Libération de Reckya Madougou et de Joël Aïvo: Finalement, qui fera fléchir Talon ?

Emprisonnés dans le cadre de la présidentielle de 2021, les opposants Reckya Madougou et Joël Aïvo continuent de croupir en prison. Malgré les appels de différentes personnalités dont des Chefs d’Etat de la sous-région ou encore les anciens dirigeants du Bénin à les faire libérer, Patrice Talon demeure visiblement indifférent. Au point de se demander qui pourrait encore le faire fléchir, si toutes ces grandes figures n’y sont pas arrivées.

10 et 20 ! Ce sont les nombres d’années d’emprisonnement auxquelles sont respectivement condamnés Joël Aïvo et Reckya Madougou. Si l’un a été jugé et condamné pour blanchiment de capitaux et complot contre l’État, l’autre a été reconnue coupable de terrorisme. Le dénominateur commun à ces deux cas d’emprisonnement, c’est la présidentielle de 2021. Autrement, ces deux figures de l’opposition béninoises et cadres émérites ont en son temps pris la décision d’affronter Patrice Talon, dans les urnes. Un courage qui leur a été donc fatal. Puisqu’en plus d’être recalés quant à ces joutes électorales, leurs déboires judiciaires caractérisés donc par ces condamnations n’ont laissé personne indifférent. Au plan national, les grandes institutions onusiennes en passant par les Chefs d’Etat de la sous-région, beaucoup de voix se sont élevé et continuent de s’élever. Ceci, dans le seul but de déprécier leur emprisonnement et de demander leur libération. Car pour beaucoup, loin des raisons trouvées et avancées comme éléments matériels, il s’agit d’un règlement de compte politique. Histoire donc de briser à jamais, leur carrière politique au Bénin. Ainsi, de Macky Sall du Sénégal à Faure Gnassigbé du Togo en passant par le groupe de travail dépêché par les Nations Unies au Bénin, tous plaident en off ou en on, pour la libération de ces figures politiques du pays. Mieux, des deux anciens Présidents de la République du Bénin à savoir Nicéphore Soglo et Boni Yayi aux anciens Présidents de la Cour constitutionnelle dont Robert Dossou et Théodore Holo sans même oublier la classe politique béninoise, le vœu demeure le même.

Mais sans gain de cause…

Seulement, le Chef de l’État qui après leur condamnation devient le dernier rempart pour leur sortie de prison semble toujours être désintéressé. Du moins, c’est le constat qui se dégage malgré tous ces appels du pied. Même s’il a fait voter une loi au parlement qui pourrait s’appliquer à ces deux détenus de ‘’luxe’’ et contribuer à leur relaxation, rien n’en est pour l’instant. Pendant que l’opposition demande à toutes les occasions la libération de leurs deux camarades entre autres, nul ne peut présager de cela. Dans cette condition où ses pairs de la sous-région, ses prédécesseurs et autres institutions internationales ont maintes fois demandé voire négocié la libération de Joël Aïvo et de Réckya Madougou sans gain de cause, l’on se demande à raison s’il y a encore quelqu’un pour faire entendre raison à Patrice Talon dans ce dossier devenu une nébuleuse pour son régime. Pour l’heure, il est difficile de le dire. Sachant que l’homme dans son passé d’opposant à Boni Yayi a bénéficié de l’intervention d’autres anciens et actuels dirigeants de la sous-région pour rentrer au pays quittant ainsi l’exil, il était pensable que son cœur pourrait en retour être touché. Toutefois, les proches de Joël Aïvo et de Reckya Madougou ne perdent toujours pas espoir. C’est à tout point de vue d’attirer à nouveau l’attention des autorités religieuses et morales sur le tournant décisif que constitue 2026, pour l’histoire politique du Bénin. Étant en partie au début, au centre et à la fin de tout processus concordant à la paix, il est évident que les lobbyings doivent continuer de leur côté, pour garantir une paix durable au pays. Et continuer à demander voire négocier la libération se ces deux personnages clés de l’histoire politique récente du Bénin est aussi un facteur de paix et de réconciliation. Tous ceux dont le pays a besoin actuellement.

J.G