Pour une démocratie au service du développement humain: L’IAJP et Coris Bank international engagent le débat

L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) a organisé, jeudi 13 juillet 2023, et ce en partenariat avec Coris Bank international Bénin, sa conférence sociale trimestrielle. L’activité qui a réuni autour de l’orateur principal, le Professeur Philippe Noudjènoumè, sous la modération du journaliste Gédéon Vègba, des acteurs de la société civile, des cadres politico-administratifs, des étudiants et autres citoyens, s’est tenue au Centre Chants d’oiseaux de Cotonou.

 

« Promouvoir une démocratie au service du développement humain : une question des droits de l’homme ». C’est le thème de la Conférence. Pour traiter la question, le communicateur, le professeur Philippe Noudjènoumè est parti des précisions terminologiques, et conceptuelles pour aboutir au rapport dialectique entre la démocratie, le développement et les droits humains.

Pour le communicateur, la définition de la démocratie qui stipule le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, même s’il a l’avantage de la simplicité, charrie en même temps toutes les lacunes et insuffisances. Car, fait-il savoir, la notion du peuple n’est pas maîtrisable, le peuple lui-même étant en constante évolution et ne revêt pas la même signification, ni la même portée, ni le même contenu à chaque étape de l’évolution politique des sociétés.

Ainsi, à travers les variétés des réalités et des théories, des systèmes démocratiques sur la planète, il avance  comme définition pour la démocratie,  le système dans lequel le peuple, dans sa majorité, choisit son système politique, établit les règles d’évolution du pouvoir, permettant d’évaluer et de désigner à échéance retenue, les dirigeants qu’il aura le moment choisi, intervient au besoin directement sur le choix politique, soit pour le respect de règles existantes, soit pour l’établissement de nouvelles règles, lorsque ces dernières apparaissent caduques ou désormais dépassées par la vie sociale et politique. Seulement, affirme-t-il, le consensus comme accord de tout le monde avec tout le monde est impossible, car lorsque l’on transpose la notion dans les domaines économique et juridique, les réalités diffèrent. Il émet le doute sur la réelle séparation des pouvoirs, le multipartisme, et les élections libres en démocratie, en l’occurrence en Afrique. L’orateur distingue la démocratie à minima, où est exclu le peuple réel, une démocratie dite représentative avec la notion floue de souveraineté nationale, une démocratie où l’électeur n’exerce aucun contrôle sur l’élu, et celle populaire, prônée par Rousseau, mais minoritaire depuis des siècles.

Selon le professeur, la limitation des mandats n’est qu’une question secondaire en démocratie, en témoigne les exemples du Royaume Uni et de l’Allemagne. Seulement, insiste-t-il, « quand on le limite, il faut le respecter ».

Démocratie, développement économique et droits humains

Le communicateur définit le développement économique, comme l’ensemble des changements ou mutations économiques intervenant dans une société, qui consistent en mutations matérielle, démographique, culturelle, intellectuelle et sociale. Quant aux droits de l’homme, ou droits humains, du point de vue général, ils sont des prérogatives reconnues à un individu, pour son existence en tant que personne humaine et son épanouissement en société.

Seulement pour lui, la notion de droits de l’homme varie dans le temps et dans l’espace en ce sens qu’au cours d’une période donnée, l’esclave n’est pas considéré comme un homme encore moins le Noir par certains.  Ainsi on est passé des droits de la première génération, liés aux libertés, aux droits de la deuxième génération relatifs au développement économique, puis à ceux de la troisième génération qui concernent beaucoup plus le droit à un environnement sain.

Selon ses propos, le lien entre la démocratie politique et le développement n’est pas automatique. Parce qu’il faut distinguer la démocratie économique qui n’est pas encore une réalité au Bénin et la démocratie politique.

Démocratie et droit de l’homme

La démocratie implique dans ses paramètres, une grande dose de liberté et par conséquent, un grand déploiement des droits de l’homme. Mais la démocratie touchant au régime politique, engage plutôt les droits de l’homme de la première génération, notamment le droit à la liberté…mais pas à la deuxième génération, c’est-à-dire les droits économiques et socio-culturels, a-t-il signifié.

Développement et droit de l’homme

Le développement n’entraîne pas automatiquement le respect des droits a signifié le professeur. En témoigne dit-il, l’inégale répartition des richesses dans les pays les plus développés et pourtant modèles de démocratie. L’objectif des États, signale-t-il, c’est de produire pour enrichir une minorité, sur la base du travail, de la misère et de la paupérisation de la majorité.

Il préconise lui, la production de la richesse pour la satisfaction des besoins sans cesse croissants des hommes : « En œuvrant à produire, pour la satisfaction des besoins de l’homme, on parvient au développement », souligne-t-il.

Des mesures pour atteindre le développement

Pour atteindre un réel développement basé sur la satisfaction des besoins de l’homme, Philippe Noudjènoumè recommande l’instauration d’un régime des libertés individuelles et collectives ; la lutte efficace contre l’impunité, la corruption, le pillage des ressources nationales ; une amnistie générale et la libération des détenus politiques ; le retour des exilés politique ; la suppression de toutes les lois et les décrets liberticides et d’exclusion sociale. Il préconise par la même occasion, le règlement de la question de la faim, la révision à la baisse ou la suppression des impôts et taxes, l’obligation de soins à portée de tous, la consommation des produits locaux et le règlement des questions de l’injustice sociale dont notamment l’analphabétisme.

Au terme de la conférence, le directeur de l’Iajp a reconnu et salué un « cours » de haut vol écouté avec joie et grande espérance. Une espérance qui en l’en croire, va à la réalité nucléaire de la démocratie, détachées de ses expressions contemporaines, et des différents avatars provoqués par les grandes puissances mondiales. Le Père Arnaud Éric Aguénounon a promis maintenir le cap, en vue de faire de l’Iajp, un espace neutre de dialogue et de recherche de la vérité sociale et de recommandation, plaçant l’homme au cœur des préoccupations.

Th. A.

Source : Matin Libre

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