Sanctions de la Cedeao contre le Niger: L’Up-R et le Br muets

Le Bénin adhère aux sanctions de la Cedeao contre le Niger. Patrice Talon et son gouvernement entendent œuvrer pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger, quoi qu’en soit ce que cela peut coûter à l’économie béninoise. La manifestation de cette volonté se lit aux frontières bénino-nigériennes avec plus de 600 camions remplis de marchandises en stationnement. A cela s’ajoute la probabilité d’envoi de soldats béninois, si c’est l’ultime option de la Cedeao. La situation ne laisse personne indifférente. Sur les réseaux sociaux, les débats tournent autour de la position du Bénin, de ce que Patrice Talon devrait faire ou pas. L’opinion publique est de plus en plus défavorable à toute option militaire. Pour certains, le Bénin ne devrait même pas aller jusqu’à fermer ses frontières, le Niger étant le 1er client du Port autonome de Cotonou. Dans les parlements africains, le débat est tout aussi houleux. Mais jusqu’à ce jour, aucun consensus ne se dégage en faveur de l’envoi de troupes de la Cedeao pour rétablir le président déchu dans ses fonctions. Au Sénégal, par exemple, les parlementaires disent être contre les sanctions dures contre le peuple du Niger. Pour eux, l’adhésion du Sénégal à la Cedeao s’est d’abord faite sans référendum, ce qui ne signifie pas que c’est un blanc-seing accordé à un syndicat de chefs d’Etats pour décider une guerre. Le Sénat nigérian n’est pas non plus favorable à l’envoi de troupes.

 

Au Bénin, le parlement n’est pas en session. Mais cela n’a pas empêché le parti d’opposition Les Démocrates, qui compte 28 députés, de donner son point de vue. Dans une déclaration, le parti Les Démocrates condamne et regrette la résurgence et la prolifération des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest. Si pour le parti de l’ancien président Boni Yayi, ces coups de force sont la conséquence d’une gouvernance d’injustice, de privation de liberté, l’exploitation des populations, la confiscation des institutions, l’obstruction à l’expression de la volonté populaire, l’exclusion et le tripatouillage des Constitutions, il recommande aux autorités du Bénin de savoir raison garder et de faire preuve de réalisme politique et économique dans la prise de décision. A la Cedeao, le parti Les Démocrates demande de privilégier le dialogue et la diplomatie. Même son de cloche du côté de la Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Le parti de Paul Hounkpè invite le chef de l’Etat à « prioriser la voie de la diplomatie et du dialogue avec les putschistes pour un rétablissement rapide de la situation au Niger ».

Le mutisme des partis de la mouvance

Dans ce débat, les voix des partis siamois se réclamant du chef de l’Etat sont restées inaudibles. Ni l’Union progressiste pour le Renouveau (Up-R), ni le Bloc républicain (Br) n’ont jusqu’à ce jour senti le besoin de dire ce qu’ils pensent des sanctions déjà décrétées par la Cedeao et la probabilité d’une solution militaire. A l’analyse, l’Up-R et le Br doivent être dans l’embarras. Ils ont pour habitude de soutenir tout ce qui vient de l’exécutif. Mais cette fois-ci, c’est un peu délicat. Les sanctions de la Cedeao frappent de plein fouet le peuple nigérien. C’est lui qui perd le lourd tribut, du fait du blocage des camions à la frontière, plus de 600 camions remplis de marchandises de premières nécessités destinées aux Nigériens. Cela n’est pas du goût de beaucoup d’Africains. Encore moins l’éventualité de l’envoi de forces militaires. En apportant, dans ce cas d’espèce, leur soutien franc au gouvernement, les partis Up-R et Br craignent-ils affronter l’opinion défavorable de leurs militants ? Ils doivent être partagés. Cela justifierait le fait que l’Up-R et le Br se réfugient dans le silence.

 

M.M

Source : Matin Libre

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