Soglo, Yayi puis maintenant Houndété. Ça défile au Palais de la Marina. Mais le fond du problème qui amène ces personnalités de l’Opposition reste intact. La situation des personnes en exil et des détenus « politiques » les plus emblématiques n’a connu aucune avancée.

 

Le principe reste le même ! Une annonce en grande pompe dans les médias : le chef de l’Etat reçoit telle figure importante de l’Opposition. Un tête-à-tête qui dure quelques heures, puis à la fin, seul l’invité fait le point des échanges à la presse. Celui qui reçoit ne dit jamais rien. En septembre 2021, et en juin 2022, c’est l’ancien président Boni Yayi qui a eu le privilège d’arpenter les murs du Palais de la Marina entièrement relooké. Après la brouille entre les deux hommes due à l’exclusion de l’Opposition aux législatives de 2019, les arrestations d’opposants en 2019 et après la présidentielle de 2021, Boni Yayi s’était rendu chez son successeur avec un chapelet de doléances. « J’ai souhaité qu’il mette fin aux arrestations politiques et d’opinion pour permettre à tous nos compatriotes refugiés notamment dans les pays voisins de rentrer chez eux. Le point B, de libérer les détenus politiques, d’ouvrir une concertation avec la classe politique en vue de discuter des questions politiques, sources de crispation sociale », avait alors laissé entendre celui qui a dirigé le Bénin de 2006 à 2016. On n’a jamais rien su de ce que pensait le chef de l’Etat des doléances de son prédécesseur. Tout ce que Talon avait dit, c’est la promesse de formalisation d’un cadre de concertation entre les anciens présidents et le président en exercice. Mais là encore, rien de concret n’a été fait. Depuis, les principales doléances de Boni Yayi sont restées sans réponse, à part, bien entendu, la libération de quelques membres du parti Les Démocrates. Les figures les plus emblématiques sont toujours en détention, la situation des personnes en exil n’a pas évolué, non plus. Avant Yayi en juin 2022, c’est Nicéphore Soglo qui a été reçu par l’actuel locataire de la Marina. Le premier président de l’ère du renouveau démocratique était aussi porteur des mêmes doléances. On saura plus tard, à l’occasion des deux ans de détention de Reckya Madougou, que Nicéphore Soglo s’est même laissé aller à des compromissions pour la libération de celle que feue Rosine Soglo prenait pour « sa fille », sans gain de cause. L’ex chef d’Etat avouait, dans une lettre, son impuissance malgré sa bonne volonté.

Qu’a obtenu concrètement Houndété ?

A sa sortie d’audience, lundi 24 avril 2023, le président du parti d’Opposition Les Démocrates a fait le point des échanges qu’il a eus avec Patrice Talon. Sur la question de la proposition de loi d’amnistie déposée par son parti, et censée régler une fois pour toute la question des détenus et des exilés, « Le chef de l’Etat confirme que les députés à l’Assemblé nationale s’occuperont de cette question », a laissé entendre Eric Houndété. « Nos camarades qui sont en prison, nos frères qui sont en exil, et d’autres qui déjà sont en liberté mais leur situation demeure un problème puisqu’ils n’ont jamais été jugés et leurs situations judiciaires n’ont jamais été soldées. Nous avons dit qu’il faut que l’Etat trouve des solutions face à cela. Ainsi donc le chef de l’Etat affirme que les services judiciaires étaient à pied d’œuvre pour faire en sorte que ces questions soient réglées », poursuit Eric Houndété. En somme, concrètement, Patrice Talon n’a pris aucun engagement personnel pour trouver une solution aux problèmes fondamentaux que sont la libération de tous les détenus « politiques », de même que le retour des exilés. Et sur ces questions, le chef de file de l’Opposition, en attente de nomination, n’a pas caché son insatisfaction. Tout ce qu’il a gagné, c’est juste le principe de dialogue.  « Nous sommes satisfait qu’il ait accepté de mettre en œuvre ces dispositions à savoir recevoir le chef de file de l’opposition, même s’il n’a pas encore consacré par un acte. Mais je ne suis pas totalement satisfait de toutes les réponses que j’ai reçues.  Je pense que nous allons poursuivre le combat, poursuivre la discussion pour obtenir totale satisfaction », a affirmé Eric Houndété.

Combien de fois ces questions préjudicielles seront débattues avant qu’une solution ne soit trouvée ? Tout semble croire que le chef de l’Etat a son calendrier à lui. Et c’est peut-être après les élections de 2026.

 

M.M

Source : Matin Libre

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