Rapport de la Banque Mondiale sur l’état de l’économie béninoise : La croissance reste robuste au prix d’une politique budgétaire expansionniste

Après un fort rebond à 7,2% en 2021, la croissance réelle du Bénin est restée robuste pour s’établir à 6,3 % en 2022 (3,3 % par habitant) dans un contexte de tensions géopolitiques mondiales et d’instabilité régionale. Même si elle a ralenti, la consommation privée a continué à soutenir la croissance et les investissements publics ont été revus à la hausse pour maintenir le dynamisme économique. Côté offre, le secteur tertiaire reste le principal contributeur à la croissance en 2022 (2,9 points), avec une forte contribution du secteur des transports, du commerce et des services de l’administration (respectivement pour 0,6 point). Par rapport à la tendance régionale, l’inflation est dans un premier temps restée modérée en 2022 mais a significativement accéléré depuis février 2023. À fin 2022, l’inflation atteignait 2,9 %, un niveau modéré expliqué par des mesures budgétaires de lutte contre l’inflation ainsi que la bonne saison agricole 2022 pour les cultures vivrières. Toutefois, l’expiration des mesures de soutien et à la hausse du prix (officiel et officieux) de l’essence ont accéléré la hausse globale des prix depuis février 2023. En glissement annuel, l’inflation atteignait 6,9% à la fin du premier trimestre 2023.

Les recettes fiscales sont en hausse

La pauvreté au Bénin, mesurée au seuil international d’extrême pauvreté, (USD 2,15 par jour et par personne) devrait atteindre 17,5 % en 2022, soit 1,1 pt de moins qu’en 2021. Alors que l’expansion des services et de l’industrie, qui emploient respectivement 36,6% et 17,0 % de la population active, ont été les moteurs de la réduction de la pauvreté, l’augmentation de l’inflation en 2022 a partiellement contrecarré les effets de la croissance économique. La position extérieure s’est sensiblement détériorée pour la deuxième année consécutive dans un contexte d’augmentation des prix de produits d’importations, notamment pétroliers. Le déficit du compte courant s’est creusé en 2022, sous l’effet de la hausse des prix des importations de pétrole et des produits alimentaires. Après une première baisse à 4,1 % du PIB en 2021 (-2,4 pts en glissement annuel comparé à 2020), le déficit du compte courant s’est détérioré pour atteindre un niveau estimé à 5,6 % du PIB en 2022 (-1,5 pt en glissement annuel). Le déficit public est resté élevé pour la troisième année consécutive, à 5,5 % en 2022 contre 5,7 % en 2021 alors que les mesures de soutien à l’économie se poursuivaient. Ce déficit important reflète le maintien des dépenses totales à un niveau élevé, à 19,8 % du PIB en 2022. Toutefois, par rapport à l’année précédente, les dépenses totales diminuent légèrement, partiellement en raison de la baisse des intérêts versés au titre de la dette, ainsi que de la fin de la plupart des mesures de soutien adoptées en temps de crise. Les recettes fiscales sont en hausse de 1,2 pt de PIB en 2022, grâce à une bonne performance de la TVA. La dette publique a continué d’augmenter en 2022 mais le risque de surendettement reste modéré. La dette publique totale devrait atteindre 54,2 % du PIB fin 2022, contre 50,3 % du PIB en 2021. En raison de l’augmentation des investissements et de l’important déficit public induit par la crise de la COVID-19, la dette publique totale a connu une forte augmentation, de +13 pts du PIB au cours des trois dernières années. En termes de composition, la dette extérieure a pris une place de plus en plus importante ces dernières années, alors que les coûts d’emprunt étaient globalement favorables. Le ratio élevé du service de la dette par rapport aux recettes totales continue de rendre la dette vulnérable à une sous-performance inattendue des recettes ou à un changement brusque de conditions du marché qui pourraient augmenter significativement les coûts de refinancement.

Des synergies positives possibles, la nécessité de développer des activités économiques diversifiées

La croissance réelle devrait osciller autour de 6% (3,1 % par habitant) à moyen terme. Du côté de l’offre, les secteurs secondaire et tertiaire contribueront de plus en plus à la croissance. Le secteur secondaire sera tiré par le secteur de la construction et de la transformation de la production agricole. Le secteur tertiaire se renforcera autour de flux commerciaux plus nombreux et à plus forte valeur ajoutée alors que le Bénin affirmera sa place de plateforme logistique régionale. Du côté de la demande, les principaux moteurs seront la consommation privée et l’investissement caractérisé par un passage progressif du financement public au financement privé. Les projections à moyen terme laissent entrevoir des réductions de la pauvreté au cours des trois prochaines années, dans un contexte de baisse de l’inflation.

Une croissance durable, visant à capitaliser sur la position stratégique du Bénin passe par la construction de corridors économiques, à même d’entraîner des synergies positives. Si la position privilégiée du Bénin dans la région a permis au secteur des transports de soutenir l’économie via un secteur tertiaire dynamique, il n’en reste pas moins que la plus-value qui lui est associée reste limitée. Sans ces évolutions, des routes commerciales ne passant plus par le Bénin pourraient être privilégiées pour desservir les pays de la sous-région. En revanche, des synergies positives sont possibles à condition de construire les conditions pour le développement d’activités économiques diversifiées et à plus haute valeur ajoutée sur les principaux axes de transports : les corridors économiques.

Des facteurs de risques à même d’impacter

En 2023, le déficit public devrait commencer à se consolider, passant de 5,5 à 4,3 % du PIB, sous l’effet de la baisse des dépenses et de l’augmentation des recettes. Sur le moyen terme, la consolidation budgétaire essentiellement basée sur l’augmentation des recettes devrait permettre de ramener le déficit public en dessous du critère de convergence régional de 3 % du PIB d’ici 2025. L’augmentation des recettes budgétaires observée depuis 2020 devrait se poursuivre, portée à la fois par l’augmentation des taxes perçues dans le commerce international et une plus grande mobilisation des recettes intérieures via un meilleur taux de collecte. Enfin, l’expiration d’un certain nombre de mesures de soutien temporaire contribueront également à la consolidation budgétaire sur la période 2023-2024.

Des risques potentiels susceptibles d’impacter les perspectives de croissance

L’encours de la dette publique et publiquement garantie (PPG) devrait diminuer progressivement à partir de 2023. Sur le plan extérieur, le Bénin cherche à donner la priorité aux ressources concessionnelles et semi-concessionnelles, majoritairement libellées en euros afin de limiter le risque de change dans le cadre de l’ancrage institutionnel de l’UEMOA. Un certain nombre de risques exogènes pourraient conduire, à court terme, à d’importants déséquilibres au niveau de la balance budgétaire et de la balance des paiements. Par conséquent, ils pourraient également impacter les perspectives de croissance, en ayant un impact plus important sur les personnes vulnérables ou en situation de pauvreté.

Source : Fraternité

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