Professionnalisation du sport au Bénin : Malick Fassinou élevé au grade de Docteur en Management du Sport

C’est devant un jury international que l’impétrant Amour Malick Fassinou a présenté les résultats de ses travaux sur «La gouvernance des clubs de football au Bénin : Enjeux et défis d’une perspective de professionnalisation. C’était jeudi, 28 mars 2024, à l’auditorium Djinadou Raouf de l’Institut national de l’éducation physique et sportive (INEPS) de Porto-Novo. Ceci, en présence du Conseiller technique du Ministre des sports, Jean-Marc Adjovi-Boco

Le présent travail réalisé sous la houlette du Professeur Emile-Jules Abalot et du Docteur Antoine Hounga tire sa source des échecs répétés des clubs et les difficultés de fonctionnement interne qui tournent autour des salaires et primes peu réguliers, des mauvaises conditions de vie des athlètes et des encadreurs, des crises internes au sein des bureaux et autres. L’objectif fixé était de déterminer l’approche de gouvernance permettant d’optimiser les performances des clubs de football au Bénin. Au nombre de ses performances poursuivies dans le milieu sportif, il y avait les performances sportive, économique, sociale et sociétale.

La thèse de Fassinou Amour Malick Enagnon pose le problème de : Comment le Bénin peut-il passer harmonieusement et sans heurt de la logique purement sportive prônée par le sport amateur à la logique économique du sport professionnel ? Pour résoudre ce problème, l’attaché de recherche a mené ses investigations sur un ensemble de clubs de football triés suivant l’ancien format de championnat de D1 au nombre desquels les Dragons de l’Ouémé, les Buffles du Borgou, Béké Fc, l’AS Tonnerre, Loto FC (ex ESAE FC), la JS Pobè, Ayema FC, l’ASPAC et Energie FC. Les données relatives à la réforme des sociétés sportives ont été également exploitées pour être en phase avec l’évolution de l’écosystème sportif béninois tout au long des investigations. En dehors des acteurs internes des clubs, les investigations ont été aussi menées au niveau des institutions de tutelle mais également au niveau des personnes ressources retenues pour leurs connaissances et leurs capacités à analyser l’activité des clubs dans l’environnement béninois.

Les résultats sportifs démontrent que les objectifs pas toujours précis, la structuration actuelle des clubs peu adaptée, les profils des acteurs parfois en dessous des exigences du haut niveau, les conditions de vie et de travail des sportifs de même que le problème de financement sont des éléments permettant à l’impétrant d’affirmer que la gouvernance des clubs au Bénin n’est pas en accord avec les exigences du professionnalisme. Les performances sportives catastrophiques à l’échelle continentale, des facteurs tels que l’arbitrage et les pratiques occultes sont également cités comme des éléments interférant sur les performances des clubs à l’échelle locale biaisant certaines fois l’ordre de mérite à l’issue du championnat national. Sur le plan économique, il n’existe véritablement pas de modèle d’affaire plongeant les clubs dans des déficits budgétaires à chaque saison ce qui s’apparente à de la philanthropie pour les présidents-mécènes. Au plan social, les activités des clubs participent à la création de l’emploi même si ceux-ci sont jugés précaires de même que l’impact sociétal qui peut davantage être meilleur. L’impétrant a ainsi faire comprendre à l’assistance que la gouvernance actuelle ne facilite pas également la production d’une bonne performance.

Quid des approches des solutions… 

Pour y remédier, le tout nouveau Docteur préconise un renforcement du capital humain de tous les acteurs impliqués avec des offres de formation diversifiées et tournées vers les nouveaux métiers indispensables dans un système professionnel ; travailler à une meilleur restructuration des institutions à caractère sportif et des compétitions sportives ; une codification du sport actuelle et adaptée aux réalités béninoises ; la mise en place d’une structure de contrôle de gestion des clubs de football ; une meilleure implication des parties prenante et des médias ; une orientation vers les autres sciences telles que l’éducation, la santé, l’économie, le droit. Cette démarche participera à obtenir à moyen et à long terme, des footballeurs de qualité, un spectacle de qualité qui constituent l’essentiel de la chaîne des valeurs dans le secteur du sport. L’aboutissement constituera une plus-value à l’économie béninoise, une source de création d’emplois et de reconversion pour les anciens athlètes mais il faudra prévenir les dérives. Tout en reconnaissant les efforts qu’effectuent au quotidien le ministre de tutelle, la fédération, les présidents de clubs, les footballeurs, les entraîneurs et la contribution du public,  l’impétrant estime que la professionnalisation du sport au Bénin doit être analysée comme un phénomène progressif (et non spontané), qui part d’un modèle de sport amateur mieux organisé et mieux orienté où ceux ayant les meilleurs aptitudes émergent pour devenir professionnels. Elle doit être pensée au-delà du sport pour s’appuyer sur d’autres champs connexes et intégrer l’atteinte des Objectifs du Développement Durable.

Le jury composé d’enseignants-chercheurs de l’université d’Abomey-Calavi, de l’Université de Lomé, de North Western University au Qatar et de New York University après examen a accepté d’élever Amour Malick Enagnon Fassinou au grade de Docteur de l’Université d’Abomey-Calavi en Sciences et techniques des activités physique et sportive (Staps) dans la spécialité Management du Sport avec la mention «Très Honorable».

M.M.