Le psychologue Bertin Loko à propos des violeurs sur mineure : « L’abus d’alcool ou de drogues peut augmenter le risque de comportements violents… »

Le Bénin enregistre régulièrement des cas de viols sur mineure. Ce phénomène qui prend de l’ampleur agit négativement sur la conscience des filles victimes dès le bas âge. Bertin Loko psychologue explique dans cet entretien ce qui peut amener des personnes à commettre de tels crimes et les conséquences sur les victimes.

Qu’est-ce qui peut amener un adulte à violer une mineure ?

Ce qui les pousse à avoir ce désir, ce sont entre autres, la consommation des psychotropes (Abus d’alcool, drogue etc.), le pouvoir et la domination, les problèmes relationnels, les biais sexistes et culturels, la socialisation et les influences environnementales. Le viol est souvent considéré comme un acte de pouvoir et de contrôle plutôt que comme un acte sexuel. Certains agresseurs peuvent ressentir le besoin de dominer et de contrôler leur victime en utilisant le viol comme un moyen d’obtenir cette domination. D’autres peuvent avoir des difficultés dans leurs relations interpersonnelles, notamment avec des problèmes d’empathie, de communication ou d’établissement de limites saines. Il y en a qui ont des croyances sexistes ou des attitudes négatives envers les femmes, basées sur des stéréotypes ou des normes culturelles préjudiciables. Aussi des agresseurs peuvent présenter des problèmes de santé mentale, tels que des troubles de la personnalité, des problèmes de gestion de la colère, des antécédents de traumatismes ou d’autres troubles psychologiques. L’abus d’alcool ou de drogues peut altérer le jugement, diminuer les inhibitions et augmenter le risque de comportements violents chez certains individus. Les normes sociales et les influences environnementales peuvent également jouer un rôle. Des facteurs tels que l’exposition à la violence, les attitudes sexistes ou la permissivité de la société à l’égard de la violence sexuelle peuvent influencer certains individus.

La petite enfant peut être atteinte psychologiquement après un viol. Dites-nous de quoi peut souffrir une enfant violée ?

Une enfant violée peut souffrir de divers troubles psychologiques et émotionnels. Mais chaque enfant réagit différemment aux traumatismes, et les effets peuvent varier en intensité et en durée. Les troubles psychologiques courants auxquels les enfants victimes de viol peuvent être confrontés sont entre autres le trouble de stress post-traumatique (TSPT) qui est fréquent chez les enfants qui ont vécu un viol. Il se caractérise par des symptômes tels que des flashbacks, des cauchemars, une anxiété intense, une hypervigilance, un évitement des rappels de l’événement traumatisant, des troubles du sommeil et des difficultés de concentration. Les enfants victimes de viol peuvent éprouver une profonde tristesse, une perte d’intérêt pour les activités qu’ils appréciaient autrefois, une faible estime de soi, une perte d’appétit, des troubles du sommeil et des pensées suicidaires. L’anxiété est courante chez les enfant ayant subi un traumatisme sexuel. Ils peuvent présenter des symptômes tels que des crises de panique, des phobies, une anxiété généralisée, des obsessions et des compulsions. Certains enfants victimes de viol peuvent développer des comportements autodestructeurs tels que l’automutilation, la prise de risques excessifs, l’abus de substances et des comportements alimentaires perturbés. Elles peuvent également avoir du mal à établir et à maintenir des relations saines avec les autres, présenter des problèmes de confiance, se retirer socialement, se sentir déconnectés des autres ou développer des comportements agressifs. Les troubles du sommeil, tels que les cauchemars fréquents, les difficultés d’endormissement et les réveils nocturnes, sont fréquents chez elles. Les conséquences émotionnelles du viol peuvent affecter la concentration, la mémoire et la performance scolaire.

Doit-on poursuivre ces violeurs ? Et quelles sanctions leur infliger ?

Poursuivre ces violeurs est l’une des solutions afin que ces derniers puissent répondre de leurs actes. Comme sanctions, c’est leur appliquer ce que la loi dit à propos afin de décourager cette pratique dans l’avenir. Et il est important à ce niveau de sensibiliser également la population sur le viol dans le but de mettre fin à ce crime.

Peut-on parler d’inconscience au niveau des adultes violeurs ?

Les violeurs peuvent être conscients ou inconscients de leurs actes, selon la situation spécifique et les individus impliqués. Il est important de faire une distinction entre différentes catégories de violeurs et de considérer les facteurs qui peuvent influencer leurs comportements. Il y a certains violeurs qui peuvent être pleinement conscients de leurs actions et des conséquences de celles-ci. Ils commettent délibérément un acte de violence sexuelle en utilisant la force, la coercition ou la manipulation pour contraindre leur victime. Ces individus sont généralement considérés comme responsables de leurs actes et peuvent être tenus juridiquement responsables. D’autre part, il y a des cas où des violeurs peuvent présenter des problèmes de santé mentale, des troubles de la personnalité ou des distorsions cognitives qui peuvent altérer leur capacité à reconnaître la gravité de leurs actions. Dans ces situations, certains violeurs peuvent avoir une compréhension limitée ou déformée du consentement, ou ils peuvent manquer d’empathie envers leur victime. Cela ne justifie en aucun cas leurs actes, mais cela soulève la question de leur responsabilité légale et de la nécessité de prendre en compte leur état mental lors de l’évaluation de leur culpabilité.

Est-ce que tout-être humain peut du jour au lendemain tomber dans un tel crime ?

Non, tout être humain du jour au lendemain ne peut pas tomber dans ce crime. Puisque nous ne sommes pas identiques et nous n’avons non plus la même connaissance des choses.

Que faut-il faire de façon pratique dans les premières secondes après le crime ?

Ce qu’il faut faire de pratique dans les secondes, c’est de mener la victime à l’hôpital pour des analyses et puis chez un(e) psychologue pour qu’on puisse l’accompagner pour son équilibre psychologique.

Votre mot de la fin.

Chère population, le viol est un acte criminel et chaque cas doit être évalué individuellement. La notion de consentement est primordiale dans les relations sexuelles et tout acte sexuel sans consentement est condamnable. Cet acte peut nuire à la santé de la victime. Ensemble disons non et dénonçons les acteurs de cet acte crucial. Il faut noter que chaque enfant est unique et peut réagir différemment à un traumatisme sexuel. Certains enfants peuvent présenter des symptômes immédiatement après l’agression, tandis que d’autres peuvent montrer des signes de détresse plus tard. Le soutien psychologique spécialisé, tel que celui d’un thérapeute qualifié, est essentiel pour aider les enfants victimes de viol à surmonter ces troubles et à se rétablir.

Propos recueillis par Monique AHOUANDJINOU (Stag.)

Source : Fraternité

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