Rupture de Patrice Talon: Ces dossiers publics que seuls les initiés du couvent savent

(Du « Vous allez en souffrir, mais ne pourrez rien faire ? »)

Avouons-le, et au risque de se tromper, en terme de communication et de propagande, aucun gouvernement au Bénin n’a encore égalé la Rupture.  Au-delà des médias traditionnels qui sont, dans la quasi-totalité, acquis à sa cause, il y a plusieurs plateformes digitales (nouveaux médias) qu’elle a investies. Et si le pouvoir de Yayi Boni pense battre celui de Patrice Talon dans les tournées d’explication aux populations sur les réalisations ou des conjonctures, c’est qu’il n’a pas alors suivi les descentes effectuées, sur le terrain, en temps de Covid-19 et de cherté de la vie, par des députés, ministres et collaborateurs du président Talon. Le souci d’informer et plus est bien perceptible. Avec la presse locale, il y a même des séances hebdomadaires, les vendredis, avec le porte-parole du gouvernement pour un service après-vente du compte rendu du conseil des ministres des mercredis y compris d’autres questions d’actualités qui préoccupent les journalistes. Et transparence oblige, des documents ou rapports sont téléchargeables sur des sites de ministères et autres institutions de la République. C’est d’ailleurs dans ce cadre que l’opinion nationale et internationale a pu prendre connaissance d’un premier rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds Covid par le ministère de l’Economie et des finances. Un rapport qui a suscité de tollé et qui a été rectifié bien plus tard. Cependant, en dépit de ces efforts, l’on est tenté de se demander si le pouvoir de la Rupture ne choisit pas de communiquer sur ce qui l’arrange ? Loin des secrets d’Etat ou des secrets défense, des informations auxquelles le public a droit, conformément aux dépositions légales, ne lui sont pas fournies. On en fait un tabou ou lorsqu’on tente de les fournir, on se lance dans un micmac, et in fine, rien de concret. Cet accès difficile à l’information officielle sur certains projets et contrats d’État a été d’ailleurs dénoncé par Jean Baptiste Élias le 9 juin 2023 au cours d’un atelier dit d’opérationnalisation du cadre de concertation des acteurs de lutte contre la corruption, organisé par la Commission béninoise des droits de l’Homme (Cbdh). Cet acteur influent de la société civile, président du Fonac et ancien président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) à la faveur de sa communication qu’il a présentée sur l’état des lieux de la lutte contre la corruption au Bénin, a vu cette rétention de l’information comme un frein à la mission de veille des Organisations de la société civile. « Nous avons une loi qui dit qu’on doit avoir l’information, nous avons une loi qui dit que les autorités doivent communiquer les informations. Aujourd’hui, mes collègues de la société civile : Social Watch et Alcrer ont demandé depuis 2018 des informations sur l’asphaltage. Pas de réponse depuis 2018 ; ont demandé des informations sur le leasing, pas de réponde jusqu’à ce jour ; ont demandé des informations sur le Port autonome de Cotonou avec les contrats qu’on a signés avec les Belges. Pas de réponse à ce jour. Je continue. Ce qui est encore à mon avis très important, c’est que le président de la Cour constitutionnelle a écrit au président de la République, par trois fois, pour demander à avoir le salaire des ministres, pas de réponse, par trois fois. Le président de la Cour constitutionnelle a écrit au ministre de l’Economie et des Finances pour demander le bulletin de salaires des ministres, par trois fois, pas de réponse jusqu’à ce jour », martèle Jean-Baptiste Elias dans un élément sonore diffusé par la web radio, Crystal News. Un autre point sur lequel la Rupture n’a pas prouvé sa transparence, c’est les déclarations de patrimoine : « Tout à l’heure quand nous allons parler des déclarations de patrimoine, l’article 8 de la Convention des Nations Unies qui parle bien de ce document pour que nous puissions l’avoir, et aujourd’hui tout est supprimé ; plus personne n’est astreint à cela. Il y a problème. Donc ça fait partie des insuffisances ». Et pour ceux qui douteraient de ses propos, le président du Fonac déclare : « J’ai tous les papiers de ce que je dis, ici dans cette salle y compris la décision de la Cour constitutionnelle ; j’ai tout ça dans la salle ici. Alors, ça fait un problème ». Voilà qui vient relancer le débat sur les salaires du chef de l’Etat, de ses collaborateurs et le coût de certains projets de grande envergure qu’exécute le gouvernement au profit de la population béninoise. Jusque-là, ce sont des affaires de couvent que visiblement seules certaines têtes privilégiées, initiées maitrisent. Et pourtant, ce sont les impôts et taxes du contribuable qui servent à cela. N’a-t-il pas de raison qu’il en soit informé ? Pourquoi la huitième législature (monocolore) n’a pas jugé utile d’interpeller le gouvernement sur ces questions ? Les députés Union progressiste le Renouveau et Bloc Républicain, au nom des populations qu’ils représentent, sont attendus sur ces chantiers. Les Démocrates, possiblement. Mais la Mouvance ne va-t-elle pas voir à travers une interpellation du gouvernement par ces députés de l’opposition qu’ils en font trop ?

Worou BORO

Source : Matin Libre

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