Retrouvailles des fils et filles de Tori: Historique de la fête de Torixwé

Les fils et filles de Tori-Bossito seront en fête du 21 au 25 Juin prochain. L’édition 2023 de la fête Torixwé est placée sous le parrainage de l’Honorable, Doyen d’âge de l’Assemblée nationale 9e législature, Dah Mètoffodji Vidjinnagni. Le comité d’organisation, avec à sa tête Modeste Chincoun est à pied d’œuvre pour une fête réussie. Mais de la 1ère édition jusqu’à aujourd’hui, 65e, le Torixwé a une histoire.

 

Aux dires du président de l’Association Torixwé, Modeste Chincoun, la fête de Torixwé fait partie du registre des premières fêtes communautaires célébrées au Bénin. C’est une fête qui réunit une communauté autour d’un intérêt commun qu’elle partage. Il peut s’agir de la culture, de la langue, du territoire ou d’autres centres d’intérêt commun aux membres de la communauté. La particularité de Torixwé est qu’elle se démarque des nombreuses autres fêtes identitaires centrées, soit sur une culture, soit sur une langue. Torixwé mobilise la communauté autour du territoire « TORI », sans distinction de culture, de race, de langue et de religion.  « C’est là toute sa richesse et sa force.  Cet héritage qui nous est légué les pères fondateurs depuis 1958 mérite d’être préservé pour la prospérité », souligné Modeste Chincoun.

Une fête patronale et communautaire

L’histoire de Torixwé a commencé avec l’implantation progressive du christianisme depuis la période de la traite négrière transatlantique où des célébrations socioculturelles laïques ont été instituées. C’est le cas de Nonvitcha à l’occasion de la pentecôte, la fête du peuple Mahi ou fête de l’igname à Savalou à l’occasion de l’Assomption, la fête des guns du Benin et du Nigeria à l’occasion de l’Epiphanie.

S’agissant de la commune de Tori-Bossito, la fête de Torixwé est intimement liée à celle de l’Eglise catholique Saint Jean Baptiste de Tori-Bossito. Tout est parti des activités commerciales et agricoles que menait Juan Joao de SOUZA entre Ouidah et Tori-Bossito. Ce dernier a fini par s’établir définitivement à Tori-Bossito. Sa résidence représentait le premier immeuble à étage construit dans le village. Au cours de son séjour, il constata que le village Tori-Bossito n’avait pas un lieu de culte catholique. Il décida de se lancer dans l’évangélisation en organisant des séances de catéchisme. A cette époque, deux communautés religieuses étaient présentes : les chrétiens catholiques et les adeptes de la religion endogène. Ces deux communautés vivaient dans une parfaite symbiose. Les enfants et les parents des adeptes du vodoun, participaient aux cultes catholiques. Tori-Bossito était une station du Grand séminaire de Ouidah. Les cultes de dimanche étaient célébrés par des prêtres du Grand séminaire.

Les deux communautés décidèrent, sous l’initiative de Juan Joao de Souza, de construire l’édifice de l’Eglise catholique avec le soutien de la diaspora de Tori-Bossito résidente à Cotonou ; ce qui fut fait. Et pour rendre hommage au précurseur de la construction de l’Eglise, il a été décidé de lui donner son nom. D’où la dénomination San Juan (en portugais) qui signifie Saint Jean Baptiste (en français). L’Eglise est érigée en paroisse en 1958 et devient paroisse Saint Jean Baptiste de Tori-Bossito. La date de célébration du Saint Patron de l’Eglise étant le 24 juin, la communauté chrétienne de Tori-Bossito décida de fêter sa fête patronale tous les 24 juin. Pour permettre aux non-chrétiens catholiques de ne pas rester en marge de la réjouissance chrétienne du 24 juin, il a été décidé sous l’initiative de la diaspora de Tori-Bossito à Cotonou, d’instituer la fête de Tori qu’ils ont appelé Torixwé et de la faire coïncider à la fête patronale Saint Jean Baptiste.  Pendant les manifestations de Torixwé, on mange du maïs et de l’arachide.

Les précurseurs

Selon les témoignages reçus, le top de la célébration de Torixwé est lancé par la diaspora de Tori-Bossito à Cotonou et le point de ralliement de la fête était le Bar Restaurant la « Coquète » de Feu Papa Paul Ayédadjou située au départ à Aticanmè puis à Saint Michel.

Ainsi, les fidèles chrétiens des stations de l’église catholique relevant de la paroisse Saint Jean Baptiste de Tori-Bossito, à savoir Tori-Gare, Tori-Cada, Kpovié, Acadjamè, Azohouè-Cada venaient à Tori-Bossito pour célébrer Torixwé et la fête patronale Saint Jean Baptiste ensemble avec leurs frères de Tori-Bossito.

Selon Modeste Chincoun, Torixwé renforce la fierté locale et la cohésion des membres de la communauté. Des personnes d’origine ethnique diverse, de catégorie sociale et d’âge différents sont amenées à mieux se connaitre, car elles se réunissent pour participer à un événement destiné à célébrer leur communauté. La fête était régulièrement célébrée de 1958 à 2002 où la commémoration de la fête n’était plus régulière jusqu’en 2012, du fait de la disparition de certains acteurs clés de son organisation. On peut citer les feus Cyprien Donkpègan, Honoré Cougbè, Pr Alexis Hountondji et d’autres comme feu Professeur Fabien Houngbé. C’est à partir de 2013, soit après dix ans de léthargie, que sous l’impulsion de l’Honorable Dah Vidjinnagni et de certains cadres natifs de Tori-Bossito, que la commémoration de Torixwé a repris de plus belle à ce jour.

Bertrand HOUANHO

Source : Matin Libre

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