Petite virée nocturne au Cœur du Capitalisme Sauvage: Mon coup de cœur littéraire pour l’indépendance

Chères Amazoniennes et chers Amazoniens,

 Nous sommes au crépuscule du mois de juillet 2023. En cette nuit oppressante nous séparant, de quelques jours, de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, je suis encore tiraillée entre mon nouveau statut d’insomniaque dans mes lieux actuels que j’ai mentalement érigés en havre de méditation et une persistante et lancinante douleur, à l’omoplate.  L’atrocité de cette douleur convertit, en chemin de croix, chaque tentative de mouvement, toute motricité de mes membres supérieurs. Dieu ne manque pas d’humour lorsqu’Il nous appelle ! Il s’assure bien de nous produire des signes perceptibles à nos sens charnels, en ce qu’Il les avait déjà Lui-même présentés à l’humanité depuis plus de deux millénaires. Perçoive qui pourra!

 

Ô doux Jésus, je n’ose pas imaginer les dégâts de ce fichu bois de pin sur ton épaule! Aujourd’hui je peux à tout le moins décrire le calvaire que l’on peut ressentir à l’omoplate ployant sous le poids des coups de la vie. Mais certainement pas autant que Toi. Toutefois la localisation et la nature des maux restent les mêmes. Seule l’échelle diffère selon le cas.

Face à une telle souffrance dans la nuit profonde, que faire? Il faut prier. Oui, il n’existe pas autre option en supplément ici. Mais alors que la guérison est déjà acquise par la foi – j’en suis persuadée – elle n’est, pour autant, pas encore manifestée en apparence. De guerre lasse, je ne peux désormais que choisir entre languir, geindre ou laisser s’échapper mon esprit. Qu’ai-je choisi selon vous chers amazoniens? Pas cornélien cette devinette, j’en conviens!

Bientôt les aurores de la commémoration de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Le hasard du calendrier me conduit à partager avec vous un coup de cœur littéraire. En cette occasion propice à la réflexion, la découverte, l’amour et la prospective, permettez-moi de vous présenter « LES NOUVEAUX MAÎTRES DU MONDE ET CEUX QUI LEUR RÉSISTENT » de l’éminent penseur et ancien Rapporteur de l’ONU, JEAN ZIEGLER, publié en l’an 2002. Un ouvrage, d’une pertinence à peine égalée en la matière à ce jour. À l’issue de ses travaux, Jean ZIEGLER a volontairement pris le parti de sonner le glas devant résonner autrement dans le cognitif, à notre époque troublante.

De celle qui m’a offert le chef d’œuvre, j’aimerais également évoquer les traits, une vraie perle de la nature. Cependant je ne le puis tel je le souhaite, histoire de la préserver de toutes représailles. Elle se reconnaîtra à travers ces lignes et comprendra de ce fait que je lui dresse les oripeaux de mon amour, pour ses délices pavoisant ma vie, ces deux dernières années. D’autant que nous n’étions même pas proches avant mon infortune. Une jeune sœur, une valeur vierge pour le Bénin. Elle allie toutes les caractéristiques intrinsèques et physiques que j’admire chez la femme. MERCI frangine N., où que tu sois! Tu connais ma prière pour toi.

Venons au cœur d’un essai captivant à la suite d’un diagnostic pour le moins pathétique!  Jean Ziegler éclaire avec perspicacité les rouages du monde contemporain, dévoilant la montée fulgurante des oligarchies exquises qui dominent le capital financier spéculatif mondialisé. Surnommés les « prédateurs » par l’auteur, ces héritiers des dominants traditionnels exercent leur emprise sur l’économie depuis des siècles, maniant avec maestria les ficelles de la richesse et du pouvoir. Vous serez stupéfaits d’apprendre que près de 90% des 1 000 milliards de dollars échangés quotidiennement circulent entre les mains de ces entreprises cosmopolites telles que Microsoft, l’Union de banques suisses, la Société Générale de Banques, General Food, et bien d’autres encore.

La prise de conscience de cette réalité est importante dans un monde où 200 de ces colossales firmes ont le pouvoir de contrôler près de 28 % de la production mondiale de richesses. Avec dextérité, Jean Ziegler souligne que l’histoire a un dessein, celui d’une société humaine guidée par la raison, où l’Homme prime sur le capital. Malheureusement, la réalité nous révèle sans surprise un tout autre visage, où l’idéal du gladiateur, assoiffé de profits rapides, prend le pas sur les nobles valeurs des Lumières: solidarité, humanisme, réciprocité et complémentarité entre êtres et nations. Le contrat social, la capacité normative de l’État, la souveraineté populaire, tout est remis en question par un capitalisme débridé, ignorant toute moralité au profit de l’autorégulation du marché.

Vingt ans après la publication de ces chiffres alarmants, dont sont complices le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et autres institutions selon l’auteur, la tendance n’a guère modifié sa trajectoire. Les indicateurs persistent dans le rouge, et le tableau de la faim dans le monde demeure contrasté. En 2022, 9,2 % de la population mondiale (735 millions de personnes) ont souffert de faim chronique, tandis que l’insécurité alimentaire a touché 2,4 milliards d’individus, soit 29,6 % de la population. Ces inégalités mortelles pour l’avenir de notre monde sont la conséquence d’une extrême concentration des richesses, du pouvoir et de l’influence d’une poignée de personnes morales et physiques, ayant des effets pernicieux sur le reste de l’humanité.

Pourtant, dans cette nuit moribonde mais étoilée, Jean Ziegler discerne un éclat d’espoir au sein d’une nouvelle société civile planétaire. Telle une mystérieuse « fraternité de la nuit », émergeant des ombres pour résister aux maîtres du monde, des organisations ouvrières et syndicales, des ONG et des mouvements paysans, tels que Via Campesina, portent l’étendard de l’équité pour les plus démunis du tiers-monde. Une lueur d’espoir se profile dans les rues de Porto Alegre, l’anti-Davos, et récemment à Florence en Italie, où cette force inattendue se dresse face à la démesure du pouvoir d’un capitalisme sauvage.

Personnellement, ma conviction profonde, celle que je défends à vos oreilles depuis plus de deux décennies, demeure que la mobilisation citoyenne, l’union des diversités venant d’en bas pour éclairer les instances décisionnelles, constitue le moteur de changements sociétaux qualitatifs. Ces inégalités, dangereuses pour le vivre-ensemble et potentiellement fatales pour l’avenir de tous, méritent d’être combattues dans le dialogue et avec détermination. Je vous invite donc à vous plonger dans cette œuvre exceptionnelle, « Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent ». Elle nous informe et éclaire nos esprits tout en guidant nos pas vers une compréhension plus édifiante du monde qui nous environne.

Que pensez-vous d’une telle problématique? Faites-nous l’honneur de partager avec nous vos lectures du moment ou celles qui vous ont le plus marqué.

Pour ma part, je serai en réflexion avec vous ce 1er août 2023, plaise au Ciel.

Dieu nous bénisse toutes et tous, enfants du même pays, habitants de la même planète Terre!

Reckya MADOUGOU

#ToutExpire

Source : Matin Libre

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