Opinion: Un dernier trimestre 2023, dans un monde moins sûr

La fin de ce troisième trimestre 2023 n’augure rien de fameux en matière de relation internationale, même entre pays frontaliers. Sans vouloir être pessimiste, on finit cependant par le devenir au regard des grandes tendances qui se dessinent. Manifestement ces choses rendent le monde moins sûr. Ce n’est pas le conflit israélo- palestinien qui a connu un nouveau regain dans le Moyen-Orient qui va davantage nous rassurer.

En l’espace de quelques mois, le monde est devenu singulièrement dangereux. A nos portes, bien malgré nous, nous voilà devenir adversaires avec nos frères de lait, les Nigériens et les Burkinabés, à cause de leur choix politique. En Europe de l’Est, le conflit Russo- Ukrainien qui faisait office d’épouvantail d’un conflit mondial est relégué au second rang. Démarré en début de l’année 2022, il est maintenant rejoint par un conflit qui lui comporte tout autant de risque de déflagration internationale que le premier, mais avec des adversaires qui ont pris l’habitude de se détester et s’entretuer depuis la nuit des temps.  Trouvant les origines de leur haine réciproque dans des livres qui prônent pourtant l’amour.

La Bible, la torah, le coran. Tous issus du rein d’Abraham, musulmans et juifs, comme chrétien auraient dû s’aimer, mais la terre qui doit les unir est devenue celle de toutes leurs rancœurs et divisions.  Une longue histoire de désamour qui fait courir à l’humanité le risque de se trouver dans un troisième conflit mondial.  A cause du conflit ukrainien datant d’il y a quelques mois, les Russes pourraient trouver là une excellente opportunité de coller une pâtée aux américains, une petite revanche loin du terrain ukrainien. D’autant que ceux-ci, les américains, traditionnels alliés de Israël ont naturellement choisi de les soutenir malgré la supériorité évidente des Israéliens. Chose qui a tout de suite appelé les Iraniens ennemis jurés d’Israël à se mêler aux diatribes de menaces et entrainé le Hezbollah, son pendant au Liban, à s’inviter dans le conflit en lançant depuis le sud Liban des roquettes contre Israël.

  La Turquie, de sa position ambivalente mais néanmoins musulmane, appelle les américains à ne pas intervenir, ce qui est peu probable. Car depuis toujours, les américains ont soutenu l’Etat hébreu, même quand cela tombait de sens.  Et ce n’est vraisemblablement pas sous Joe Biden que cette politique s’arrêtera. Quant aux autres, à savoir le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et les autres pays arabes, ils ne manqueront pas de soutenir la Palestine en sous-main pour équilibrer les forces en conflit, tout le monde le sait. Ce qui laisse présager que toute la région sera impliquée dans quelques semaines s’il n’y a pas de cessez-le-feu rapidement.

 A regarder tout ça, il faut une solide dose d’optimiste pour ne pas envisager de scénario catastrophe. 

Pour nous autres africains de l’ouest, on peut se dire qu’il faudrait un certain temps avant que nous ne soyons touchés. Pour autant, bien que les crépitements des armes et les déflagrations des bombes et roquettes soient bien loin de nous, il n’est pas dit que cela le resterait longtemps si l’escalade de violence n’est pas vite arrêtée.

D’ailleurs la contagion peut être rapide, à bien y réfléchir surtout dans une atmosphère de méfiance réciproque qui découle de décisions de certaines instances en Afrique incitant à intervenir militairement pour restaurer l’Etat de droit dans d’autres pays africains pour leur choix. Tout ça, dans un environnement où le contrôle de la circulation des armes est devenu une vue de l’esprit, où des troupes incontrôlées de supposés terroristes se baladent et sévissent, financés on ne sait trop par qui. Dans une région où une armée régulière étrangère invitée à quitter un territoire qui n’est pas le sien, traine à s’exécuter. Bref, voici un méli-mélo politico-militaire qui en rajoute à l’insécurité de notre région, quand bien même nous sommes loin de Gaza.

Eric TCHIAKPE – Ecrivain