Fils d’un opérateur économique, Séraphin Yeto, patron de SONIMEX SA, a très vite trouvé ses marques dans les affaires. Sa stratégie a si bien fonctionné qu’il est aujourd’hui un entrepreneur prospère et à succès autant dans le secteur industriel que dans celui de l’agroalimentaire au Bénin. Focus sur cet entrepreneur au parcours atypique.

Opérateur économique béninois depuis plus de 30 ans, Séraphin Yeto n’a maitrisé les codes du commerce et des affaires que par la pratique. Aujourd’hui, ce chef d’entreprise s’est construit une renommée hissant sa société comme le leader béninois de la transformation et la commercialisation des produits dérivés d’acier – fers à béton et matériaux de construction (tôles, pointes et fils de fer) mais aussi le seul autochtone installé dans le secteur. Son parcours force admiration et respect.

L’homme surnommé ‘‘ Yovo ’’ par ses compatriotes en raison de sa couleur de peau, est né en 1971 à Aplahoué, d’une mère ménagère et d’un père commerçant. Il passe son enfance à Azovè et à Godohou, une localité de la commune d’Aplahoué. Alors en classe de Cm2, Séraphin Yeto décide d’abandonner les bancs pour se consacrer au commerce aux côtés de son géniteur. C’est ainsi qu’il fît ses premières armes dans le monde des affaires. Son objectif à l’époque, était non seulement d’aider son père mais aussi d’apprendre des expériences de ce dernier pour se mettre à son propre compte et devenir plus tard, un grand opérateur économique. Son rêve devient une réalité à l’âge de 20 ans, quand il prend son indépendance. « Je travaillais avec Papa quand en 1991, il m’a soutenu financièrement pour que je démarre mon propre business », confie-t-il lors d’un échange dans son bureau, à Cotonou. A ses débuts de chef d’entreprise, il investit dans le secteur des hydrocarbures. « J’importais les carburants du Togo et du Burkina-Faso par camion-citerne. Après, j’ai abandonné ce business au profit de celui de la farine de blé que j’importais aussi du Togo. Par la suite, j’ai commencé par importer du riz. En plus de cela, je suis rentré dans la quincaillerie ».
La quincaillerie ! C’est dans ce sous-secteur que ‘‘ Yovo ’’ se distingue particulièrement au Bénin. D’importateur-commerçant, il décide, en effet, de passer à la transformation en implantant sa propre usine de fabrication. A ce jour, sa Société de Négoce Import-Export (SONIMEX) qu’il a créée en 2000, est la seule entreprise 100 % béninoise qui transforme les produits dérivés d’acier – fers à béton fabrique des tôles, fers à béton, pointes et fils de fer – commercialisés sous la marque GKS. Dans le secteur agro-alimentaire, il continu d’importer riz, spaghetti et tomate mais avec sa propre marque 3GOOD.
Séraphin Yeto emploie une centaine de personnes en dehors des prestataires. Sa société est présente à Cotonou, Azovè, Comé et Bohicon.

Fer de lance

L’émerge de son entreprise débute à partir des années 1997 et 1998. A l’époque, Séraphin Yeto était à la quête d’un financement pour fructifier son commerce de farine de blé. Sur son chemin, il rencontre un messi : son oncle maternel, instituteur de profession. Ce parent lui sera d’une aide décisive. « Mon oncle m’avait aidé a contracté un prêt bancaire avec le Titre Foncier (TF) de sa maison. Moi, ma maison n’avait pas de TF. On s’était alors rendu à la mairie pour signer un engagement qui dit qu’il me remet le TF de sa maison et si je n’arrivais pas à rembourser et que la banque saisissait sa maison, il me prendra la mienne en dédommagement. C’est à partir de là que j’ai démarré avec beaucoup de flux », détaille ‘‘ Yovo ’’. Cet oxygène a intensifié ses activités, notamment l’importation de riz et des articles de quincaillerie.
Après avoir remboursé le prêt et retourné le TF de son oncle, il a obtenu son propre Titre Foncier qu’il utilise pour ses opérations de prêt bancaire.

Difficultés

Tout n’a pas été rose pour l’homme d’affaires béninois. Comme chez la plupart des entrepreneurs, les débuts lui ont été difficiles. « J’avais des fournisseurs au Togo qui me livraient 500 tonnes de sacs de farine de blé, 500 tonnes de sacs de riz à crédit. Je dépose un acompte et rembourse le reste après », se souvient-il encore. Mais le comble de tout ceci, ce sont les pertes, pires cauchemars des chefs d’entreprise. « Tu travailles, malheureusement tu enregistres des pertes ; tu charges le camion, il tombe en cours de route ; les employés te volent ; ils créent des pannes ; etc. Or, tu dois tout faire pour rembourser la banque qui t’a prêté de l’argent. Si tu ne payes pas, demain quand tu seras à nouveau dans le besoin, elle n’acceptera plus de t’aider », fait observer Séraphin Yeto.
Son autre paire de manches est la concurrence dans la quincaillerie. Mais l’homme d’affaires n’a pas autre choix que de surmonter ces difficultés afin de renflouer les caisses de l’entreprise. C’est justement ce qu’il s’emploie à faire avec des stratégies commerciales innovantes et qui payent.

Projets

D’ici la fin de l’année, Séraphin Yeto prévoit de se retirer de la distribution des articles de quincaillerie pour se consacrer uniquement à la fabrication. Il ambitionne également d’implanter son entreprise dans d’autres pays de la sous-région. De plus, l’homme d’affaires béninois souhaite installer son usine de fabrication de produits agro-alimentaires. « Le président Talon a affirmé que bientôt nous allons commencer par transformer localement nos produits agricoles. Alors d’ici 3 à 5 ans, j’envisage installer une usine au lieu d’importer les produits d’ailleurs », confie Séraphin Yeto. Il a aussi l’ambition de mener d’autres activités en plus des existantes, afin de créer plus d’emplois au profit des jeunes diplômés béninois.
En dehors du travail, les loisirs occupent également une place de choix dans l’agenda de Séraphin Yeto. Il aime voyager à travers le monde et a un faible pour les voitures de luxe et le tennis. C’est à cœur joie qu’il s’adonne à ces loisirs au cours de ses vacances.

Source : Matin Libre

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