Transformation de l’agriculture africaine: “Il faut des interventions pérennisées par des modèles économiques“, préconise Francis Dossou Sognon

Dans une réflexion rendue publique, Francis Dossou Sognon, Ceo de la structure AgroSfer, a proposé trois pertinentes pistes de solution pour une véritable transformation de l’agriculture africaine. Pour celui qui, depuis quelques années, construit une expertise sur la transformation de l’agriculture africaine par le digital, les interventions pérennisées par des modèles économiques doivent être priorisées pour une véritable révolution agricole sur le continent. Lire sa réflexion !

Les interventions pérennisées par des modèles économiques

«Les projets des bailleurs ont pendant longtemps été implémentés par leurs soins ou ceux d’ONG. Le hic dans ceci est que beaucoup de ces acteurs dépendent de la répétition des projets. Autrement dit, en Afrique, beaucoup d’ONG et de cabinets actifs  dans les projets de développement ne peuvent exister qu’à travers les revenus directs perçus de leur contribution à un projet. Bon nombre retombent en sommeil temporaire en attendant le prochain projet. Il s’agit d’une économie autour des projets qui en elle-même explique en partie le fait que les projets ne résolvent jamais durablement les sujets attaqués car cela reviendrait à tuer la poule aux œufs d’or.

Pour résoudre les problèmes, il faut travailler avec des acteurs dont l’intérêt est dans la résolution durable des problèmes, ou les motiver en ce sens.  Une approche est de travailler avec des structures privées ; ESS (Entreprises Sociales et Solidaires) ou pas, un acteur privé bien choisi peut avoir plus d’intérêt à ce qu’un dispositif mis en place avec lui dans le cadre d’un projet soit pérenne s’il peut en tirer des revenus. Une entreprise peut avoir un intérêt à ce que l’agriculteur gagne davantage pour pouvoir payer ses services et non qu’il reste dans la pauvreté pour justifier qu’un projet identique soit rejoué dans quelques années. Si l’activité d’une entité (et indirectement la pérennisation des revenus de ses membres) dépend d’une chose, quelles sont les chances que l’entité et ses membres contribuent réellement à éradiquer cette chose.

Cette inquiétude est partagée par plusieurs acteurs avec lesquels j’ai discuté au cœur même de ces entités et institutions et à des niveaux de responsabilités variés. L’idée que la meilleure manière d’aider une communauté à se développer est d’investir dans l’entrepreneuriat local fait son chemin. Accompagner les entrepreneurs, les soutenir en mettant leurs services à l’épreuve des réalités à travers des projets devrait être plus productif que financer une ONG dans bien des cas. Ou accompagner une ONG à évoluer en une ESS qui trouve sa pérennité dans l’épanouissement de sa population cible est un meilleur investissement du temps et de l’argent de tous ».

A.B

Source : Matin Libre

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