Lionel Zinsou se prononce sur le financement de la lutte climatique en Afrique

L’ex-premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou s’est prononcé sur l’aide au financement de la lutte climatique en Afrique lors de la seconde édition du Forum Europe Afrique à Marseille du 15 au 16 mai 2023.

L’Afrique n’émet que 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais elle est confrontée aux effets néfastes des changements climatiques. L’aide au financement de la lutte climatique en Afrique est toujours d’actualité. Selon l’ex-premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, rapporté par Africa Presse Paris, c’est une question d’équité. « L’Afrique fait ses propres efforts. Les concours de la diaspora africaine ont dépassé 100 milliards de dollars par an, c’est-à-dire une fois et demie le total de l’aide publique au développement, [qui] reste qualitativement et un peu quantitativement utile, il n’y a pas de doute, mais ce n’est pas le dilemme », a-t-il déclaré. Il note les effets des changements climatiques en Afrique en citant la montée des eaux dans la région de Saint-Louis du Sénégal et la sécheresse, au Soudan, en Éthiopie et aussi au Maroc. Les Etats pollueurs avaient promis une aide annuelle de 100 milliards de dollars au pays africains pour les accompagner dans leur lutte contre le réchauffement. Cette promesse pas encore tenue, a fait l’objet de débat lors de la COP 27, à Charm el-Cheikh.

Le Bénin émet 0,6 tonne (T) par habitant de gaz à effet de serre, l’Ouganda 0,1 t, la Tanzanie 0,2 t alors que les États-Unis en sont à 12,6 t et la Chine à 32,9 t. « On a donc un vrai sujet d’équité, de justice climatique, et on va finir par imposer un modèle africain », a affirmé Lionel Zinsou.

Le cofondateur du fonds panafricain SouthBridge a aussi abordé la question des ressources pour financer la transition climatologique. Il s’est réjoui de l’organisation du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. L’événement qui sera organisé les 22 et 23 juin à Paris a été annoncé par le président français Emmanuel Macron. Le but entre autres est de mobiliser des financements innovants pour les pays vulnérables au changement climatique. Lionel Zinsou a souligné dans son intervention le rôle « des philanthropes, devenus des acteurs très importants, par exemple la Fondation Bill et Melinda Gates, ou encore la MasterCard Foundation ou le Rockefeller Center. Nous travaillons beaucoup avec eux ». Mais, notifie-t-il, les actions de ces acteurs ne peuvent combler les besoins de financement. Il précise que « c’est l’Afrique qui finance l’Afrique, continent ayant le taux d’épargne le plus élevé au monde ».

L’ex-premier ministre du Bénin cite également comme source de financement l’aide publique et les crédits sous toutes leurs formes. « En fait, notre problème en 2023, c’est que les marchés financiers ont tellement peur du risque qu’ils ont encore augmenté leur perception du risque africain. Et donc on ne peut pas aller sur les marchés. On va passer une année difficile, compliquée. Cela va retarder notre transition énergétique parce que les marchés nous sont fermés, ou à des prix exorbitants », analyse-t-il.

Pour lui, il faut innover. « On est en train de le faire, de marier des philanthropes avec des banquiers de développement pour attirer le privé. En leur donnant des garanties et en prenant des premières pertes sur les crédits, on essaye de fabriquer du financement mixte où les philanthropes sont assez importants puisqu’ils font des dons », a relevé Lionel Zinsou. Aussi, poursuit-il, l’Union européenne est très importante parce qu’elle aussi fait des dons. « Ces dons servent de levier en permettant de dé-risquer les économies africaines, tandis que les crédits carbone augmentent le rendement. Si l’on réussit, nous aurons des liquidités privées. C’est ce que nous sommes en train d’essayer de faire en cette année 2023. Et moi, j’y crois beaucoup ! », a-t-il ajouté.

A.A.A

Source : 24 Heures au Bénin

Laisser un commentaire

Au quotidien

avril 2024
L M M J V S D
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
2930  

Archives