Supposé boycott des centrales syndicales à l’examen du Projet de Budget: La réplique d’Anselme Amoussou à Gérard Gbénonchi

“…On est sorti du folklorique pour aller vers une sorte de médisance, d’insulte, de mépris…“ dixit le Sg/Csa-Bénin

Les centrales et confédérations syndicales n’ont pu prendre part aux travaux d’étude du projet du Budget général de l’Etat. Si pour les centrales syndicales, il était quasi-impossible qu’ils se présentent devant la Commission budgétaire sans avoir eu accès au préalable au document, le député Gérard Gbénonchi évoque un boycott. Une posture qu’adopteraient les syndicalistes depuis trois ans. “Peut-être qu’elles veulent sanctionner l’Assemblée nationale pour avoir voté la loi sur l’encadrement du droit de grève“ a-t-il également déclaré. Des propos jugés très peu responsables par le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin), Anselme Amoussou. Dans une interview exclusive accordée à votre journal, le leader syndical apporte des éléments de clarification et déplore l’attitude du député Gérard Gbénonchi.

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  1. Anselme Amoussou, vous avez certainement suivi la réaction du député Gérard Gbénonchi évoquant un boycott des centrales syndicales à l’étude du projet de budget général de l’Etat. Qu’en dites-vous ?

Disons que c’est une grande surprise et une grande déception que le député ait choisi le chemin de la polémique dans une situation aussi simple où il aurait dû simplement reconnaitre qu’il y a eu un dysfonctionnement au niveau de sa structure. Parce que moi je ne pense même pas qu’il l’ait fait exprès, je trouve que ce n’est pas très fair play de mon point de vue de faire la sortie qu’il a fait-là avec les déclarations que j’ai lues. Déjà, nous, nous n’avons pas fait un boycott. On a juste été mis devant le fait accompli qu’il n’y avait pas le document de travail et si on n’a pas le projet de budget, sur quoi on veut aller opiner à l’Assemblée nationale. Le passage devant la Commission budgétaire de l’Assemblée nationale se prépare. Et chaque année, quand nous recevons l’invitation, cela est accompagné du projet de budget et c’est autour de çà que nous, on organise l’analyse budgétaire en présence des économistes, des professeurs d’université, des financiers qui viennent pour nous aider à faire cet exercice d’analyse budgétaire avec toute l’expertise qu’il faut.

Et donc, nous faisons la critique et nous faisons également des suggestions au gouvernement en tenant compte des revendications des travailleurs, des citoyens en général. Et chaque fois que nous sommes allés devant la Commission budgétaire, les députés ont apprécié le document que nous avons présenté et que nous remettons. Je me souviens que les députés voulaient à chaque fois, avoir notre document pour s’en servir même comme document de travail pour leur propre gouverne. Donc, cette année on n’a pas reçu le document. On a relancé les gens pour avoir le document, on n’a pas eu le document. Donc, on ne peut logiquement pas se présenter devant l’Assemblée nationale. Maintenant quand c’est comme ça, en tant que député, vous reconnaissez qu’on a oublié d’envoyer le document, il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné mais ce que j’ai entendu là…

D’abord, il dit que cette année, personne n’a reçu le document physique. Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai ! Le projet de budget physique, le document volumineux a circulé. Donc c’est vers nous que ce n’est pas venu. Il ne peut pas dire çà. Deuxièmement, il dit que depuis trois ans nous avons boycotté cet exercice devant la Commission budgétaire, ce n’est pas vrai. Moi, j’y étais encore jusqu’en 2021. En décembre 2021, j’y étais, j’ai conduit la délégation de la Csa-Bénin.

Il y avait la Cgtb, la Cosi-Bénin, la Cstib, il y avait toutes les organisations syndicales qui étaient représentées et on a fait le travail qu’on est allé présenter. L’année dernière, je n’étais pas présent mais je crois que nous avions envoyé une équipe…Mais comment peut-on dire que depuis trois ans nous avons choisi de boycotter alors que ce n’est pas vrai. Donc, je ne comprends pas. Quelle est la difficulté de l’honorable pour qu’il éprouve le besoin de brouiller les pistes de cette façon et de rechercher des boucs-émissaires dans le rang des organisations et centrales syndicales. Je le répète, on n’a pas fait de boycott, on n’a pas eu le document pour aller opiner devant l’Assemblée nationale.

Le député, dans sa réaction, estime que le document était accessible en ligne notamment sur le site web de la Direction générale du Budget. Est-ce que dans l’invitation, il a été fait référence à ce détail pour vous orienter à accéder au document en ligne ?

Mais non ! Justement, il n’a jamais demandé çà. Mais le document n’était pas disponible dans l’entièreté sur le site dès les premiers jours. Peut-être que c’est venu plus tard. Ecoutez, nous-mêmes, nous sommes une institution également en tant que syndicats. Si vous avez pu envoyer le document physique à des gens de la société civile qui ont été invités, au nom de quoi vous trouvez qu’il ne fallait pas l’envoyer aux centrales et confédérations syndicales. Donc, c’est un faux débat et dans l’invitation, on a juste dit vous passez à tel moment, on a envoyé un tableau de planification des passages. On n’a jamais dit, allez retrouver le document sur un site ou sur tel ou tel site du gouvernement.

Donc je trouve que ce n’est pas très responsable de la part du député parce que nous, nous ne sommes pas dans la polémique en fait. On m’a posé la question de savoir “vous avez boycotté“, j’ai dit “Non, on n’a pas boycotté, on n’a pas eu le document“. Donc en tant que député, il fallait juste reconnaitre qu’on n’a pas eu le document parce qu’ils ne l’ont pas envoyé. Et l’année dernière, ils ont envoyé, il y a deux ans, ils ont envoyé, tous les ans, ils ont toujours envoyé çà (l’invitation) avec le projet de budget. Pourquoi cette fois-ci, vous ne l’envoyez pas. Et si vous ne l’envoyez pas, orientez les gens pour pouvoir accéder à ce document. Donc, quel est l’intérêt pour nous de ne pas nous déplacer pour aller faire cet exercice même si nous savons qu’habituellement, c’est du folklorique. Moi je sais par exemple que nous avons, depuis que moi je fais cet exercice, on n’a jamais obtenu un changement dans le projet de budget qui est venu de cet exercice que nous avons fait devant les députés.

Ce que nous obtenons pour les travailleurs, pour les citoyens, c’est toujours dans les échanges directs avec le pouvoir. Donc, on était en position de se demander à quoi sert cet exercice devant les députés…Mais on n’est même pas là parce qu’on n’a pas eu le document. Donc, ils font comme si c’est un exercice qu’eux-mêmes, ils prennent au sérieux. Moi j’ai souri, parce qu’on y va, parfois…je ne vais pas m’étendre là-dessus parce que si on va le suivre dans sa polémique, on va les suivre banalement dans la manière dont ils organisent tout çà…Mais cette année, on est sorti du folklorique pour aller vers une sorte de médisance, d’insulte, de mépris vis-à-vis des travailleurs que nous sommes, des partenaires sociaux. Parce que si vous-mêmes vous pensez que l’exercice auquel vous nous invitez, il est important pour vous, que vous voulez effectivement écouter le peuple, les travailleurs que nous représentons, vous ne pouvez pas vous permettre d’oublier d’envoyer le document de travail.

Donc, çà montre bien que le dysfonctionnement est venu de ce peu d’écart que l’on fait de l’opinion des travailleurs sur le projet de budget. Peut-être qu’ils se disent que cet exercice ne sert absolument à rien. Ils le confirment de cette façon-là. Voilà ce que je peux dire sur cette situation. Encore une fois, je voudrais appeler l’honorable, Président de la Commission des finances à mettre de l’eau dans son vin et à comprendre que quand on est en faute, l’élégance vous demande simplement de reconnaitre votre faute et d’essayer de se rattraper parce qu’il y a moyen de se rattraper. Il suffit d’envoyer, de faire les choses normalement et de nous reprogrammer. Pourquoi on ne viendrait pas ? Maintenant, si on choisit l’escalade inutile, l’escalade futile, c’est qu’on n’a pas compris vraiment quel est son rôle en tant que président de commission ou quel est son rôle en tant que député du peuple.

Quelles peuvent être alors, selon vous, les raisons justifiant ce non-envoi du document de projet de budget cette année alors que cela a toujours été chose faite ?

Moi, je pense que çà doit être un oubli donc certainement une négligence ou un dysfonctionnement des services qui aident les députés à faire leur travail. C’est l’explication que je donne de loin. Mais ce sont eux qui pourront nous expliquer pourquoi cela n’a pas été envoyé. Mais çà vient en rajouter un peu à toute cette crise de confiance, cette crise de dialogue de proximité que nous devons avoir avec les députés parce qu’autant, ils représentent le peuple autant nous représentons également une frange du peuple et normalement on devrait se donner les mains sur ce qui concerne la République…Cet oubli ou cette négligence, cette volonté de ne pas envoyer le document pour accompagner l’invitation montre bien qu’on a encore du chemin à faire quant à la proximité que nous devons cultiver entre députés et partenaires sociaux.

 

Propos recueillis par Aziz BADAROU

Source : Matin Libre

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