La ville de Cotonou est devenue de plus en plus l’eldorado des talents de la sous-région et même des artistes internationaux. Parakou, étant la troisième ville à statut particulier du Bénin et la capitale du septentrion se plait aussi d’accueillir ces talents. Au-delà de cette attente, les virtuoses de cette ville espèrent un accompagnement afin de peaufiner leur talent. Malgré l’attente tardive des acteurs du showbiz, des détecteurs de talents, les artistes parakois font leur petit bout de chemin. Pas de salle de production, ni de salle de répétition digne du nom.  La salle de cinéma OBSCI est fermée et sans avenir. S’il fallait tourner le regard vers une salle de spectacle plus classe, on parlerait du Canal Olympia qu’on espérait. Mais en attendant, jetons un coup de projecteur sur l’existant en matière de la qualité de musique.

 

Daniel Dama est auteur-compositeur, ingénieur des arts et cultures, doctorant en Ethnomusicologie en Californie aux USA. En tant que musicologue, il pense que « La « musique parakoise » est celle-là qui est tout d’abord une/un panache/mélange de tout. C’est une pléthore des musiques d’ici et d’ailleurs avec des frontières ethnomusicologiques poreuses. Ce qui peut aller dans deux sens: dissémination progressive des cultures musicales vulnérables. D’autre part, cette hybridation devient une richesse à valoriser par les acteurs culturels béninois. La monotonie caractérise la musique de certains « orchestres » qui devaient aller puiser dans les répertoires endogènes pour enrichir leur style » de ce point de vue, il insiste que « la musique Parakoise n’a pas décoller. Les musiciens/nes semblent attendre toujours des occasions inopinées, parfois ils croupissent sous le joug des politiciens arrivistes. L’artiste est tout d’abord un homme libre, noble/digne qui produit pour libérer. Par exemple, on n’entend jamais certains artistes que pendant les campagnes politiques! Une pareille musique ne peut pas caractériser « Kpaarakulu » ».

Selon Godonou Gautier, ingénieur en management de la culture et du tourisme doctorant en droit international économique interface commerce culture, « malgré la qualité de ce qui est fait depuis les indépendances à ce jour, beaucoup reste encore à faire. Le terrain est encore vierge en matière de musique et quand je dis musique ce n’est pas se lever et chanter de n’importe quoi. Je parle de quelqu’un qui chante une musique inspirée du patrimoine culturel identitaire. Je veux juste dire que le patrimoine immatériel de la partie septentrionale est encore vierge. En termes de pourcentage, je dirai que c’est à 40% exploité. Il y a une foultitude de choses, de champs à explorer ». Comme conseil, il ajoute, « on peut être musicien et en vivre sauf qu’il faut travailler. Tel que le fonctionnaire quitte sa maison le matin, il va au boulot il rentre le soir. Dans notre contexte, le musicien qui ne travaille pas de cette façon ne pourra pas aller loin. Par jour, il faut au moins deux heures de temps d’exercice mais nous constatons que par ici cela manque. Vous allez remarquer que tous les musiciens qui ont émergé dans le monde sont partis de Parakou que ce soit musicien ou vocaliste, auteur compositeur et tout. Ce sont des musiciens qui ont commencé à Parakou. Pour réellement aller de l’avant, il faut travailler. Le gros problème de Parakou, c’est que les artistes ne travaillent pas parce que peut-être on se pose la question est-ce que la musique nourrit réellement son homme ? Mais si vous ne travaillez pas assez dans le secteur, comment voulez-vous que le secteur vous nourrisse ? Il y a des exemples, pour moi ceux qui travaillent à Parakou je prends Kalamoulaye, Barassounon. Il y a des jeunes qui arrivent et qui travaillent bien on ne les sent pas encore mais ils arrivent, je peux parler de Kouessiba, Bi-mari, Yves Blo Richard, Farel Abiola. En ma qualité de manager, tout de suite et maintenant quand on me demande quels sont les musiciens qu’on peut vendre à Parakou je sais ce qu’il faut vendre chez chacun de ces artistes. Il y en a qui ont la voix, d’autres c’est l’instrument ainsi de suite. Chacun s’est spécialisé afin de maintenir son énergie. Il y en a encore à Parakou qui ne travaillent pas assez ils sont plein de talent, certains ont hérité un patrimoine non négligeable de ce domaine mais il leur manque le travail, assez de travail. J’ai l’habitude de dire quelque chose quand on est dans le monde de la musique, soit on est créateur d’œuvre d’esprit et on reste uniquement dans ce champ et les autres corps de métier de la musique travaillent pour vous porter. Le créateur d’œuvre d’esprit est un maillon de la chaine du showbiz, c’est lui le produit qui se consacre uniquement qu’à cela et il travaille à s’entourer d’un staff managérial qui le pousse de manière à ce que chacun connaisse son couloir. »

Daniel Dama « Pour faire renaître la musique parakoise, les artistes béninois qui se retrouvent à Parakou doivent travailler en synergie et non en adversariat permanent et comme conseil à l’artiste Parakois, l’originalité est le maître mot »

Fayçal DRAMANE (Stag.)

Source : Matin Libre

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