l’intérêt des lecteurs, les plus jeunes notamment pour le livre », a souligné Koffi Attédé. A l’en croire, le numérique, ou le processus de digitalisation qui se généralise aujourd’hui au Bénin ne constitue pas une menace pour le livre. Bien au contraire, il s’agit de savoir l’utiliser pour diffuser davantage avec les réseaux sociaux notamment, les différents outils et applications, les plateformes qui peuvent se développer, aussi bien pour la vente, que pour la diffusion, la promotion qui, bien utilisés, peuvent toucher le public.

Le directeur de la Bibliothèque nationale a évoqué à l’occasion, la stratégie mise en place par la bibliothèque qu’il dirige pour faciliter l’accès du public à l’information documentaire. Il a évoqué le développement d’un système d’informations qui permet aux lecteurs de consulter le Fonds documentaire de la bibliothèque nationale dont le site principal est à Porto-Novo. En dehors du site, il y a également l’ensemble des sites à l’intérieur du pays, a-t-il informé.

Les activités du Mois de la Francophonie vont se poursuivre ce vendredi 15 mars avec un hommage à Camille Amouro. Une table ronde sur son œuvre dramaturgique + lecture théâtralisée est prévue pour 18h.

F. A. A.

Source : 24 HEURES AU BENIN

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