Bepc session de juin 2023 : Dans les coulisses d’une candidate

Ils vont à l’assaut du Brevet d’Etudes du Premier Cycle dès ce matin. Après 9 mois de dur labeur, ils restituent leurs connaissances pendant 3 jours à travers 7 épreuves. Sur la ligne de départ, ils sont 121.827 candidats mais une retient notre attention. Edwige Mèdja K. est une candidate qui a une histoire toute particulière. 16 ans, taille moyenne, teint ébène, elle est cadette d’une mère handicapée auditive et abandonnée par son père. La jeune fille a connu une année éprouvante en classe d’examen puisqu’il faut y débourser plus de moyens et d’efforts afin de couronner son année. Ce n’était pas gagné d’avance avec sa situation de précarité. En effet, elle est entièrement prise en charge par sa mère qui ne jouit pas de toute son intégrité physique. La quarantaine, celle-ci travaille la vannerie pour survivre et nourrit ses 7 enfants. Cette activité ne lui rapporte pourtant pas de meilleurs revenus. Avec un gain journalier d’à peine 2.000 FCFA, elle doit y puiser pour aider sa fille qui doit faire face aux mêmes dépenses que tous les autres élèves.

La grande sœur d’une fratrie de 7 membres à quelques jours du jour J, continue de toujours apprendre. Pendant environ 2 heures d’horloge, la jeune candidate est fixée sur les pages de son cahier de français qu’elle ouvre l’une après l’autre à mesure de sa compréhension. « Je viens de lire quelques notions sur les types de textes et leurs caractéristiques », a-t-elle fait savoir. Aussitôt le cahier de français mis de côté, elle prend un document de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) intitulé ‘’LABEL INFO ». C’est encore parti pour 2 heures de lecture. Il n’y a pas de temps de répit. « Je dois aider ma maman à finaliser quelques nattes pour les exposer à la vente et espérer que des clients viennent s’en procurer. Ces quelques sous vont pouvoir servir pour m’acheter à manger », explique-t-elle avec peine. Tout suite, une cliente s’est présentée. Maman Inès a pu récupérer la marchandise bien apprêtée par Edwige. Le marché est bon et la candidate retrouve le sourire. Elle ne perd pas de temps et va prendre son premier repas de la journée lorsqu’il sonnait 14h51.

Selon ses dires, la famille vit des revenus de la vente des nattes, un commerce de sa mère. Edwige a 100f CFA comme petit déjeuner. « Je prends un peu du gari par moment, s’il y en a en quantité suffisante », renchérit-elle. A l’en croire, elle parcourt environ 10 kilomètres à pied pour aller au cours. « Je fais auto-stop parfois. Mais ça ne marche pas tous les jours. D’ailleurs pour être honnête, j’ai raté quelques cours faute de moyen de déplacement », raconte-t-elle. Si au départ la jeune fille était membre d’un groupe d’étude constitué de 5 membres, elle n’a pas pu honorer les différents rendez-vous du groupe, ce qui a occasionné son retrait. « Au début tout allait bien. Dans ce groupe, je suis la seule qui vit une situation misérable, la nécessiteuse. Au fil du temps, j’ai mis un terme parce que ces gens qui m’aidaient se moquaient de moi. J’étais tout le temps le sujet de toute raillerie », a-t-elle confessé. Selon elle, toutes ces peines ont fait qu’elle n’a pas la tranquillité pour bien se préparer. En réalité, cette fille de 16 ans n’a pas pu suivre tous les travaux dirigés organisés à l’endroit des candidats. « C’est pour cela que je suis obligée de réviser mes cours ces derniers jours et je le ferai durant tous les trois jours de l’examen. Selon mon programme, demain, je ferai l’anglais, l’Histoire-Géographie dans la matinée ». Comme convenu l’impétrante a honoré à son calendrier. Dans l’après-midi de ce samedi, à 48 heures des hostilités, ce sont les mathématiques qui la préoccupent. « Au nombre des matières qui me donnent le plus de soucis, figurent les Mathématiques et la Physique-Chimie et Technologie. En maths par exemple, j’ai des lacunes au niveau des intervalles, cônes et symétries et en PCT, forces et équations chimiques ». Si du premier semestre au second en passant par les examens blancs, elle n’a pas raté la moyenne, Edwige panique toujours. « J’ai peur d’échouer. En effet, je suis bien disposée à apprendre mais je n’arrive pas à cause de ma situation combien misérable. Il faut dormir très tard et se réveiller déjà à l’aurore. A en croire notre source, durant cette année scolaire qui s’achève très bientôt, elle n’a pas connu de jours heureux. Dimanche 11 juin 2023, après les travaux domestiques, Edwige s’est apprêtée pour se rendre à l’église pour présenter ses maux à Dieu. Dans l’après-midi, la candidate se rend chez son oncle pour solliciter de l’aide pour son transport. Dans la soirée, elle s’offre un temps de pause pour changer d’air avant de reprendre les dernières révisions. La nuit est consacrée à apprêter les outils pour l’examen. Pendant tout ce temps, Edwige est livrée à elle-même. Personne ne l’encourage, ni ne lui remonte le moral. Seule la génitrice qui, de ses gestes, arrive à lui donner ses bénédictions.

Mahussé Barnabé AISSI (Coll.)

Source : Fraternité

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